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Philosophie
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Patience dans les ruines : Saint Augustin Urbi & Orbi
Michel Onfray
- Bouquins
- Essai
- 18 Janvier 2024
- 9782382923825
Le philosophe livre une réflexion spirituelle magnifique issue de son séjour à l'abbaye de Lagrasse.
C'est en suivant le cheminement de saint Augustin et en vivant dans son compagnonnage philosophique que Michel Onfray a poussé les portes de l'abbaye de Lagrasse et partagé pendant quelques jours la vie de ce monastère.
Expérience bouleversante pour un homme qui ne croit pas, en compagnie de moines qui ont donné leur vie pour un idéal et dont le mode d'existence est conforme précisément à l'enseignement de saint Augustin et à la sa ligne directrice : une vie d'épure selon la volonté de Dieu.
Dans cet univers de silence et de lumière, le visiteur assiste aux offices, aux cérémonies " où tout fait sens " écrit-il, et tout est prière. Il suit l'itinéraire quotidien de la communauté, de la cellule au jardin, découvre l'histoire et le parcours de chacun de ses membres, les écoute, dialogue avec eux. Autant de nourritures de l'âme qui rejoignent sa méditation. Il consacre ici une large part à sa propre lecture des Évangiles et des textes augustiniens, confronté à l'histoire de l'humanité et à la morale chrétienne.
Il révèle dans la dernière partie de l'ouvrage son échange épistolaire qui a suivi avec le père Michel, le prieur de Lagrasse dont il est resté proche. -
Théorie de Jésus : biographie d'une idée
Michel Onfray
- Bouquins
- Essai
- 16 Novembre 2023
- 9782382920527
D'épais ouvrages consacrés par des croyants à Jésus expédient la question mythiste, selon laquelle Jésus n'a pas existé historiquement, avec une ou deux phrases qui invoquent le manque de sérieux, la bêtise, le ridicule, sinon le complotisme.
Ces mêmes théologiens qui se réclament de la raison expliquent doctement que ce Jésus, fils de Dieu, est né d'une vierge sans l'aide d'un père, qu'il redonnait vie aux morts, marchait sur l'eau, rendait la vue aux aveugles, qu'il est mort sur une croix avant de descendre aux enfers, a ressuscité et est revenu sur Terre avant de monter au ciel, où il est toujours assis à la droite du Père, en attendant son retour physique sur Terre. Est-ce complotiste de douter de la véracité historique de pareils récits ?
Jésus a bel et bien existé, mais comme un mythe qui convoque et cristallise les savoirs de l'époque : l'astrologie, la mythologie, les textes païens ou sacrés, mais, surtout, l'Ancien Testament, car - est-ce un hasard ? - ce qu'il devait être, dire et faire selon les prédictions de ce texte, il l'avait été, il l'avait dit et il l'avait fait selon le récit du Nouveau Testament.
Jésus a bel et bien existé, mais comme concept. Cette Théorie de Jésus propose la biographie de cette immortelle idée.
M. O. -
L'oeuvre-monde du plus extraordinaire des auteurs français réunie pour la première fois dans une édition précise, annotée, accessible à tous : le livre indispensable pour célébrer le 400e anniversaire de la naissance de Pascal.
Pascal fut mathématicien, physicien, ingénieur, entrepreneur, polémiste, moraliste. À travers ses Pensées, inachevées et inclassables, il inventa une forme qui fait dialoguer science, observation de l'homme, théologie, démonstration de la vérité du christianisme et poésie.
Héritier d'une vision de l'humanité forgée par saint Augustin, il ne cesse de mettre en regard grandeur et misère de la créature. Esprit entre tous rationnel, il connut une foi brûlante en Dieu et a exhorté sans répit à l'amour et à la joie. Il sut exprimer comme nul autre l'inquiétude de l'homme face au monde nouveau que dessine la science moderne. Maître d'un Verbe frémissant, Pascal est visionnaire, qu'il scrute les coeurs, les nombres ou l'espace.
Depuis soixante ans, la recherche a renouvelé la connaissance de cette oeuvre inclassable, à commencer par les Pensées, révélant en Pascal un penseur de la dualité, un défenseur résolu de la créature dans ses contradictions. L'édition de Pierre Lyraud et Laurence Plazenet est la première à proposer l'ensemble de cette oeuvre-monde à la lueur de ces acquis.
Entre grands textes devenus autant de monuments littéraires et écrits plus fragmentaires, ce volume substitue à la vision d'un Pascal magnifiquement triste celle d'un écrivain de la jubilation. Plus que jamais nécessaire dans son exigence de vérité et sa quête d'un savoir universel. -
Plaidoyer pour le vivant : plaidoyer pour l'altruisme, plaidoyer pour les animaux
Matthieu Ricard
- Bouquins
- 9 Mars 2023
- 9782382922514
Ce volume regroupe deux livres majeurs de l'auteur (Plaidoyer pour l'altruisme et Plaidoyer pour les animaux), accompagnés d'une longue préface inédite : actualisant son propos, sur la nécessité de l'altruisme et la force de la bienveillance.
Ce volume regroupe deux livres majeurs de l'auteur, Plaidoyer pour l'altruisme et Plaidoyer pour les animaux, accompagnés d'une longue préface inédite.
« Nous n'imaginons pas la force de la bienveillance, le pouvoir qu'une attitude altruiste peut avoir sur nos vies et sur la société tout entière », rappelle Matthieu Ricard. Moine bouddhiste depuis plus de quarante ans, il démontre ici avec force et passion que l'altruisme, loin d'être une utopie, répond bien à une urgente nécessité pour chacun d'entre nous et pour l'avenir de nos sociétés.
Nourri d'années de recherches et d'expériences, ce livre met en évidence combien l'altruisme apparaît comme la seule solution vitale et bénéfique pour redonner du sens à nos vies et soigner les maux contemporains. Matthieu Ricard invite à étendre notre bienveillance à l'ensemble des êtres sensibles, dans l'intérêt des animaux, mais aussi des hommes, le sort des uns étant intimement lié à celui des autres.
Dans un monde confronté à de nombreux défis, il souligne que l'une des difficultés majeures est de réussir à concilier les impératifs de l'économie, de la recherche du bonheur et du respect de la nature et de l'environnement. Exigence éthique primordiale, l'altruisme doit nous inciter à favoriser l'avènement d'une justice et d'une compassion universelles envers l'ensemble des êtres vivants. Et par là à changer nos comportements et nos mentalités.
Matthieu Ricard, dans sa préface, dresse le bilan des progrès et reculs dans l'évolution de l'« espèce humaine » et ses relations avec elle-même et la défense de son environnement naturel. Il y trouve autant de raisons d'espérer que de poursuivre un engagement plus que jamais salutaire. -
Un des plus grands philosophes contemporains, au coeur des débats politiques essentiels des notre époque, fait son entrée dans la collection " Bouquins ".
Figure majeure de la pensée contemporaine, Jürgen Habermas continue d'exercer une influence considérable sur l'ensemble des sciences sociales. Dernier héritier d'une grande tradition inspirée des Lumières, il jouit d'une renommée internationale et a dialogué avec les principaux penseurs de son temps (Adorno, Rawls, Derrida). Il a élaboré une théorie originale, connue sous le nom de l'" éthique de la discussion ", qui a totalement renouvelé la philosophie politique. Intellectuel engagé, il est aussi fréquemment intervenu dans les polémiques de l'époque, prenant position sur des sujets aussi divers que la réunification allemande, la place de la religion dans l'espace public, la construction européenne, la bioéthique.
En donnant à lire des textes essentiels et accessibles, parfois peu connus et, pour certains, traduits en français pour la première fois, ce volume permet de restituer la singularité foisonnante d'une pensée qui, depuis les années 1950, s'est attachée à explorer comme nulle autre tous les ressorts de la question démocratique. Jürgen Habermas se livre également, dans un grand entretien inédit, à une relecture en profondeur de son parcours et de ses thèses à la lumière des enjeux d'aujourd'hui. À l'heure où les démocraties occidentales sont confrontées à des défis existentiels, la puissance et la vivacité d'une telle oeuvre apparaissent plus que jamais salutaires. -
Ce volume rassemble quatre essais parmi les plus significatifs et connus de Jean-Luc Marion, publiés entre 1977 et 2018, et un inédit en français, L'Apparition de l'invisible. Ils portent tous sur deux questions privilégiées : Dieu et l'amour.
Mais ces deux questions dépendent d'une interrogation, plus large, plus évidemment actuelle - celle du nihilisme. Depuis que Nietzsche a annoncé, à la fin du XIXe siècle, que le nihilisme campait aux portes de l'Europe, nous avons constaté non seulement qu'il a franchi ces portes et occupe toute la vieille Europe, mais surtout - l'Europe elle-même ayant aussi envahi le reste du monde - qu'il règne désormais universellement. Comment ce règne s'accomplit-il ? Nietzsche l'identifiait au triomphe du nihilisme - situation où " les plus hautes valeurs se dévalorisent ". Heidegger a radicalisé cette analyse en voyant le nihilisme comme le manquement de l'être, comme l'enfermement du monde dans la logique impérialiste de l'arraisonnement technologique. Nous y sommes, sans doute pour longtemps encore.
Déchirer le nuage mortel du nihilisme est possible en considérant d'abord la question de Dieu et ensuite la question de l'amour.
Ces deux mouvements, avec les paradoxes qu'ils impliquent et imposent peut-être comme des épreuves, se rejoignent pour ouvrir une ultime figure de la distance : celle où un autrui d'exception révélerait la distance même de Dieu.
L'Idole et la distance révolutionna à sa parution la pensée théologique traditionnelle en bousculant la " mort de Dieu " énoncée par la métaphysique. Prolongée dans Dieu sans l'être, Prolégomènes de la charité et Le Phénomène érotique, la manière de " penser Dieu " que développe le philosophe chrétien se montre ici dans une évidence qui s'impose encore : dans la distance de Dieu, qui est une proximité nouvelle pour l'homme. Cette distance se parcourt avec l'amour, un élément jusque là considéré secondaire par la philosophie, auquel Jean-Luc Marion confère le statut de question centrale, de véritable concept qui se déploie avec rigueur et logique, à l'instar de tout concept philosophique, mais possède cette qualité singulière : il est à l'origine de tout et condition de l'impossible rendu possible. -
Spécialiste des présocratiques, ces « philosophes » du Ve siècle avant J.-C. que Martin Heidegger désigne comme l'aurore de la pensée, Barbara Cassin raconte l'histoire de la philosophie en s'appuyant sur les sophistes, ces autres maîtres en culture et en démocratie.
Ce volume réunit des textes devenus souvent introuvables, des traductions - de Gorgias en particulier - et des ouvrages intégraux, parmi lesquels Parménide, la langue de l'être ?, Aristote, la décision du sens. Tous structurés autour d'une trame qui fait de cet ouvrage une oeuvre à part entière.
Sa rencontre avec René Char et Martin Heidegger a conduit Barbara Cassin à repenser le rapport entre philosophie et poésie. Que peut le langage, peut-on fabriquer le monde aussi avec des mots ? Et que nous apprend la diversité des langues à l'heure du mauvais anglais mondialisé qui raccourcit la pensée ?
L'Antiquité qu'explore Barbara Cassin est aussi d'une grande actualité. Elle ouvre sur le « peuple arc-en-ciel » et la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, sur la psychanalyse ou le rapport entre sens et non-sens chez Freud et Lacan, sur la définition de la culture et de la démocratie avec Google-moi, sur l'hospitalité et la barbarie avec La Nostalgie. Elle livre les clefs du Dictionnaire des intraduisibles avec Plus d'une langue. Et partout, qu'il s'agisse de la toute première Initiation à l'explication de texte ou du récent Avec le plus petit et plus inapparent des corps, l'oeuvre de Barbara Cassin témoigne de cet amour du langage et de l'écriture qui ne requiert aucun savoir préalable et ne se laisse enfermer dans aucune discipline. -
Les Parerga et Paralipomena, titre grec qui signifie « Accessoires et Restes », connurent un immense succès en Allemagne à leur parution, en 1851, et furent traduits en France entre 1905 et 1912. Bien qu'ils comptent parmi les textes majeurs d'Arthur Schopenhauer, ils n'ont fait l'objet, depuis, que de parutions marginales. Ils offrent pourtant aux lecteurs de l'auteur du Monde comme volonté et comme représentation un véritable kaléidoscope des grands thèmes traités par le philosophe : l'ennui, le désespoir, la bouffonnerie des comportements humains. Son pessimisme, qui lui fait dire que « la vie est une affaire qui ne couvre pas ses frais », connaît ici de nouveaux développements dans ses articles Sur le suicide ou Le Néant de la vie.
Schopenhauer propose un art de vivre pour remédier à la douloureuse condition humaine, sous la forme de conseils et de recommandations, comme de pratiquer avec prudence la compagnie de femmes. L'Essai qu'il consacre à celles-ci connut un vif succès auprès d'écrivains français tels Maupassant, Zola, Huysmans et tant d'autres dont Schopenhauer a nourri la misogynie.
Évoquant l'influence considérable de la pensée de Schopenhauer sur les créateurs de son temps, Didier Raymond souligne le paradoxe qui veut que son pessimisme ait eu sur beaucoup d'entre eux « les effets bénéfiques d'une libération longtemps attendue. Sa philosophie, écrit-il, confère enfin une certitude au sentiment de désespérance, d'extrême lassitude de l'existence ».
Par sa perspicacité philosophique et sa lucidité psychologique, comme par la clarté et la lisibilité de son écriture, cet ouvrage reste à cet égard un stimulant inépuisable.
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Dieu ? le philosophe et le rabbin
Michel Onfray, Michaël Azoulay
- Bouquins
- Essai
- 17 Novembre 2022
- 9782382922248
Qui aurait pu penser que l'antisémitisme puisse aujourd'hui relever la tête ? Sous couvert de défendre de nouveaux damnés de la terre, une certaine gauche passée à l'ennemi réactive l'antique théorie du bouc émissaire et désigne les Juifs et Israël comme les causes de toute négativité. Un rabbin et un philosophe se proposent de penser, l'un à partir de son judaïsme, l'autre de sa chrétienté sans Dieu, ce qu'il en est de Dieu, de son existence ou non, de sa responsabilité ou non dans le mal, mais surtout la nécessité de l'herméneutique juive et de la symbolique chrétienne pour fonder et conduire un dialogue, qui semble devenir la chose du monde la moins partagée.
M.O.
Si « l'antisémitisme renaît de ses cendres ? pardon !, de nos cendres » (Herbert Pagani), c'est peut-être en raison de l'assignation identitaire qui gagne. En eff et, pourquoi les Juifs, éternelles victimes expiatoires, échapperaient-ils à cette tentation mortifère de réduire l'autre à l'idée souvent fantasmée que l'on se fait de lui ? Là n'est pas le moindre des paradoxes d'un monde d'hypercommunication où l'on ne dialogue qu'avec celui qui nous ressemble. Pouvait-on imaginer un fossé plus large que celui qui sépare un croyant d'un athée, dépositaires de traditions de pensée si diff érentes ? Contre toute attente, un authentique échange s'est établi entre eux et s'est progressivement tissé autour d'un objet de questionnement, Dieu, qui semblait les vouer à ne jamais se rencontrer.
M.A. -
Marcel Conche occupe parmi les philosophes français une place singulière. C'est l'un des meilleurs spécialistes de la philosophie grecque qu'il a longtemps enseignée en Sorbonne. Simultanément, il a élaboré une pensée originale, prenant pour objets principaux la nature, l'homme et la morale.
Au sein d'une oeuvre foisonnante portée par un style d'une rare limpidité, ce volume offre un parcours cohérent et représentatif de la diversité des thèmes abordés par Marcel Conche. Il regroupe ses textes d'historien, fin connaisseur d'Héraclite et d'Épicure, ainsi qu'un ouvrage original sur Montaigne considéré avant tout comme un philosophe de la « conscience heureuse ». Il permet de mieux saisir les jalons fondateurs de sa propre théorie philosophique, où Conche s'attache aussi bien à la question du temps, de la mort, de la souffrance des enfants, du monde et de l'apparence, qu'à celle de son athéisme original et de sa vision profondément naturaliste de l'homme et de son environnement.
Marcel Conche est un « sage », qui a cherché toute sa vie à développer une véritable pensée pratique, préoccupée des normes qui nous aident à bien vivre et nous obligent à respecter la morale, dont il développe une approche peu commune, fondée sur le dialogue entre les hommes. Il a été enfin l'un des premiers philosophes contemporains à se soucier de l'avenir de la nature et à plaider pour sa protection, anticipant l'une des grandes questions de notre temps.
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L'art du portrait relève de l'autoportrait : on ne choisit pas par hasard d'isoler une figure parmi une multitude pour lui consacrer un livre sans exprimer quelque chose de soi... Pourquoi elle ou lui ? Et pas tel ou telle ? Peindre un tiers, c'est donner une image de soi.
Ces Vies philosophiques retracent les parcours de personnes pour lesquelles la philosophie n'était pas un jeu rhétorique ou sophistique, mais l'affaire d'une existence.
Montaigne, Charlotte Corday, Mme Roland, Théroigne de Méricourt, Olympe de Gouges, Germaine de Staël, Brummell, Nietzsche, Thoreau, Georges Palante, Camus, Bourdieu ont servi la philosophie et la pensée plus qu'ils ne s'en sont servis - au contraire de Freud, lui aussi portraituré ici mais comme le contre-modèle d'une vie philosophique !
J'estime en effet que la preuve du philosophe, c'est la vie philosophique qu'il mène - ou non... Il n'est pas tenu de réussir, mais, du moins, s'il veut être crédible, il est obligé d'essayer.
Ces Vies sont autant d'occasions d'édification existentielle.
M. O.
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Dans cette fresque, Élisabeth Badinter, observatrice de l'évolution des moeurs et des mentalités, éclaire de façon inédite la société des Lumières, cette « tribu » intellectuelle qui inaugure les Temps modernes, ses grandeurs et ses faiblesses. Les savants et philosophes qui jusque-là constituaient la République des Lettres travaillaient le plus souvent en vase clos. Assujettis aux institutions, ils n'échangeaient qu'entre eux et pour leur seul profit. Avec l'émergence, au milieu du XVIIIe siècle, d'une opinion publique éclairée et de plus en plus puissante, le pouvoir change de camp. On voit naître chez les intellectuels trois « passions » successives qui suscitent rivalités et surenchères au prix d'affrontements parfois terribles.
La première de ces passions est le désir de gloire, et à travers lui l'apparition d'une nouvelle figure incarnée par d'Alembert, codirecteur de l'Encyclopédie avec Diderot : celle du philosophe soucieux de s'imposer comme le meilleur, qui aspire tout à la fois à séduire l'opinion et à s'attirer la reconnaissance de ses pairs. C'est ce même d'Alembert qui introduit une deuxième passion : l'exigence de dignité. Ayant conquis notoriété et autonomie aux yeux de leurs contemporains, les encyclopédistes, conscients du savoir dont ils sont les détenteurs, appellent désormais au respect de leur indépendance et se refusent à toute concession à une autorité extérieure. C'est alors qu'on assiste à la naissance et à l'affirmation de leur troisième grande passion : la volonté de pouvoir, représentée par Voltaire avec un courage qui force l'admiration. Autour de lui se forme un vrai parti politique, le parti des philosophes, qui modèle peu à peu la pensée de la bourgeoisie et prépare l'avènement de la Révolution au nom de la justice, de la liberté et de l'égalité entre les hommes.
Dans cette étude de grande ampleur, Élisabeth Badinter fournit autant de clés pour comprendre et décrypter l'histoire d'un monde intellectuel dont l'influence sur celui d'aujourd'hui est loin d'être dissipée.
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Voici publiée pour la première fois la version intégrale des Mémoires de Raymond Aron (1905-1983), enrichie de trois grands textes inédits qui confi rment l'intelligence d'analyste et de visionnaire d'un des plus grands observateurs du XXe siècle. Ce volume est préfacé par Nicolas Baverez, disciple d'Aron s'il en est, qui, de manière magistrale, restitue à la pensée aronienne toute son actualité. Il comprend en outre un avant-propos fort éclairant de Tzvetan Todorov.
Ce livre est le récit d'une rencontre : celle d'un siècle convulsif et d'une intelligence avide de le comprendre. C'est aussi le témoignage d'un homme qui s'interroge sur lui-même et son oeuvre, sur les êtres et sur la vie. Spectateur engagé, il a côtoyé les acteurs éminents de son temps, de De Gaulle et Kissinger à Malraux, Sartre et Camus, et brosse de chacun d'eux un portrait sans complaisance.
Mais cet ouvrage dresse avant tout le bilan des réflexions d'un grand philosophe politique sur le monde moderne, en marge de l'académisme intellectuel de son époque. Les trois inédits ici rassemblés, portant l'un sur le bilan économique et social de la gauche au pouvoir, le deuxième sur le moralisme de la diplomatie américaine et le conflit israélo-arabe, le dernier sur l'hégémonie soviétique, illustrent on ne peut mieux l'indépendance d'esprit de leur auteur.
À l'heure où la France et le monde ont besoin de retrouver raison, rigueur et cohérence, relire ou découvrir Raymond Aron est plus que jamais nécessaire.
Jean-Luc Barré. -
Issue, par son père, d'une vieille famille catholique de droite, Élisabeth de Fontenay a été élevée dans l'ignorance des racines juives de sa mère, convertie au catholicisme, dont la famille fut exterminée à Auschwitz. À vingt-deux ans, elle rompt avec la religion catholique pour se tourner vers le judaïsme et assumer son ascendance juive. À la fois détruite et construite, dit-elle, par le secret qui entoura ses origines. Dans toute son oeuvre, elle n'a cessé de s'interroger sur les devoirs que nous avons envers les êtres vulnérables et de chercher à combler le silence de sa mère, celui de son frère, celui aussi des animaux qu'on extermine. Élisabeth de Fontenay, inlassablement, s'est attachée à mettre la philosophie « à l'épreuve de l'animalité », sans pour autant « offenser le genre humain ». Elle dénonce une tradition philosophique responsable, à ses yeux, de la longue méconnaissance de l'animal au nom du « propre de l'homme », et rappelle avec force que l'attention portée aux animaux ne saurait entrer en contradiction avec celle que l'on porte aux êtres humains et à leur propre identité. Fragilité, animale ou humaine, stupeur face à la violence génocidaire, amour de la littérature, admiration et méfiance mêlées vis-à-vis des Lumières, mais passion pour Diderot, « inventeur d'un matérialisme enchanté », engagement politique, autant de thèmes qui s'entrelacent dans ce volume rassemblant l'essentiel d'une oeuvre sensible, dense et inclassable, qui fait autorité et assure à son auteur un grand rayonnement.
Ce volume contient : Actes de naissance - Gaspard de la nuit - En terrain miné (avec Alain Finkielkraut) - Une tout autre histoire - La Prière d'Esther - Diderot ou le matérialisme enchanté - « Flaubert, un pensum mystique » - « Barbey, cet absolu littéraire » - La Grâce et le progrès - Sans offenser le genre humain - « Lucrèce, la force de dissidence du poème » - « La raison du plus fort » - « Entretien avec Jean-Louis Poirier ».
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Scandale de la vérité ; essais, pamphlets, articles et témoignages
Georges Bernanos
- Bouquins
- 10 Janvier 2019
- 9782221188880
On ne présente pas Bernanos, on l'a lu, on le lit. Soixante-dix ans après sa mort, il apparaît plus que jamais dans sa totale singularité. Bernanos n'est pas seulement un écrivain impressionnant, il est aussi un mélange étonnant d'individualité irréductible et d'engagement à la fois constant et inclassable : aucun parti politique, aucune idéologie, aucune droite ni aucune gauche n'ont pu récupérer à leur profit les essais et pamphlets de cet admirateur d'un autre " irrécupérable " : Léon Bloy.
Catholique flamboyant, Bernanos n'hésite pas, bien que royaliste de coeur, à soutenir les républicains pendant la guerre d'Espagne, ni, bien que nationaliste, à s'exiler au Brésil lorsque certains " nationaux " prennent le pouvoir en profitant de la victoire allemande de 1940. Il voit alors en Charles de Gaulle un " prédestiné " et se rallie à la cause résistante qu'il incarne.
Ce volume rassemble ses essais majeurs et un grand nombre de ses articles politiques, historiques ou littéraires, témoignages directs de l'histoire universelle vécue par l'écrivain. À côté de textes devenus des classiques, comme Les Grands Cimetières sous la lune ou Le Chemin de la Croix-des-Âmes, on trouvera ici des oeuvres fondamentales, comme Nous autres Français ou La France contre les robots, ainsi que des chefs-d'oeuvre rares mais indispensables à la compréhension de l'itinéraire de Bernanos : son Saint Dominique ou son magnifique essai sur Jeanne d'Arc, Jeanne relapse et sainte.
Lire ou relire Bernanos n'a jamais cessé d'être nécessaire et l'est peut-être plus encore aujourd'hui où ses maîtres mots et principes directeurs, " révolte de l'esprit " et " scandale de la vérité ", sont les meilleures répliques au poids des conformismes et à l'inertie des consciences. -
Oeuvres de friedrich nietzsche - tome 1 - vol01
Friedrich Nietzsche
- Bouquins
- 5 Novembre 1993
- 9782221069059
" je ne suis pas encore à l'ordre du jour.
Il en est qui naissent posthumes ", écrivait nietzsche, en 1888, dans ecce homo. a peine en effet avait-il sombré dans la folie, l'année suivante, qu'il naissait à la gloire et que son nom, depuis, n'a pas cessé d'être à l'ordre du jour - en france, notamment, oú son oeuvre a toujours été admirée, contestée, débattue. nietzsche y aurait sans doute vu un signe du destin, lui qui, à travers ses références fréquentes à montaigne et à baudelaire, en passant par chamfort et stendhal, n'a pas dissimulé son admiration pour la culture française.
Aussi était-il indiqué que cette édition de l'ensemble de ses oeuvres autorisées et authentiques reprenne le texte, révisé, des premières traductions, parues au tournant du siècle. la langue est celle-là même dans laquelle nietzsche eût aimé se lire ; et le lecteur d'aujourd'hui retrouvera ainsi le " nietzsche français " qui séduisit tant gide et valéry.
Ce volume va de la naissance de la tragédie (1872) à aurore (1889) : du jeune nietzsche wagnérien qui annonçait une régénération de la culture allemande par la musique, au nietzsche anti-romantique et antichrétien qui part " en campagne contre la morale ".
Les textes sont éclairés par des notices et des notes traduites et adaptées de l'édition allemande des å'uvres due à peter pütz, professeur à l'université de bonn. une préface de jacques le rider retrace l'histoire des " présences de nietzsche en france ", tandis que ses rapports avec la civilisation française sont analysés, dans une postface, par jean lacoste, auquel on doit également une chronologie détaillée de la vie et des oeuvres du philosophe.
Georges liebert.
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« Les mots et les concepts, écrivait Nietzsche en 1879, nous induisent continuellement à penser les choses plus simples qu'elles ne sont. » Conscients de cette mise en garde et du danger qu'il y a à prendre les mots pour des choses, les auteurs de ce Dictionnaire ont suivi un fil d'Ariane dans le labyrinthe de la pensée nietzschéenne : toute interprétation doit être elle-même interprétée, toute valeur doit à son tour être évaluée, avec ce sens de la nuance et cet « art de bien lire » recommandés par le philosophe-philologue, qui était aussi artiste et médecin.
Ce Dictionnaire Nietzsche, le premier d'une telle ampleur, fait pénétrer le lecteur dans le monde de la volonté de puissance, du surhumain et de l'éternel retour, dans l'univers de la tragédie et du gai savoir, dans la généalogie « humaine, trop humaine » des passions, des croyances, des idéaux et de la vérité elle-même. Il évoque aussi les adversaires et les alliés, les livres et les lieux, les arts et les sciences qui ont inspiré Nietzsche, reconstituant de proche en proche sa vie et son oeuvre. Ce Dictionnaire témoigne de l'inépuisable créativité du philosophe, esprit libre et solitaire, critique sans concession du passé et du présent, penseur intempestif d'une philosophie de l'avenir dont les remèdes, parfois radicaux mais le plus souvent extrêmement subtils, n'ont pas fini de nous solliciter et de mettre à l'épreuve nos manières de penser.
Plus de trente spécialistes de Nietzsche, français et internationaux, ont contribué à ce Dictionnaire qui non seulement cristallise l'état présent des recherches mais indique aussi des directions pour leur évolution future. Accessible à différents niveaux, il s'adresse à tout lecteur curieux, qu'il soit familier ou non de Nietzsche et de la philosophie, en lui offrant des points de repère et des analyses approfondies pour découvrir l'une des pensées les plus déterminantes de l'époque moderne et contemporaine.
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L'essentiel n'est pas de vivre longtemps, mais de vivre pleinement. Ce précepte, Sénèque l'a suivi à la lettre. Né à Cordoue, au début de notre ère, il a mené, sous Claude et sous Néron, une triple carrière d'homme d'affaires, d'homme politique et de littérateur. Riche, influent, admiré, il a pourtant connu l'exil et la disgrâce. Comment, alors, se prémunir contre les aléas du destin et la folie des hommes ? Par la philosophie, qui nous apprend à mépriser la vie : C'est bien peu de chose que la vie, mais c'est une immense chose que le mépris de la vie.
Le stoïcisme est une philosophie du bonheur. Son but : garantir notre liberté intérieure. Accepter les ordres du destin, c'est échapper à ce que notre esclavage a de plus pénible : devoir faire ce qu'on préférerait ne pas faire. La liberté suprême est, pour un stoïcien, celle du suicide. Sénèque en a fait l'expérience : suspecté d'avoir pris part au complot de Pison, il se donna la mort - sur ordre de Néron. Il n'y a que l'homme qui détruit l'homme par plaisir.
Les Entretiens et les Lettres à Lucilius ne sont pas des oeuvres de doctrine. Sénèque y parle très librement de sa carrière, de ses lectures, de ses voyages, de ses promenades ; il y expose ses goûts et ses dégoûts, ses idées et ses sentiments. Il nous permet aussi de suivre son lent travail sur lui-même : On n'est pas sage, on le devient.
La présente édition a été établie par Paul Veyne, professeur au Collège de France et auteur de nombreux travaux sur l'Antiquité grecque et romaine. Dans son importante Préface de près de deux cents pages, il retrace la carrière de Sénèque, véritable roman des temps néroniens, et met en évidence l'actualité de sa philosophie.
Robert Kopp. -
Ce volume rassemble quelques-uns des livres majeurs de Lucien Jerphagnon, enrichis de nombreuses transcriptions inédites de ses cours, conférences et émissions de radio qui permettent de mieux appréhender l'étendue de son oeuvre. On perçoit ainsi la sensibilité particulière d'un homme aux multiples visages.
Homme d'enseignement tout d'abord, dont le sens de la pédagogie s'impose dès ses premiers cours au Grand Séminaire de Meaux, publiés ici pour la première fois. L'essentiel s'y trouve déjà : la vivacité d'un style « démocratique », selon Paul Veyne, qui d'emblée emporte le lecteur et le guide dans les raisonnements les plus complexes ; le ton, parfois badin, jamais guindé, toujours tenu ; surtout, le déploiement d'une pensée libre, profondément anticonformiste et d'une érudition inépuisable.
Homme de fidélité ensuite, tant à Vladimir Jankélévitch, auquel il consacre, avec Entrevoir et vouloir, un court texte étincelant, qu'à ses compagnons de toujours, les Anciens. Des présocratiques à Augustin et d'Homère à Julien l'Apostat, il n'a cessé de leur rendre hommage. Juste retour des choses, c'est son « plus cher disciple », Michel Onfray, qui, rappelant dans sa préface ce qu'il doit à son « vieux maître », prolonge cette chaîne de transmission et de savoir.
Homme de son temps enfin, comme en témoignent ses chroniques politiques des années 1990, Lucien Jerphagnon fut un virtuose du dialogue et de la conversation. Ses échanges avec Francesca Piolot, en conclusion de ce volume, sont à l'image d'une pensée en perpétuel mouvement où ne cesse d'affleurer la question qui traverse toute son oeuvre : pourquoi diable y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
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Oeuvres de friedrich nietzsche - tome 2 - vol02
Friedrich Nietzsche
- Bouquins
- 5 Novembre 1993
- 9782221069066
"presque à chaque phase de ce livre, la gravité et l'enjouement se donnent tendrement la main", dira nietzsche du gai savoir, par lequel s'ouvre ce second volume de ses oeuvres autorisées.
Grave et enjoué, le gai savoir chante la "grande santé" de l'intellect, qui se gausse de tout ce qu'on a tenu jusqu'alors pour "bon, intangible, divin", la prétendue morale surtout, "refuge des faiseurs de nuées", et avec elle ces endémies qu'on appelle compassion, abnégation et amour indifférencié du prochain. repris sur le mode lyrique dans ainsi parlait zarathoustra, ce sont là les principaux thèmes qui vont désormais occuper la pensée de nietzsche jusque dans ses derniers livres, achevés au seuil de la folie, oú "le marteau parle" en brisant les idoles, pour préparer une "inversion de toutes les valeurs".
Comme dans le premier volume de cette édition, nous avons repris le texte, révisé par jacques le rider et jean lacoste, des premières traductions françaises de nietzsche, parues au tournant du siècle dernier. les textes sont éclairés par des notices et des notes traduites et adaptées de l'édition allemande des oeuvres due à peter pütz, professeur à l'université de bonn. une préface de philippe raynaud replace nietzsche dans la tradition philosophique dont il fut autant l'héritier que le critique radical, tandis que, dans une postface, georges liébert étudie les rapports passionnés que nietzsche entretint toute sa vie avec la musique, à la fois comme compositeur et comme philosophe.
Le lecteur trouvera enfin dans ce volume un index des noms et des notions, établi par jacques le rider et jean lacoste, et qui est le premier de ce genre à paraître en france. georges liebert.
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On peut vivre selon Lucrèce. Son poème est d'ailleurs une proposition existentielle faite à son dédicataire Memmius. Le philosophe propose en effet une conversion, autrement dit : une vie nouvelle faisant suite à l'ancienne qu'on abandonne après avoir compris ce qu'il y avait à comprendre, initié par un sage qui nous transmet son savoir. Ici : que le réel est matériel, qu'il n'est fait que d'atomes qui tombent dans le vide et de rien d'autre ; que cette physique de l'ici-bas dispense d'une métaphysique de l'au-delà ; que la religion est superstition et qu'il faut lui préférer la philosophie ; qu'il faut donner au corps ce qu'il demande dans la limite où ce qu'on lui donne ne l'asservit pas ; que l'amour est un remède à la passion ; que la sagesse est atteignable et qu'elle consiste en une arithmétique des plaisirs accompagnée par une diététique des désirs ; qu'il n'y a ni enfer ni paradis mais juste un monde immanent et tangible ; que la mort n'est pas à craindre puisqu'elle n'est qu'une modification de la matière et non sa suppression ; que le réel est tragique et que le savoir confère de la sérénité ; que le paradis existe sur terre pourvu qu'on le construise avec détermination. Ce livre pend donc la forme d'une série de neuf lettres comme autant d'invitations à une sculpture de soi. Cette éthique propose une esthétique de l'existence.
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Le titre de ce volume est emprunté au philosophe et poète épicurien Lucrèce (Ier siècle), l'un des représentants du matérialisme antique dont l'influence a été déterminante sur la pensée matérialiste et hédoniste de Michel Onfray. Les simulacres désignent dans la pensée épicurienne ces microparticules qui se détachent des corps et ont la même structure qu'eux : c'est grâce aux simulacres que les différentes espèces de perception sont rendues possibles.
Ce titre rassemble donc les dix-sept livres d'Onfray consacrés à la question de l'esthétique sous le patronage de cette pensée matérialiste. Car, pour Onfray, l'art n'est pas chose mentale, il est chose matérielle, il est perception et expérience d'un corps, tant celui du spectateur (ou de l'auditeur dans le cas de la musique) que celui de l'artiste lui-même. Comprendre un artiste, qu'il soit peintre, photographe, sculpteur ou musicien, c'est montrer comment son travail et son oeuvre viennent s'inscrire dans une biographie, un corps et un tempérament. Cette dimension éminemment matérialiste apparaît aussi dans ce volume en ce qu'il entend montrer que l'esthétique d'Onfray (rappelons que le mot esthétique vient du mot grec voulant dire « sensation ») est une esthétique « du corps élargi » en ce qu'elle entend ne pas se situer uniquement sur le terrain de la vue et de l'ouïe mais aussi de l'odorat, du goût et du toucher. Raison pour laquelle on trouvera ici deux livres d'Onfray sur la gastronomie, un livre sur l'oenologie et un livre sur l'érotisme, qui relèvent chacun à leur manière du domaine de l'art.
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« Ces ouvrages n'ont jamais été réédités depuis plus de cinquante ans. Leur parution constitue un événement pour tous ceux qui apprécient ce grand historien et philosophe, souligne dans sa préface le cardinal Poupard, longtemps confident de Lucien Jerphagnon. Ce sera pour beaucoup une révélation importante et inattendue sur l'engagement spirituel de l'auteur, comme sur l'histoire contrastée de la première partie de sa vie où s'enracine son parcours d'historien de la philosophie antique ».
L'Au-delà de tout regroupe les ouvrages que Lucien Jerphagnon écrivit entre 1955 et 1962, dont le tout premier, Le Mal et l'Existence. Ils reflètent ses interrogations métaphysiques sur ces grands thèmes philosophiques qui ne cesseront de nourrir ses travaux et ses réflexions: la liberté, la foi, la question du mal, l'immanence et la transcendance, l'émerveillement d'être au monde, le bonheur, le sens du divin.
Ordonné prêtre en juin 1950, Lucien Jerphagnon enseigne alors au grand séminaire de Meaux, et c'est tout naturellement qu'il s'intéresse à Pascal auquel il consacre trois livres, dont Pascal et la souffrance et Le Caractère de Pascal. Contre la suprématie de la philosophie thomiste qui s'exerce encore au sein de l'Église, il démontre, à la lumière de la pensée de Pascal, que tout ne se résume pas au dogme scolastique ni à la raison, et témoigne déjà de sa liberté d'esprit. Ses innombrables lecteurs et admirateurs retrouveront ici la sensibilité, l'humanité profonde, l'originalité de style de l'une des grandes figures intellectuelles de l'époque contemporaine, qui fut aussi l'une des plus attachantes. Ils découvriront dans le même temps un pan méconnu de son cheminement personnel, essentiel à la compréhension de l'ensemble de son oeuvre et de ce qui fait son unité.
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Nul n'est étranger à la philosophie. Simplement parce que les problèmes dont elle traite sont ceux qui traversent la vie humaine : l'amour et la justice, la vérité, l'inexorable écoulement du temps, le désir, le pouvoir, la technique, la liberté, le rôle de la société, la fonction de l'art...
Cependant, la réflexion que chacun porte sur ces thèmes a besoin pour se renforcer de s'ouvrir à celle de philosophes confirmés. Tâche difficile, car tantôt la philosophie, pour se rendre accessible, se " vulgarise " au point de n'être plus... philosophie ; tantôt, voulant garder sa spécificité, elle se maintient à un haut degré de technicité et ainsi demeure inaccessible au profane. Les contributions qui composent Philosopher 1 et Philosopher 2, réunis en un seul volume de " Bouquins ", sont certes celles d'" experts en la matière ", mais visent toutes le même but, qui est d'introduire à la réflexion philosophique en évitant à la fois la décevante vulgarisation et l'excessive spécialisation : elles peuvent être lues par le néophyte, et aucune n'est susceptible d'être critiquée pour un manque de rigueur par un " spécialiste ".
Ce que propose Philosopher n'a jamais été fait : éclaircir les interrogations contemporaines, en établissant une passerelle entre la scène publique, où s'élaborent, se confrontent et s'affrontent les théories qui vivifient la démocratie délibérative, et la classe, où des lycéens de toute section sont initiés par leurs professeurs à la réflexion philosophique et à la lecture des grandes oeuvres de l'histoire de la pensée. Pour bâtir ce pont, il fallait que des philosophes, mais aussi des biologistes, des psychanalystes, des historiens, des écrivains, des hommes de sciences acceptent de traiter expressément, par une contribution inédite, les principales questions inscrites au programme des classes terminales, qui n'ont rien de " scolaire " et recouvrent ces questionnements fondamentaux auxquels chacun, étudiant ou amateur éclairé, est confronté. Le fait qu'ils aient été si nombreux à accepter, et qu'ils se nomment Vladimir Jankélévitch et Jean-Pierre Vernant, Emmanuel Le Roy Ladurie, Edgar Morin, Alain Badiou, Alain Touraine, François Châtelet, Michel de Certeau, Albert Jacquart, Philippe Ariès, Robert Castel ou Henri Lefebvre, pour n'en citer que quelques-uns, a permis à Philosopher - ouvrage qu'on dirait aujourd'hui " collector " - d'offir à tous, en un langage clair, un outil précieux pour " entrer en philosophie ", mais également un vaste panorama de la pensée française contemporaine.