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Shs Editions
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Le "Traité théologico-politique", l'un des deux seuls textes publiés de son vivant, est un jalon fondateur de la philosophie politique de Spinoza, oeuvre majeure qui a ébranlé les fondements de la pensée occidentale. Publié anonymement en 1670, ce traité subversif et visionnaire expose avec une rigueur mathématique les thèses révolutionnaires du philosophe.
Spinoza y défend ardemment la liberté de philosopher et d'interpréter les Écritures, s'opposant à l'emprise des autorités religieuses sur les esprits. Par une analyse historico-critique de l'Ancien Testament, il montre que la Bible est avant tout un récit des moeurs et de l'histoire du peuple hébreu, dont les préceptes peuvent être déduits par la seule lumière naturelle de la raison.
Mais le "Traité théologico-politique" va plus loin encore, en posant les jalons d'une séparation claire entre foi et raison, théologie et philosophie. Spinoza y affirme que la religion relève de l'obéissance et non de la vérité, et que seule la raison peut mener à la connaissance authentique de Dieu et de la nature.
Sur le plan politique, le traité se fait l'avocat de la démocratie et de la liberté d'expression, garantes de la paix civile. Tant que les opinions ne menacent pas la sécurité de l'État, chacun doit pouvoir penser et s'exprimer librement. Spinoza jette ainsi les bases de la laïcité et du libéralisme modernes.
Salué par les Lumières mais violemment attaqué par les autorités religieuses, le "Traité théologico-politique" reste un ouvrage sulfureux et puissant. Sa défense intransigeante de la liberté et sa critique de la superstition en font un classique incontournable de la Philosophie, à découvrir absolument dans les catégories Ouvrages de référence en sciences humaines, Essais et Pamphlets politiques. -
Avez-vous jamais été témoin de la fureur du bon bourgeois Jacques Bonhomme, quand son fils terrible est parvenu à casser un carreau de vitre ? Si vous avez assisté à ce spectacle, à coup sûr vous aurez aussi constaté que tous les assistants, fussent-ils trente, semblent s'être donné le mot pour offrir au propriétaire infortuné cette consolation uniforme : « À quelque chose malheur est bon. De tels accidents font aller l'indus- trie. Il faut que tout le monde vive. Que deviendraient les vitriers, si l'on ne cassait jamais de vitres ? » Or, il y a dans cette formule de condoléance toute une théorie, qu'il est bon de surprendre flagrante delicto , dans ce cas très simple, attendu que c'est exactement la même que celle qui, par malheur, régit la plupart de nos institutions économiques.
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Les pages qui suivent méritent un avertissement au lecteur contemporain. Bien qu'elles furent écrites par l'une des grandes figures de l'histoire des sciences occidentales, lauréat du Prix Nobel de Médecine en 1912, l'idéologie que cet ouvrage sous-tend par certains de ses aspects doit aujourd'hui, de façon tout à fait légitime et sans aucun détour, être pointée du doigt et remise en cause. Alexis Carrel y défend en effet l'eugénisme et plus généralement une vision racialiste de l'évolution humaine qui n'est plus acceptable. À une époque où le racisme n'était pas un délit et faisait l'objet d'un large consensus, y compris dans les cénacles intellectuels, les scientifiques ont reproduit le préjugé selon lequel un individu déviant socialement qu'il soit jugé fou, délinquant ou nuisible à la société ne pouvait être qu'un individu anormal biologiquement. Ce postulat eut des conséquences très graves avec notamment la mise en place au début du XXème siècle aux États-Unis d'une politique de stérilisation massive des déviants. Encore plus tragique, l'Allemagne nazie, dans son entreprise de « purification ethnique » pratiqua l'euthanasie de centaines de milliers de délinquants, malades mentaux, prostituées et clochards.
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Ce qu'un chrétien peut faire et ce qu'il ne peut pas faire
Léon Tolstoï
- Shs Editions
- 4 Avril 2023
- 9791041919215
Dans ce texte écrit en 1879 et à consonance très largement autobiographique, Tolstoï, en proie à une crise existentielle et mystique, déploie le paysage d'une âme séparée de Dieu, désertée par la grâce, seule face à l'obsession de la mort. Il est suivi d'un court texte qui montre l'aboutissement de cette crise, celui de transmettre le plus simplement possible le message épuré des Évangiles.
Extrait : Il y a dix-huit cents ans, Jésus-Christ révéla aux hommes une nouvelle loi. Par sa doctrine, sa vie et sa mort, il leur a montré ce que doit et ce que ne doit pas faire celui qui veut être son disciple.
Non seulement il ne faut pas tuer, mais il ne faut pas se mettre en colère contre son frère. Il ne faut mépriser aucun homme :
Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui tuera sera punissable par le jugement. » Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sans cause, sera puni par le jugement, et celui qui dira à son frère : Raca, sera puni par le conseil ; et celui qui lui dira : Fou, sera puni par la gehenne du feu. (Matth., V, 21, 22.) -
L'étude de l'âme enfantine avec ses difficultés caractérielles est à l'ordre du jour. Une abondante littérature psychopédagogique, des dispositions législatives concernant l'enfance délinquante, des enquêtes fréquentes des quotidiens et périodiques sur l'enfance malheureuse, des émissions radiophoniques éducatives, témoignent de l'intérêt suscité par ce sujet. Un grand nombre de consultations pour enfants difficiles, des Child Guidance Cliniques, essaient d'apporter aide à ces cas.
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« Depuis longtemps, j'ai été frappé de voir que le déroulement normal des grèves comporte un important cortège de violences ; quelques savants sociologues cherchent à se dissimuler un phénomène que remarque toute personne qui consent à regarder ce qui se passe autour d'elle. Le syndicalisme révolutionnaire entretient l'esprit gréviste dans les masses et ne prospère que là où se sont produites des grèves notables, menées avec violence. Le socialisme tend à apparaître, de plus en plus, comme une théorie du syndicalisme révolutionnaire, - ou, encore, comme une philosophie de l'histoire moderne en tant que celle-ci est sous l'influence de ce syndicalisme. Il résulte de ces données incontestables que, pour raisonner sérieusement sur le socialisme, il faut avant tout se préoccuper de chercher quel est le rôle qui appartient à la violence dans les rapports sociaux actuels. Je ne crois pas que cette question ait été encore abordée avec le soin qu'elle comporte ; j'espère que ces réflexions conduiront quelques penseurs à examiner de près les problèmes relatifs à la violence prolétarienne »
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Avec une grande clarté, Giuseppe Rensi expose les concepts et théories qui ont émaillé l'oeuvre de Spinoza. Pour cela, il n'adopte pas la distance du chercheur ou de l'exégète mais se glisse dans la peau du penseur pour en communiquer le point de vue essentiel. Il pose après lui les grandes questions métaphysiques, toujours d'actualité : Qu'est-ce que l'être???; Quelle perception avons-nous de la réalité???; Est-ce que la nouveauté existe?? Rensi s'attache à nous rendre accessible la pensée du philosophe hollandais en démontrant la cohérence de ses différentes thèses, qu'elles soient métaphysiques, anthropologiques, morales ou politiques. La définition de l'Être comme substance éternelle est le point de départ d'une trajectoire dont les contradictions ne sont qu'apparentes. En tentant de les résoudre, Rensi nous propose une réflexion philosophique à part entière en livrant son interprétation personnelle des apports du penseur hollandais. Il va même jusqu'à impliquer directement le lecteur dans sa réflexion en ancrant la philosophie de Spinoza dans l'expérience. Le souci pédagogique de l'auteur, son recours à des images et des analogies, son enthousiasme même, dynamisent et rendent actuelle la pensée de Spinoza.
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Réflexions sur les grands Hommes qui sont morts en plaisantant
André-françois Boureau-deslandes
- Shs Editions
- 26 Novembre 2023
- 9791041954872
Il est difficile de déterminer au juste le goût qui règne aujourd'hui dans le monde. Quelque bizarre qu'il soit, un Auteur est obligé de s'y conformer, quand il veut plaire au Public. On est déjà las des Livres écrits dans le style de Monsieur de la Rochechefoucault, ou de Monsieur de la Bruyère ; je veux dire, de ceux qui ne contiennent que des maximes détachées ou des réflexions morales. Les Ouvrages de galanterie, & en général toutes les Histoires qui ont l'air de Roman, n'ont plus de cours ; on commence à préférer la Vérité aux vraisemblances les plus flatteuses & les plus agréables.
Je sais que l'étude de la Philosophie est maintenant fort à la mode. Tous ceux qui combattent nos préjugés, ou qui éclaircissent une matière abstraite, sont bien reçus, du moins par les Lecteurs intelligents Les plus beaux efforts de l'esprit humain sont ceux qui tendent à perfectionner notre Raison. Pour moi, je me suis senti trop faible à la vue d'un travail si considérable, & j'ai tâché de mériter par une autre voie l'approbation du Monde savant. On ne dédaigne pas aujourd'hui un heureux mélange d'érudition & de critique, pourvu que ce mélange soit également éloigné de l'aridité des Compilateurs, & de l'affectation du Pédantisme. Voilà le milieu que j'ai cru devoir tenir, pour donner à cet Ouvrage un air d'élégance & de vivacité. On trouvera ici des endroits qui paraîtront peut-être chargés d'un trop grand nombre de citations : j'avoue que c'est un mal, mais un mal inévitable mérite d'être excusé. La nature du sujet a voulu que je me servisse du témoignage de plusieurs Auteurs anciens & modernes, je leur ai fait parler leur Langue naturelle, quand j'ai cru ne pouvoir conserver en Français les grâces & la beauté de l'original. L'Urbanité des Romains & l'Atticisme des Grecs sont des choses qui s'altèrent facilement par une traduction : il faut être aussi sûr de son génie que l'était feu Monsieur d'Ablancourt, pour entreprendre de naturaliser les Apophtegmes des Anciens. Comme je n'ai pas travaillé à ce Livre dans le dessein de toujours badiner, ou de toujours parler sérieusement, j'espère qu'on y trouvera une assez grande variété. Oserai-je le dire, j'ai affecté un certain désordre dans l'arrangement des matières, afin de les rendre plus neuves & plus égayées. Une régularité trop scrupuleuse déplait & ennuie à la fin ; mais un peu d'embarras étonne l'imagination, & l'invite à fixer sa légèreté naturelle. Il y a des points de vue qu'on ne cherche que pour trouver des objets dont la diversité soit pleine de bizarreries, l'Art même vient souvent au secours de la nature, pour augmenter un si agréable désordre, & pour le faire mieux sentir. -
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Ce fut une révélation, et je ne ferai pas pour cette fois le cahier que je me réservais, que je m'étais promis d'écrire des quatre années de cette législature ; ce sera pour une autre fois, et, comme d'habitude, cette autre fois ne viendra jamais sans doute; cahier d'ensemble et de retour, un cahier de résumé, un petit résumé d'histoire contemporaine à l'usage des dauphins patients, où je me proposais d'assembler, d'organiser, de me remémorer, dans un certain ordre, plusieurs études qu'il me semblait indispensable de poursuivre, ou de commencer, pour le commencement de cette septième série, études portant elles-mêmes, comme il faut, sur le mouvement politique et social depuis le commencement de cette Chambre, et particulièrement, comme on s'y attendait, depuis le commencement du combisme.
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Le Destin (du verbe destiner) est, selon les fatalistes, l'enchaînement nécessaire et inévitable des événements qui se succèdent sans interruption.
D'après les anciens, le Destin donne à chaque individu, au moment de sa naissance, la part de bien ou de mal qui lui revient, sans change- ment possible. Ses conditions étaient réglées d'avance par les grandes divinités. Celles-ci, presque impuissantes à modifier sa marche et ses manifestations, le subissaient aussi dans une certaine mesure : « Zeus lui- même était soumis au destin. » -
Leibniz (Gottfried Wilhelm) naquit à Leipzig, le 1er juillet 164G, quatre ans avant la mort de Descartes. Il perdit à l'âge de six ans son père, Friedrich Leibniz, professeur de philosophie morale et greffier de l'Université de Leipzig. Il ne marqua, dit Fontenelle, aucune inclination particulière pour un genre d'étude plutôt que pour un autre. Il se porta à tout avec une égale vivacité ; et comme son père lui avait laissé une assez ample bibliothèque de livres bien choisis, il entreprit, dès qu'il sut assez de latin et de grec, de les lire tous avec ordre, poètes, orateurs, historiens, jurisconsultes, philosophes, mathématiciens, théologiens. Il sentit bientôt qu'il avait besoin de secours ; il en alla chercher chez tous les habiles gens de son temps, et même, quand il le fallut, assez loin de Leipzig.
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Pour toute préface aux Dialogues sur l'Eloquence, je me bornerai à transcrire l'opinion que Cicéron avait lui-même de son oeuvre. Je crois qu'il serait difficile de porter sur elle un meilleur jugement.-Ainsi, écrivant à Lentulus, après lui avoir fait quelques réflexions sur l'état présent de la république, sur sa position personnelle, sur ses travaux littéraires et les ouvrages qu'il a terminés, il ajoute: «J'ai également composé, d'après la méthode d'Aristote, telle a été du moins mon intention, trois livres de discussions ou de dialogues sur l'orateur, que je ne crois pas sans utilité pour votre fils, Lentulus; ils s'éloignent, en effet, des préceptes ordinaires, et comprennent tout ce que les anciens, je veux dire Aristote et Isocrate, on écrit sur l'art oratoire.»
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Souvenirs d'un hugolatre la generation de 1830
Augustin Challamel
- Shs Editions
- 23 Mai 2023
- 9791041815456
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De multiples travaux scientifiques ont merveilleusement mis en lumière la théorie du transformisme, cette théorie qui constate ce fait que, dans la nature, rien n'est immobile ou immuable, que tout évolue, se modifie, se transforme. Il a paru intéressant à des esprits studieux de rechercher si cette loi d'évolution trouve son application dans le monde des idées et il semble d'ores et déjà établi que l'idée - comme la matière - traverse une incessante succession d'états et perpétuellement se métamorphose. Si l'on admet que l'idée n'est elle-même qu'un reflet interne de l'ambiance, qu'une adaptation au tempérament de chacun des sensations reçues, des impressions ressenties, dire que, dans l'a nature, tout se trans- forme, c'est, du même coup, avancer que l'idée - aussi bien que toute chose et de la la même façon - est soumise aux lois du transformisme. Mais comme, dans beaucoup d'esprits, il y a doute à l'égard des origines matérielles de toute idée, j'ai pensé qu'il y aurait utilité à contrôler l'exactitude de cette thèse qui assimile l'idée à l'être organisé, en appliquant à une idée donnée une rigoureuse observation et j'ai fait le choix de l'idée religieuse, tant à cause du rôle considérable qu'elle a joué dans le passé, que de la place par elle encore occupée dans nos préoccupations, qu'en raison du réveil clérical auquel nous assistons. Tout être organisé naît, se développe et meurt.
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Mon cher « Populo », Vous me faites un grand honneur et un grand plaisir en me demandant d'écrire une préface pour vos Causeries.
Non pas que j'aie l'intention de vous prendre au mot. Une préface à un tel volume ! Pourquoi ? A quoi bon ?
Me voyez-vous m'évertuant à démontrer l'unité de ces morceaux épars, ou bien à réduire en corps de doctrine tou- tes ces fantaisies, ces boutades, ces libres saillies où la raison même ne parle qu'en éclats de rire ? Vrai, m'avez-vous cru capable d'un pareil contresens ?
Vous avez voulu tout autre chose, et c'est de quoi je vous sais gré.
Au moment de publier ce recueil d'instantanés scolaires, vous avez jeté un regard en arrière. Vous avez revu tout un passé. Vous vous êtes souvenu du temps où nous étions, vous et moi, dans la même administration, et déjà d'accord sur la manière d'entendre nos fonctions officielles. Un troi- sième nom faisait le trait d'union entre les nôtres. Hélas ! Forfer n'est plus là, lui qui n'eût cédé à personne le plaisir de présenter vos articles au public primaire. Et c'est à moi que vous avez songé pour dire à sa place un peu de ce qu'il aurait dit avec tant de verve, de bonne humeur et d'autorité.
Oui, votre petit livre - et ce sera, certes, à vos yeux en faire le plus bel éloge - est dans la ligne et dans le ton de Forfer. L'inspecteur primaire était de la même famille d'esprits que son inspecteur d'académie. L'un comme l'autre appartenait dès longtemps à cette Université « révolutionnaire » qui osait croire qu'avec la République devait naître l'administration républicaine. Comme lui, vous aviez été de cette poignée d'universitaires qui, du premier coup, entrevoyaient pour l'Université des moeurs nouvelles, une nouvelle notion de l'autorité, un autre prestige que celui du pouvoir personnel, une autre discipline que celle de la caserne, bref, tout un bouleversement des traditionnelles relations hiérarchiques. A l'exemple d'un grand ministre dont les audaces effraient un peu aujourd'hui, vous pensiez - laissez-moi dire : nous pensions - que l'enseignement primaire peut devenir « toute une éducation et une éducation libérale » ; que, « seuls, des hommes libres peuvent former un peuple libre », et qu'à des éducateurs de liberté, il faut « faire une large part de self government ». -
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« Regardez ce qu'ils font d'Haïti qu'on leur a rendue... après que les blancs leur ont inculqué les progrès de la civilisation. » C'est d'un vieil article du Matin, de Stéphane Lauzanne, que j'extrais cette phrase... Et d'abord on ne nous a pas rendu Haïti, nous l'avons quelque peu reprise. On ne nous avait non plus inculqué aucune civilisation. On avait établi dans l'île un épouvantable bagne de cinq cent mille ilotes, ne re- levant absolument que du bon plaisir de leurs maîtres. On ne peut vraiment appeler cela une maison d'éducation. Il n'est pas moins certain que c'est de ce bagne que sortit l'indépendance du pays, ce qui suppose, malgré tout, que ces esclaves avilis et dégradés pouvaient concevoir et mener à bonne fin, en dépit de leur origine, un assez grand des- sein... II faut même dire le plus grand dessein qu'il soit possible de concevoir, puisque la liberté est le premier des biens. Ce n'était pas trop mal, en vérité, pour des larves d'hommes. Et je doute que les blancs eussent mieux fait dans la circonstance que les nègres ne firent en 1804 à Saint- Domingue.
Mais là n'est peint la question. Ce sont d'autres, réflexions que me suggère ce vieux filet que je viens de citer.
Quand on veut dénigrer le noir, il est de cliché de s'écrier, tout comme M. Stéphane Lauzanne : « Voyez Haïti ». Je prétends, moi, que c'est injuste et qu'on voit mal Haïti. On la voit avec des yeux prévenus. C'est là une légende de pacotil- leurs-littérateurs cultivant, à défaut de mieux, le charivari et le comique. Elle a la vie dure. Mais la vérité est autre. Elle est tout l'opposé de la légende.
Si on veut bien juger un pays, le meilleur guide est l'étranger qui y a vécu, qui l'a étudié dans ses moeurs, dans ses usages, qui ne l'a pas vu en passant, et surtout qui n'y est pas venu avec une thèse toute faite, à laquelle, coûte que coûte, il adaptera le peuple qu'il visite... Eh bien ! j'affirme qu'aucun étranger qui a habité l'île quelques années ne la quitte qu'avec le plus grand regret et très souvent, presque toujours il y revient pour finir sa vie.
Non, la civilisation n'est point bannie de notre sol. Elle y est suffisante, sans excès, sans les ennuis qu'elle suscite par- fois ailleurs. Car ce n'est pas seulement la beauté des sites, la splendeur d'une terre toujours en puissance de création qu'il faut admirer. Il faut y savourer aussi la douceur de vivre sans soucis, dans un labeur facile, dans un milieu où, avec peu d'argent, il est courant de se donner l'assurance d'un pseudo-seigneur, servi par une domesticité fidèle et abondante. C'est peut-être assez terre-à-terre. Ce n'est pas moins très appréciable.
Pourtant, dira-t-on, comment concilier ce tableau flatteur avec vos perpétuelles révolutions ? -
J'ai conté, dans Quinze ans de combat , comment la guerre mondiale avait été pour nous, intellectuels (une poignée d'intellectuels ) une école obligatoire d'éducation politique. École élémentaire : car nous avions tout à apprendre. Les intellectuels grandissent englués dans une idéologie, qui est plus ou moins riche et nuancée, mais toujours dévidée des entrailles de l'esprit, comme le fil de l'araignée, et, bien moins que lui, capable de s'agripper aux arêtes du réel. Il se peut que cette idéologie ait été, au temps Jadis, la synthèse ou la raison finale, arbitrairement dégagée, d'actes et d'expériences antérieurs ; mais elle n'a plus, depuis longtemps, pris la peine de se contrôler au mouvement incessant de la réalité en marche ; elle continue de désigner, imperturbablement, des formes de la pensée sociale, qui sont contradictoires et souvent négatrices de la pensée première, depuis longtemps trahie, Imperturbablement, elle aide à la trahison, en couvrant de sa robe toute cette confusion. Et l'on ne saurait dire ce qui, dans l'équivoque de cette idéologie inadaptée au réel, procède davantage de la force d'inertie inhérente au poids mort du passé que traîne après lui l'esprit, ou de la ruse à ne pas voir ce qui le contraindrait à un nouvel effort, afin de s'en dégager. Ajoutons tous les risques, qu'entraîne une vue nouvelle de la société. Car voir oblige à agir. Et agir est périlleux, aux âges des grandes mutations .C'est pourquoi notre génération d'intellectuels français a trouvé, parmi nos aînés, si peu d'aide à sortir de l'enchevêtrement des idéologies à double et triple faces. Bien plutôt, ces aînés, ainsi que pendant la guerre les maîtres de l'intelligence, se sont-ils acharnés à nous y emprisonner. Il a fallu faire seuls notre trouée, au travers. Et ce fut une rude tâche. Nous nous y sommes ensanglantés .
Nous étions des novices.... -
Le Jardin d'Épicure : Édition revue et corrigée
Anatole France
- Shs Editions
- 14 Mars 2023
- 9791041947577
Anatole France fut académicien, prix Nobel et enterré lors de funérailles nationales ; il fut donc académique, bien pensant et institutionnel : voilà pour le préjugé qui sévit parfois.
Or le lire, c'est découvrir un écrivain anticonformiste, acéré et ironique, amoureux de l'intelligence et de l'érudition. Aphorismes, dialogues, textes courts, lettres réelles ou imaginaires, Le Jardin d'Epicure est un résumé composite, conçu par Anatole France lui-même, de sa vision du monde, empreinte de sagesse et surtout d'une ironie d'une finesse inégalée. Humaniste mais désabusé, sympathisant socialiste mais parfois sombre et pessimiste, ardent dreyfusard - seul académicien à l'être, il entraînera Proust, qui le fréquenta souvent, dans la cause - ce faux dilettante, érudit et adorateur des livres, se révèle aussi dans cet ouvrage un philosophe clair, limpide presque, davantage héritier de Montaigne, Voltaire et Vauvenargues que de Victor Cousin ou Auguste Comte, davantage préoccupé des leçons de la vie que de celles de l'école.
Son style alerte, son ironie brillante et sa hauteur de vue n'ont pas pris une ride. Bref, il est temps de redécouvrir Anatole France dont la pensée et l'écriture, si elles ne sont pas celles d'un moderne sont sans doute plus actuelles que beaucoup d'autres pour un temps mieux considérés. -
Il est temps sans doute de redonner son sens et sa vérité à la notion d'engagement, élaborée par Mounier aux environs de 1930 et dont risque de s'écarter toute une partie de la jeunesse, faute de la bien entendre. Il est vrai que le directeur d'Esprit a peu à peu édifié sa philosophie au contact de l'événement, il est vrai que, quoique à la fois mystique et réaliste de tempérament, il s'est de plus en plus intéressé à la politique et a créé dans sa revue la chronique de la pensée engagée - aussi bien d'ailleurs dans la vie privée que dans la vie publique. Mais toujours il a jugé ses engagements, restant libre dans l'action et réunissant en lui, comme le de- mandait Rauh, le double caractère du savant et du militant.
Emmanuel Mounier, né le 1er avril 1905 à Grenoble et mort le 22 mars 1950 à Châtenay-Malabry, est un philosophe catholique français, fondateur de la revue Esprit et à l'origine du courant personnaliste en France. -
Autobiographie : Naissance de l'évolutionnisme libéral Chapitres I à XIX
Herbert Spencer
- Shs Editions
- 15 Mars 2023
- 9791041947751
Herbert Spencer, né le 27 avril 1820 à Derby et mort le 8 décembre 1903 à Brighton, est un philosophe et sociologue anglais. Son nom est associé à l'application des théories de Charles Darwin à la sociologie, et donc au darwinisme social, même si les partisans de ces théories rejettent ce terme, lui préférant celui de spencérisme. Il popularise par ses publications l'idée d'évolution et de survie des plus aptes (survival of the fittest).
Avant-propos par Herbert Spencer Chapitre I : Origines et grands-parents Intérêt relatif des généalogies. Tendances générales de la famille Spencer. Le grand-père d'Herbert Spencer. Oncles et tantes : leurs caractères. Traits communs Chapitre II : Parents William George Spencer. Son caractère. Souvenirs qu'il a laissés. Ses originalités. Harriet Holmes : ses caractéristiques mentales.
Chapitre III : Enfance et jeunesse (AET. 1-13) Souvenirs d«enfance. Impressions. Liberté extrême. Promenades, distractions. Châteaux en Espagne : leur utilité. Caractère. Mépris de l'autorité. Zoophilie. Résultats de la première éducation. « Aide-toi toi-même ». La notion de causation naturelle -
Autobiographie : Naissance de l'évolutionnisme libéral Chapitres XIX à XXXIV
Herbert Spencer
- Shs Editions
- 15 Mars 2023
- 9791041947768
Herbert Spencer, né le 27 avril 1820 à Derby et mort le 8 décembre 1903 à Brighton, est un philosophe et sociologue anglais. Son nom est associé à l'application des théories de Charles Darwin à la sociologie, et donc au darwinisme social, même si les partisans de ces théories rejettent ce terme, lui préférant celui de spencérisme. Il popularise par ses publications l'idée d'évolution et de survie des plus aptes (survival of the fittest).
Une visite. Herbert Spencer confié à son oncle Thomas. Un désespoir d'enfant. Une évasion. Tout s'arrange. Les études d'Herbert Spencer. Une discussion sur l'inertie. Qualités et défauts. Le premier écrit d'Herbert Spencer. État physique et corrélations morales. Réflexions sur la première éducation, ses avantages et ses défauts Chapitre V : Un faux départ. Spencer devient ingénieur (AET. 16-20) Quelle carrière adopter ? La Pédagogie : le pour et le contre. Réflexions sur ce que doit être l'éducateur. Offre d'une place dans les chemins de fer, Souvenirs sur les débuts des chemins de fer. Fonctions d'Herbert Spencer. Ses distractions, ses lectures. Projets d'inventions. Milieu et camarades. Le danger de porter des pronostics. Les maladresses de Spencer. Son esprit critique. Inventions déjà faites. Idées religieuses