Delga
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De toutes les conférences consacrées à l'histoire de la philosophie moderne qu'Ernst Bloch a prononcées, celles en hommage à Spinoza en 1954-1955, publiées ici pour la première fois en français, sont sans nul doute les plus impressionnantes. Dans ces cours magnifiques qui ont fasciné ses auditeurs, Blovh esquisse le portrait d'un grand penseur hérétique du XVIe siècle, précurseur des Lumières, grand rationaliste. Le système philosophique spinoziste est le tout premier système du panthéisme, l'édifice le plus magnifique que connaît l'histoire de la philosophie aux côtés de ceux d'Aristote et d'Hegel. Mais Bloch souligne également le caractère révolutionnaire de la pensée spinoziste, s'exprimant surtout dans son exigence de libérer la lecture de la Bible des dogmes théologiques et dans sa manière courageuse d'insister sur l'émancipation de la science de la religion et de la politique.
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Chez Nietzsche, les analyses philosophiques et littéraires fascinantes se mêlent à des thèmes répugnants comme « le nouvel esclavage », « l'anéantissement des races décadentes », « l'anéantissement de millions de ratés ». Nous sommes en présence d'un philosophe qui, en remettant en question deux millénaires d'histoire, repense et critique les plates-formes théoriques qu'il élabore lui-même au fur et à mesure. La contextualisation historique et la reconstruction de la biographie intellectuelle de Nietzsche sont donc la condition pour saisir la cohérence tourmentée ainsi que la grandeur d'un penseur qui, à partir de son « radicalisme aristocratique » et tout en caressant des projets d'une indicible violence, entonne un contre-chant sacrilège de l'histoire et des mythologies de l'Occident.
Un événement intellectuel extraordinaire qui pourrait constituer pour longtemps une nouvelle unité de mesure. Losurdo a fourni une oeuvre de référence et de consultation (...) En ce qui concerne Nietzsche, on pourrait dire: ex Italia lux (...) Une interprétation cohérente et brillante avec laquelle toute la recherche, actuelle et future, devra se mesurer.
Hans-Martin Lohmann, Die Zeit -
Autocensure et compromis dans la pensée politique de Kant
Losurdo Domenico
- Delga
- 6 Avril 2018
- 9782376071372
Nier l'existence d'un droit de résistance, n'était-ce pas aussi pour Kant une façon de défendre l'État issu de la Révolution française ? Tel est le point de départ choisi par D. Losurdo pour procéder à une relecture de l'ensemble de la pensée politique kantienne : face à toutes les « incohérences » que celle-ci semble comporter, face à tant de « duplicités », mi-calculées, mi-imposées par le contexte allemand et européen de l'époque, peut-on encore s'en tenir à l'image traditionnelle d'un homme exclusivement préoccupé de rigueur morale et de défense de l'ordre établi ? Le lien entre persécution et art d'écrire que laisse deviner le texte kantien ne suggère-t-il pas, au contraire, une tout autre figure, plus dramatique et moins rassurante ? Celle d'un philosophe contraint de se livrer à un exercice permanent d'autocensure et de dissimulation pour échapper à la vigilance des autorités prussiennes ? Et celle d'une théorie politique dont l'ambiguïté ne fait que réfléchir ce qui, dans les conditions de l'Allemagne contre-révolutionnaire, constitue le prix à payer pour tout intellectuel progressiste désireux de jouir d'une relative liberté d'expression : la laborieuse recherche d'un compromis avec le pouvoir en place.
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Instigateur au XVIIe siècle de la modernité politique, le philosophe Thomas Hobbes fut le premier à dévoiler le lien indissoluble entre souveraine populaire et pouvoir d'État. Son credo épistémologique était : « La raison est le pas, le progrès de la science la route, et l'avantage du genre humain le but ». Autant admirées que violemment combattues, ses oeuvres politiques finirent parfois au bûcher par suspicion de propager l'athéisme.
Aujourd'hui encore, les idées reçues sur l'auteur du Léviathan sont nombreuses et son matérialisme fragmenté et dénaturé. Lilian Truchon restitue d'une façon totalement inédite la cohérence de la pensée de ce philosophe, articulée en trois temps comme elle fut conçue à l'origine : le corps, l'homme et le citoyen.
Hobbes reste d'actualité non seulement pour penser de façon réaliste le rôle de l'État mais aussi pour comprendre le passage dialectique entre le naturel et l'artificiel, entre la nature et la civilisation, sans faire appel à une métaphysique de la rupture et des commencements absolus. C'est aussi l'occasion de proposer une juste évaluation du « matérialisme mécaniste » à l'âge classique, de repenser les rapports classiques entre liberté et nécessité, et enfin de présenter, sans la mutiler comme c'est souvent le cas, la théorie de l'État chez Marx et Engels, les deux penseurs majeurs qui ont envisagé en matérialistes le rôle de l'institution étatique à la suite de Hobbes.