Kime
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L'immense Système de politique (1851-1854) de plus de 2000 pages en 4 volumes est moins connu que la philosophie des sciences du fondateur du positivisme. Celle-ci n'a été qu'un préalable au questionnement que le philosophe a initié dans sa jeunesse : quelle politique pour l'âge de la science et de la révolution industrielle ? N'y a-t-il pas changement dans la nature du pouvoir ? Convient-il de mettre les savants et les ingénieurs à la tête de la société ? Que retenir de la philosophie politique ancienne et moderne, d'Aristote à Hobbes ? Comment terminer, c'est-à-dire à la fois accomplir et clore la Révolution française ?
La philosophie politique comtienne est résolument novatrice : séparation des pouvoirs spirituel et temporel, place de la morale, dépérissement de l'État, rôle des prolétaires et des femmes dans la vie politique.
Une postface fera le tableau des postérités contrastées de cette philosophie politique. En effet s'en réclament les éducateurs laïques de la IIIe République (Littré, Ferry), l'ultra droite maurrassienne, les États d'Amérique latine au XIXe siècle, en particulier le Brésil (qui a mis sur son drapeau la devise de Comte, Ordre et progrès), le radicalisme philosophique (Alain) et le républicanisme français en général. -
Walter Benjamin à l'ère du monde digital
Bruno Tackels
- Kime
- Philosophie En Cours
- 21 Octobre 2022
- 9782380720792
Walter Benjamin est le penseur de la reproductibilité technique au XXe siècle, et il nous a donné de nombreuses pistes de lecture pour comprendre ce que la technique fait et défait dans nos sociétés industrielles fondées sur l'exploitation de l'autre. Déclin de l'aura, disparition de l'original, exposition généralisée, vulgarisation, performance, émergence de la star et du dictateur, choc, contrôle des masses et émancipation, il nous laisse un précieux viatique de fragments, célèbres ou méconnus, qui nous permettent de poser cette question : Comment appréhender le monde digital qui est en train de révolutionner notre siècle ? Dans cet essai, nous faisons l'hypothèse, soufflée par Benjamin lui-même, que nombre de ses intuitions fulgurantes, suscitées par l'essor de la photographie et l'irruption du cinéma, puis de la radio, sont restées en sommeil à son époque, et se réveillent maintenant à la faveur de l'irruption du monde digital. La logique de l'accessibilité mondiale prend racine dans le monde de la reproductibilité mécanique et en révèle le sens. De la même façon que le philosophe a pris au sérieux la technique de la radiodiffusion, au point de devenir lui-même réalisateur d'émissions à la fin des années 20, nous proposons de relire ses textes à l'aune d'une observation matérialiste du monde numérique, où chaque lecteur est en train de devenir auteur et producteur, témoin de sa propre existence en voie de dédoublement. Que se passe-t-il vraiment avec l'appareillage de numérisation du monde ? Quels en sont les effets, non seulement sociétaux, mais politiques ? Et que penser aujourd'hui de la stratégie benjaminienne de la flânerie, « protestation contre la division du travail », à une époque où celui-ci est en voie d'extinction.
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L'idée qui a donné naissance à ce livre était d'écrire non seulement une biographie la plus complète possible de l'auteur des Pensées mais aussi de présenter en contrepoint l'ensemble de ses oeuvres, quelle qu'en soit la nature (scientifique, philosophique, mystique...). Sur les pas de Blaise Pascal entend ainsi combler un manque car s'il pouvait exister des biographies de ce dernier, au demeurant peu nombreuses et souvent lacunaires, ou des présentations de ses oeuvres, il n'existait pas de livre qui réunissait les deux. Ce livre s'attache à répondre à deux exigences : d'une part, être le plus rigoureux possible dans la présentation chronologique de la vie de Pascal et de ses différents écrits en s'appuyant sur les sources les plus sûres ; d'autre part conférer à cette présentation le caractère d'une narration littéraire. Science et lettres unies pour donner vie à la vie de Pascal. Éviter le romanesque, les affirmations erronées qui n'ont d'autre but que donner de l'auteur l'image que l'on voudrait qu'il eût, mais éviter aussi la reconstitution d'une vie de manière froide, accumulant des dates sans laisser vibrer le vécu intérieur. L'histoire de Blaise Pascal, comme l'histoire de ses écrits, s'inscrit dans celle de sa famille, de son milieu et du Grand Siècle. Peindre la vie de l'auteur des Pensées, c'est ainsi faire apparaître les événements de son temps qui en constituent l'arrière-plan. C'est aussi cheminer près de tous les lieux où il a séjourné, depuis la rue des Gras à Clermont-Ferrand jusqu'à ses différentes habitations parisiennes en passant par la ville de Rouen, emprunter les pentes du puy de Dôme ou revenir à la tour Saint-Jacques, s'imprégner de l'espace et du temps où il a vécu. En allant sur les pas de Blaise Pascal, le lecteur peut découvrir une vie d'une remarquable exigence et d'une vraie grandeur, centrée sur la vérité et l'amour qu'il mettait au-dessus de tout.
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L'intervalle du pouvoir : postérité politique de Maurice Merleau-Ponty
Jérôme Melançon
- Kime
- 15 Avril 2022
- 9782380720587
Tant par son oeuvre politique importante que par le potentiel créateur de son travail sur la perception, l'expression et l'ontologie, Maurice Merleau-Ponty a exercé une influence peu remarquée sur la pensée politique française. Aux lectures des Aron, Sartre et Lefort qui ont déterminé la compréhension et le sens politiques de l'oeuvre de Merleau-Ponty s'ajoute une postérité immédiate chez ses contemporains. Colette Audry, Tran Duc Thao, Jean-Toussaint Desanti, et Frantz Fanon furent marqués par leur proximité à Merleau-Ponty tout autant que par ses écrits, reprenant chacun une attitude à leur propre compte. Une postérité silencieuse, quelque peu différée, se remarque chez Cornelius Castoriadis, Françoise Collin et Jean-François Lyotard, qui construisirent leurs pensées dans une rupture créative avec celle de Merleau-Ponty. Enfin, la postérité politique de Merleau-Ponty se fait sentir dans le moment qui nous est contemporain : Vincent Peillon, Marc Crépon et Luce Irigaray reviennent ici sur leur relation à sa philosophie et sur ce qu'elle permet de penser. À travers ces postérités, les contributrices et contributeurs de cet ouvrage se penchent ainsi sur les questions de l'engagement militant et philosophique, de la relationalité et de l'altérité, de la racisation et des émotions, du corps et de la parole, de la vie esthétique, l'ontologie et la révolution, le républicanisme, le conflit et les épreuves historiques, ou encore le toucher et la culture politique.
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Rabelais et la philosophie : poeta sitiens, le poète assoiffé
Bruno Pinchard, Yoann Dumel-vaillot
- Kime
- 18 Mars 2022
- 9782841749836
Rabelais ne parle pas que des mots, il désigne des choses. Il se noue une intrigue au coeur de l'oeuvre de Rabelais qui pourrait retenir l'attention des philosophes, pour peu qu'ils se souviennent de la vie des choses, au risque de leur obscénité. L'encyclopédie rabelaisienne n'est pas seulement un monde de signes empilés pour le seul plaisir de la dissémination. Le moine indigne et le voyageur masqué, le médecin au grand coeur et le savant sévère n'ont pas encore livré tous leurs secrets, malgré des siècles de commentaire. Il était naturel que quelques Pantagruélistes se donnent un temps de réflexion autour de la « fine follie » revendiquée par le pronostiqueur de toutes les Renaissances de l'esprit. Quel étonnement alors si le fameux bateleur devient notre Présocratique, notre Architecte, notre Réformateur?
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La musique comme chemin d'existence et pour la penser... En effet, les moments d'intervention de la musique, de toutes les musiques, au fil des jours et au long de la vie ne manquent pas d'être signifiants. Ils instruisent autant sur la musique elle-même que sur la pensée et sur l'existence. Il serait prétentieux d'en produire une théorie générale. Toutefois, la voie de la chronique, jour après jour, aura tissé des fils permettant de s'attarder sur le sens, nécessairement ponctuel et subjectif (chacun pourra substituer son écoute et ses pratiques propres), de l'Adieu en musique, des affinités qu'elle manifeste et peut-être révèle, de ses rapports avec telle image ou peinture, plus étonnamment avec la photographie, avec le son en général, la vérité ou encore le style. On verra aussi comment la musique s'entend dans le rêve et comment elle nous porte à considérer les animaux. Des oeuvres, des musiciens, et quelques philosophes et écrivains s'imposeront (Le Voyage d'Hiver, Le Boléro, Le Sacre du Printemps, Pelléas ; Haydn, Schubert, Mahler, Chostakovitch ; Descartes, Nietzsche, Adorno ; Goethe, Gerhard Meier, Sandor Maraï...).
C'est pourtant davantage une vie dans la musique et par elle que la théorisation sur la musique qui inspire chacun des textes présentés ici. En s'efforçant de relever et de piquer leur objet, donc en le séparant et le thématisant staccato, peut-être la chance sera-t-elle donnée d'entrevoir l'existence dans sa continuité, legato.
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REVUE TUMULTES n.47 : Utopia Nova, la démocratie, radicalement
Collectif
- Kime
- Revue Tumultes
- 8 Novembre 2016
- 9782841747702
Il y a exactement un demi-millénaire paraissait à Louvain la première édition de l'Utopie : Libellus vere aureus, nec minus salutaris quam festivus de optimo rei publicae statu, deque nova insula Utopia. Peu d'ouvrages auront autant marqué l'histoire. On pourrait égrener l'interminable liste d'épigones de Thomas More qui, par des voies multiples, ont couché sur papier le récit d'un ailleurs. Mais il suffit, pour illustrer l'influence incommensurable de cet ouvrage, de relever que son titre - un néologisme inventé par More - est passé dans le lexique ordinaire de la plupart des langues humaines. L'Utopia du voyageur Raphaël Hythlodée est devenue l'utopie de tout un chacun. Elle s'est ancrée dans le langage, par définition partagé. Le nom propre est désormais nom commun. Comment le privilège d'un aventurier des mers est-il devenu un bien commun de l'humanité ? Comment l'utopie est-elle passée des mains de quelques privilégiés à celles de tous au point de devenir le ressort politique du démos ? L'égalité est la condition fondamentale de Utopia. De Thomas More, il nous faut retenir cette leçon si souvent négligée : sans égalité, pas d'utopie ! Ni de démocratie. Pourrait-on alors concevoir l'idée démocratique autrement que portée par l'esprit utopique ? Et pourrait-on imaginer démocratie radicale si ce n'est dans l'horizon utopique ouvert par cet esprit d'égalité ?
Cette livraison de Tumultes explore les voies de cette démocratisation de l'utopie démocratique. Loin de postuler l'harmonie entre utopie et démocratie, elle s'engage plutôt dans une recherche sinueuse de leurs possibles rapprochements en restant lucide sur leurs éventuelles incompatibilités. En associant la démocratie radicale à l'utopie, il ne s'agit pas de prouver que l'une contiendrait déjà l'autre dans son concept pour « découvrir » entre elles gouvernance et de juridisme auto-légitimé qui prétendent épurer le champ social de ses conflits et de ses poches d'altérité. Contre les diverses formes de domination, d'oppression et d'exploitation, utopie et démocratie radicale veillent de concert à laisser apparaître et s'exprimer les populations déterritorialisées, minoritaires, marginalisées et alternatives - ces bandes parcourant d'autres contrées du possible. Toutes deux puisent ainsi leurs lieux et expériences propres aux marges du pouvoir, dans des communautés qui ne s'intègrent pas à la société normalisée ni ne se soumettent aux codifications hégémoniques, dans des univers de sens reconfigurant le pensable, le dicible et le faisable. Pour autant, leurs procédés, leurs espoirs et leurs paysages ne doivent pas dissimuler leurs différences.
Une heureuse continuité. Il s'agit plutôt d'explorer les intersections et les tensions qui traversent deux séries d'expérimentations, de pratiques et d'idées politiques et sociales.
Toutes deux se démarquent clairement des logiques de paisible consensus, de bonne
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Hegel, une pensée de l'objectivité
Guillaume Lejeune, Jean Renaud Seba
- Kime
- 20 Octobre 2017
- 9782841747986
Ce que la postérité a retenu de Georg Wilhelm Friedrich Hegel tient en une formule simple et cependant énigmatique : Hegel aurait prétendu achever la métaphysique en instituant un « idéalisme absolu ». Or, dans son oeuvre publiée (pour ne rien dire de ses cours), Hegel consacre des développements très détaillés à l'objectivité et à la connaissance empirique. Cela est vrai de la Logique, de la Philosophie de la Nature et de la Philosophie de l'Esprit.
Il s'en suit une série de questions. Que signifie l'expression « objectivité de la pensée » chez Hegel ? S'agit-il de l'objectivité visée par la pensée ou de la réalité objective de la pensée ellemême ? Le génitif est-il objectif ou subjectif ? Et s'il était à la fois l'un et l'autre ? A partir de ces questions, il s'agit de comprendre l'idéalisme hégélien dans son rapport au monde et d'interroger son actualité.
Tels sont les enjeux qui sont au centre des Actes du colloque international "Hegel : une pensée de l'objectivité" organisé à Liège en novembre 2015 et auquel des intervenants comptant parmi les meilleurs spécialistes de Hegel ont pris part.
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Cognition et ordre social chez Sieyès ; penser les possibles
Jacques Guilhaumou
- Kime
- 17 Mai 2018
- 9782841748921
Après la publication d'une biographie intellectuelle de Sieyès, sous le titre Sieyès et l'ordre de la langue (Kimé, 2002), le présent ouvrage sur Cognition et ordre social chez Sieyès. Penser les possibles s'intéresse à la conception sieyèsienne du travail de l'esprit social et politique. il situe d'abord l'invention du mot « sociologie » par Sieyès dans le contexte historique et intellectuel des années 1770-1780, caractérisé par l'ampleur de la conflictualité sociale et une nouvelle manière d'observer la société. Prenant en compte conjointement les écrits manuscrits et les publications imprimées de Sieyès, cet ouvrage précise ensuite ce que peut et doit être l'ordre politique selon Sieyès, avec en son centre la figure du législateur. Il en ressort une manière nouvelle de penser les possibles et leurs opérativité sociale au sein du tout politique.
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Spinoza et la politique de la multitude
Pierre-François Moreau, Sonya Lavaert
- Kime
- 14 Mai 2021
- 9782380720099
Violence, domination, inégalité, tyrannie et insurrections?: la réflexion de Spinoza sur le droit et la politique ne se limite pas au pacte social, ni à la liberté de philosopher. Il ne s'agit pas seulement de dresser la liste des droits respectifs du souverain et des sujets, dans le sillage des théories du droit naturel. Déjà Althusser avait rapproché Spinoza de Marx et Alexandre Matheron avait montré le rôle essentiel des passions dans la Cité et ses transformations. Toute une génération de chercheurs s'est interrogée ensuite sur les notions par lesquelles se pense ce devenir?: foule, peuple, nation, mais aussi multitude. C'est ce dernier terme surtout qui concentre le mieux une pensée de l'initiative historique des citoyens et de leur puissance collective. Il restait à en tirer les conséquences sur les rapports entre individu et multitude, sur les relations de la pensée spinoziste avec Machiavel, Grotius et Hobbes, sur l'attitude de Spinoza envers révolution et conservation, résistance, assimilation et intégration, citoyenneté, désobéissance et révolte. Autant de thèmes qui sont développés ici, à travers la lecture renouvelée de L'Éthique, du Traité théologico-politique, et du Traité politique.
Le volume s'achève par un entretien avec Toni Negri, qui fut le premier, dans son livre L'Anomalie sauvage, à mettre en lumière l'importance et le rôle de ce concept. Il y fait le bilan de son propre itinéraire et des discussions qu'il a suscitées.Grand format 25.00 €Indisponible
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Entre technique et politique : l'invention de la photographie
Juliette Grange
- Kime
- 18 Février 2022
- 9782380720488
Au XIXe siècle en Europe, la capacité à fixer techniquement les images va changer la culture et les sociétés. Il s'agit d'un des vecteurs essentiels, avec les chemins de fer, de l'intégration par la société du progrès industriel. Dans son essai, Juliette Grange met en relation la philosophie positiviste et la daguerréotypie. Elle interroge l'essence de la technique photographique à ses débuts, entre enthousiasme et inquiétude.
L'objectif introduit l'objectivité et l'exhaustivité de l'inventaire spatial ou temporel. Le portrait, la prose réaliste (Balzac se propose de «daguerréotyper la société»), transforment l'identité individuelle ou sociale.
S'ajoute au volume la publication d'un certain nombre de textes de autour de l'invention de la photographie. En tout premier lieu le discours d'Arago, spécialiste de l'optique en même temps que grand républicain, à la Chambre des députés (1839). Ce discours sur Daguerre précipite l'invention technique dans le champ politique et constitue la photographie comme bien commun, à la disposition de tous. Le gouvernement français acquiert en effet le brevet pour «en doter libéralement le monde entier».
Par ailleurs, les textes de Delacroix, Baudelaire, Valéry montrent la vivacité de l'interrogation sur la nature de la peinture et de la littérature dans ses rapports avec la technique.
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De la morale cartésienne : contentement, générosité et christianisme
Aurélien Chukurian
- Kime
- 20 Octobre 2023
- 9782380721195
L'ouvrage prend pour objet d'étude la morale cartésienne, sur un double plan corrélatif. D'une part, il s'agit de se confronter au « problème de la morale chez Descartes », en déterminant de quel point de vue peut être repérée une théorie morale dans le corpus cartésien. D'autre part, on s'interroge sur les enseignements apportés par les contours d'une telle morale quant à la signification de « l'accord » que Descartes entend instituer entre sa philosophie et le christianisme. Dès lors, l'ouvrage avance une série de thèses sur ce double sujet. Tout d'abord, on soutient la possibilité de reconstituer une morale cartésienne définitive : la correspondance avec Élisabeth de Bohême et les Passions de l'âme sont perçues comme fournissant le socle de ce qu'on nomme une « morale du contentement », gravitant autour de deux axes que sont le souverain bien en cette vie, et les passions. En outre, il est montré de quelle façon le rapport de la philosophie cartésienne au christianisme se trouve éclairé par les principales composantes de la morale du contentement, que sont notamment : l'énonciation de quatre vérités qui, incluant la providence, sont indexées à l'accès au souverain bien ; la thématique de l'homme imago Dei, trouvant son actualisation dans le meilleur usage du libre arbitre ; et les rapports à soi-même et au prochain engagés dans la passion-vertu de générosité. Il apparaît alors que la morale du contentement cristallise un « investissement philosophique » du christianisme dans la mesure où c'est la philosophie qui confère une intelligibilité propre à ces éléments, placés à l'intersection de la raison et de la foi. In fine, ce sont le contentement, la générosité, et le christianisme qui se dégagent, au fil du propos, comme les points nodaux de la réflexion cartésienne sur la conduite de la vie.
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La philosophie de l'art de Wittgenstein est délibérément provocatrice, et concerne d'ailleurs une élite faite d'amateurs avertis, de mélomanes ou de professionnels : « Le sujet (l'Esthétique) est très vaste et tout à fait mal compris, autant que je puisse le voir ».
Il s'agit d'abord de dissiper les fausses évidences, de démystifier le « jugement de goût », ou la psychologie expérimentale relative à l'expérience esthétique, mais aussi le trouble induit par les images inscrites dans notre langage qui nous portent à philosopher : ainsi du platonisme vers lequel nous poussent les substantifs comme « beauté ». Wittgenstein nous propose une enquête grammaticale sur les mots de l'art, et substitue au platonisme des théories esthétiques une conception démystifiée où comprendre l'art veut dire entendre un thème musical - comme (une valse, une marche) ou voir un tableau comme - (un tableau de genre ou une nature morte), conception issue d'une philosophie des aspects.
Grand format 15.00 €Indisponible
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Philosophie doit se faire justice : ce pourrait être la maxime accompagnant un imaginaire blason de Jean-Marie Wipf. S'il n'emploie pas l'expression, il aurait pu le faire et ce qu'elle porte en elle circule partout à travers le texte qu'on va lire.
Se faire justice, c'est d'abord se rendre justice à soi-même. C'est aussi exécuter la ou les sentences de justice qui peuvent être prononcées soit à son endroit, soit à celui de ses accusateurs. Cela peut conduire jusqu'au suicide ou bien jusqu'à l'exécution de la partie adverse. On peut enfin comprendre que la philosophie se métamorphose en justice - en scène entière de la justice, y tenant tous les rôles, prévenue, juge, avocate, procureure mais surtout pour finir incarnant la loi elle-même. Ou se reconnaissant comme l'exercice déployé d'une loi qui la dépasse et qui la fonde.
Loi par-delà la loi, comme toute loi l'implique, l'exige et le redoute en même temps. Un Dieu sans doute pouvait se concevoir comme créateur et corps de la loi. Mais un Dieu ne se conçoit plus ou s'il se conçoit ce n'est que comme un être imaginaire. Il peut servir d'idée régulatrice, mais certainement pas de loi. La raison doit désormais se juger selon la loi qu'elle est en même temps qu'elle doit s'y soumettre.
Il y a donc conflit dans la raison et de la raison avec elle-même. Le célèbre Kampfplatz, le champ de bataille forme le lieu naturel d'un affrontement constitutif de la raison et par là constitutif de la condition foncièrement juridique et judiciaire de la raison. Le philosophe n'occupe plus la chaire du maître mais le siège du juge. D'un juge toutefois qui ne met pas en oeuvre le droit établi à l'intérieur d'un Etat : il doit au contraire donner la loi elle-même. Autrement dit, le conflit est aussi bien le lieu d'instauration de la loi et celle-ci ne met pas proprement fin au conflit : elle ne cesse de le résoudre et de le reconduire car aucune loi ne peut s'établir sinon celle du libre conflit de la raison avec elle-même.
Jean-Marie Wipf a pratiquement voué sa vie entière - trop tôt interrompue - de philosophe et d'enseignant à mettre en lumière et en scène l'agitation, l'animation et la ferveur de ce conflit qui se déchaîne et se règle sans fin. C'était en quelque façon le sien, c'était sa passion que de délivrer Kant de ses interprétations froides pour lui rendre - on pourrait dire tout simplement la vie, cette force vitale « sans analogon » dont parle la troisième Critique. La force de Jean-Marie, son tempérament bourru, têtu, affectueux et intransigeant était à l'image (à moins qu'elle n'en fût le modèle ?) de cette vitalité puissante, débordante qu'il éprouvait au sein de la raison, dans la poussée - le Trieb - de son exigence pour l'inconditionné.
A l'image d'un règlement kantien délimitant la juridiction légitime de l'entendement par rapport à l'illégitimité métaphysique il veut opposer la poursuite infinie au sein de la raison de son conflit intime et insurmontable en tant que condition même du procès que la raison se fait à elle-même. En instruisant ce procès elle s'instruit toujours plus - et pourtant sans fin - de sa propre condition conflictuelle et judiciaire, de sa situation de juge appelé à faire comparaître devant lui des parties qui s'affrontent en lui.
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L'esclavage, qui semble un scandale pour la conscience contemporaine, n'a pas toujours été objet de réprobation. La philosophie, qui prétend volontiers à un regard transcendant sur l'histoire, a été en la matière le plus souvent fille de son temps, et a accompagné, plus qu'elle ne les a précédées, les transformations du statut de l'esclave et de l'esclavage dans la conscience des hommes. Ce livre est une tentative pour restituer et comprendre la logique de ces transformations successives de la philosophie sur plusieurs millénaires. Il met en perspective pour la première fois tant la philosophie antique et médiévale que la philosophie moderne.
Il se veut plus au-delà une contribution à l'histoire de la raison. Trois étapes en effet scandent la relation des philosophes à l'esclavage - et plus généralement à l'hétéronomie : la raison extérieure, qui légitime - à partir de positions assez diverses - la mise en tutelle de l'homme par l'homme, et qui a dominé l'Antiquité ; la raison contractuelle moderne, qui au contraire fait procéder toute autorité d'un contrat, et porte en elle la condamnation de l'esclavage ; la raison historique enfin qui adopte sur l'institution esclavagiste un point de vue moralement plus neutre, allant jusqu'à attribuer à l'esclavage un rôle et une utilité sur le long terme.
Grand format 39.00 €Indisponible
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Agir en contexte est une enquête sur les pratiques ordinaires de l'éthique, en se donnant pour objectif de saisir l'aspect épistémologiquement douteux des valeurs engagées dans nos pratiques. Cette étude de la pratique ordinaire s'appuie sur deux traditions : d'une part les travaux sur l'ordinaire de filiation wittgensteinienne et d'autre part la phénoménologie husserlienne du monde de la vie. En empruntant cette double approche, nous pouvons alors saisir comment la philosophie peut conduire à perdre le monde et à manquer, dans le même mouvement, l'éthique.
La mise à jour de cette dynamique sceptique n'est pas une impasse, mais au contraire indique le véritable enjeu : les besoins anthropologiques. L'hypothèse centrale qui est développée est que ce sont bien ces derniers qui mettent en forme les pratiques ordinaires. C'est autour de la thématique de l'anthropologie philosophique que s'articule le coeur de cet ouvrage.
C'est à la suite de l'anthropologie philosophique développée par Hans Blumenberg dans le dialogue entre Husserl et Wittgenstein que nous cherchons à articuler l'aspect théorique et pratique de l'éthique. L'anthropologie philosophique, par sa nature transversale, apparaît comme une posture essentielle pour saisir la nature de nos pratiques ordinaires, mais également pour penser ce qui est du ressort de l'inacceptable. L'attention à l'important et les travaux sur le soin constituent le prolongement naturel de ces réflexions. À l'horizon de ces travaux, c'est aussi de la question de la place de l'homme dans la philosophie dont il est question.
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La vie et la pensée de William James sont si difficilement séparables que le livre prend pour thème principal la tension créatrice qui anime leur rapport réciproque. Elle fait de cet auteur un exemple typique du rapport étroit, qu'il n'a jamais cessé d'affirmer lui-même, entre biographie et philosophie. Ceci le rattache moins à l'histoire classique de la philosophie qu'à des auteurs comme Pascal, Kierkegaard, Nietzsche ou Wittgenstein - auteurs qui ont fait d'un acte singulier le centre de leur pensée, foulant aux pieds les normes du discours académique.
L'ouvrage étudie donc, en plus de l'histoire du pragmatisme que James a beaucoup contribué à vulgariser, les dimensions multiples et moins connues de ce parcours qui ont aussi fait de lui le fondateur américain de la psychologie scientifique puis le défenseur d'un empirisme radical ayant inspirés des auteurs aussi variés que Russell, Whitehead ou Deleuze.
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A travers le judaïsme. Buber, Levinas, Simone Weil
Jean-Marc Ghitti
- Kime
- 15 Novembre 2024
- 9782380721522
Ce travail part d'une généalogie du sionisme suscitée par les doutes que fait naître en nous la guerre au Proche-Orient. Il étudie sa naissance chez Herzl, son interprétation par Buber, ainsi que son dévoiement actuel (première partie). Au-delà du sionisme, il est une apologie du judaïsme de la diaspora, étudié à travers Levinas et ses contradictions (deuxième partie). Enfin, il envisage le judaïsme assimilé, à travers la figure moins attendue et très paradoxale de Simone Weil, ici traitée comme une figure du judaïsme (troisième partie).
Au fil de ces trois études, certains concepts sont élaborés pour éclairer des questions qui vont au-delà du judaïsme : le territoire, la guerre, la relation entre État et nation, l'identité et l'impolitique. Ce sont ces concepts qui sont rassemblés en cohérence dans la conclusion (quatrième partie).
Il ne s'agit pas d'une étude strictement universitaire, bien que la pensée des trois philosophes de référence soient exposée et interprétée de manière comparative. Il ne s'agit pas non plus d'un essai militant, bien que des positions claires soient prises sur des sujets sensibles. Le texte est plutôt une tentative pour modifier les catégories idéologiques et mentales par lesquelles nous avons l'habitude d'approcher les problèmes ici abordés.
Après un travail d'orientation écologique sur l'aménagement du territoire dans un texte à paraître, qui poursuit ma réflexion philosophique sur les lieux, j'ai été interpellé par la guerre au Proche-Orient et j'ai voulu éclaircir la question du territoire à travers le sionisme. Resituant celui-ci dans l'histoire du judaïsme, j'ai été amené à donner une nouvelle interprétation de l'oeuvre de Simone Weil à partir de sa relation complexe à ses origines juives. Le positionnement de cette philosophe, à qui j'ai précédemment consacré un ouvrage (2021), s'est éclairé différemment à partir d'une comparaison que j'ai tenté d'établir entre ses écrits et ceux de Buber et de Levinas. Mais, ce que j'ai cherché, à travers ces trois philosophes et l'image qu'ils donnent du judaïsme, c'est l'approfondissement du concept d'impolitique que j'avais introduit dans mon dernier essai publié (2023). L'impolitique est ici présentée comme une réponse possible à la territorialisation de la politique, aux guerres qui en résultent et au règne géopolitique du modèle des États-nations.