Philosophie moderne
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Spécialiste reconnu de Descartes, J.-M. Beyssade a toujours recherché des passages, des continuités avec distance, entre les deux plus grands philosophes du XVIIe siècle. Qu'il s'agisse du statut des émotions, de l'amour de Dieu ou de la possibilité du salut, il a su comprendre comment Spinoza, par-delà les voies nouvelles qu'il ouvre, s'avance pourtant sur un chemin inauguré par Descartes. Outre ce travail d'historien de la philosophie rigoureux, J.-M. Beyssade fait également un travail d'interprète créateur en imaginant des réponses à des questions posées par le système spinoziste sans avoir pu y trouver de réponse : sur la détermination de la pensée comme amour intellectuel de Dieu, sur l'impossibilité ou non de la haine de Dieu, ou sur la possibilité méconnue d'un salut sans autrui. Quoique souvent commentés, ces articles étaient désormais introuvables. Leur édition qui fait pendant à celle de ses études sur Descartes, comblera un manque.
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Maritain ou la libération des vérités captives
Sylvain Guéna
- PU de Rennes
- Philosophica
- 24 Juin 2021
- 9782753581616
Disciple de Thomas d'Aquin, Jacques Maritain (1882-1973), philosophe converti au christianisme, a lui aussi voulu faire oeuvre créatrice. Sa philosophie est fortement pertinente dans son analyse des phénomènes totalitaires, du racisme, de l'antisémitisme et de la technocratie. On le voit sensible aux luttes non-violentes, compréhensif à l'égard des contestations des années soixante. En ce sens, il est aussi un philosophe des contre-pouvoirs, persuadé que l'avenir est aux petits troupeaux, aux minorités de choc prophétiques.
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La religion selon Hobbes : lecture du Léviathan III et IV et du De Cive III
Jacqueline Lagrée
- PU de Rennes
- 6 Janvier 2022
- 9782753585997
Hobbes, philosophe anglais contemporain de Descartes, Pascal et Spinoza, est surtout connu pour sa philosophie politique et sa théorie du contrat social. Si, comme le soutient Hobbes, l'état de nature est un état de guerre de chacun contre chacun, on comprend qu'il est plus sage de renoncer à ses droits individuels en les confiant à une seule instance, le Prince, à condition que tous fassent de même et simultanément. C'est donc le Prince qui concentre les pouvoirs et assure l'ordre et la sécurité. Mais se pose alors, en régime chrétien, la question du rapport entre la souveraineté politique et le pouvoir religieux. Comment articuler ces deux pouvoirs ? Le salut se réduit-il à la paix civile, à la prospérité et à la sécurité ? Où et quand se situe le Royaume des cieux et comment y entrer ?
Ces questions, décisives en régime chrétien, font l'objet des dernières parties du Citoyen et du Léviathan, souvent négligées. Pourtant elles rejoignent des interrogations contemporaines analogues dans d'autres courants religieux, par exemple dans l'islamisme qui entend faire de la loi religieuse, la charia, la loi civile.
Ce livre, qui reprend un cours pour les étudiants de philosophie et la traduction du chapitre XIV du De Homine, entend donc présenter et élucider la conception hobbesienne de la religion, exposer certaines critiques et montrer comment l'affirmation du caractère indivisible de la souveraineté conduit à passer du magistère spirituel à l'obéissance à la loi civile, confortée et nourrie par une médecine de l'âme.
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Vaincre l'abstraction : théorie de la connaissance au début du XXe siècle (Husserl, Bergson, Cassirer, Heidegger)
Diego Company
- PU de Rennes
- Essais
- 30 Juin 2022
- 9782753586505
Que la raison, cette cloche marquant l'heure de la vie intérieure et dictant la marche de la pensée, puisse en arriver à se dérégler, telle est une inquiétude qui n'affecte pas de manière significative les fondements cartésiens de la pensée moderne, ni le rationalisme des Lumières. Mais elle gagnera avec le temps une ampleur et une insistance croissantes sous la surface d'une foi régnante dans les principes rationnels, et elle sera diversement mise au jour à partir des successeurs de Kant, du début du XIXe jusqu'au milieu du XXe siècle. Cette inquiétude deviendra même un thème fondamental et travaillera nombre de pensées. Les causes du dérèglement de la pensée pourront varier d'un auteur à l'autre : la vérité, la raison, la théorie, l'idéalisme ou la métaphysique sont des idéaux philosophiques jugés tour à tour obsolètes, illusoires ou sources d'égarement. On tentera de s'en défaire, on cherchera en quelque sorte à en expurger la pensée. Les quatre auteurs convoqués dans notre étude - Edmund Husserl, Henri Bergson, Ernst Cassirer et Martin Heidegger - se sont confrontés, au début du XXe siècle, à cette question, et c'est leur lutte que nous prenons pour objet de réflexion.