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CORINNE QUENTIN
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Japon, 1966. Un jeune homme qui rêve de vivre de sa passion, le dessin, tente sa chance dans un Tokyo où le fracas du miracle économique le dispute au vrombissement de l'effervescence culturelle. Plongée fascinante dans une décennie électrisée de l'Histoire japonaise et dans le monde de la bande dessinée, Un zoo en hiver, probablement l'oeuvre la plus autobiographique de Jirô Taniguchi, est un roman d'apprentissage empli de nostalgie.
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À Edo, l'ancien Tokyo, un géomètre arpente méthodiquement la ville, mesure, et compte. Pas après pas, il dresse la première carte moderne du Japon. Si scientifique que soit l'entreprise de cet homme qui marche, figure chère à Jirô Taniguchi, il laisse volontiers vagabonder son esprit et ses sens. Au fil de ses déambulations, le charme de l'ancienne capitale et les rencontres inattendues tissent pour qui l'accompagne l'étoffe de rêveries fugitives.
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Dernière création de Jirô Taniguchi, cette bande dessinée en couleurs occupe une place à part dans l'oeuvre du maître. Suite au divorce de ses parents et à la maladie de sa mère, Wataru est accueilli par ses grands-parents. Pour le jeune garçon tokyoïte, cette nouvelle vie à la campagne est un bouleversement. Il découvre sa nouvelle école, son nouvel environnement. La forêt en particulier l'impressionne et semble lui communiquer une force presque surnaturelle, venue du fonds des âges. Lorsqu'il devra faire ses preuves face au groupe d'enfants qui le mettent au défi, c'est d'elle que lui viendra un courage intérieur qui lui était inconnu. Les pages en couleurs et à l'italienne de Jirô Taniguchi nous invitent à la contemplation de cette nature séculaire. Elles seront complétées d'un entretien poussé avec l'éditeur japonais de Jirô Taniguchi et du matériel inédit provenant des carnets personnels de l'auteur .
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Taniguchi met ici en scène la rencontre entre deux adolescents dans le Japon de l'entre-deux guerres (1925-1932). Tomoji vit dans la campagne au nord du mont Fuji, tandis que Fumiaki fait ses premiers pas de photographe à Tokyo. L'auteur nous fait découvrir avec sa sensibilité habituelle ce qui va unir ces personnages. Une histoire inspirée de personnalitées réelles qui fonderont par la suite une branche dérivée du bouddhisme.
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Cinq écrivains japonais de premier plan (Muramatsu Tomomi, Morita Ryûji, Hayashi Mariko, Shiina Makoto, Fujino Chiya) nous livrent leur vision de Tokyo dans des textes inédits. Tokyo : 2000 kilomètres carrés, 12 millions d'habitants ! Mais laissez-vous plutôt guider dans un Tokyo inconnu qui ne coïncide pas nécessairement avec une vision de voyageur pressé ! Parce qu'elle demande une vision centrée sur le détail et le mouvant plutôt que sur le monumental et l'éternel la ville est depuis longtemps l'héroïne des romanciers japonais qui en donnent à lire une image multiple et envoûtante. Des boîtes de nuit, des bars, des dancings à Shinjuku. Une prostituée philippine, un commissariat de police, la peluche Pi-PO. Un peu d'amour, beaucoup de rêves, une femme qui n'arrive pas à prendre le train et une autre qui réapparaît brusquement. Autant d'éclats d'histoires qui, de nuit comme de jour, illuminent la ville de Tokyo et en dessinent la géographie sentimentale.
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Tout commence par un jeu d'enfants au pied de l'ancien ossuaire, sur l'air de chiche qu'on grimpe sur la falaise, pour aller voir de plus près le crâne humain qu'on aperçoit d'en bas, et dont tout le monde au village sait bien qu'il gémit sous le vent. Objet sacré, craint et vénéré, le crâne est l'emblème des tragédies humaines vécues pendant la Seconde Guerre mondiale.
De toute la bande, seul Akira a le courage de monter. Et de tout le village, seul Seikichi, le père d'Akira, ose s'opposer à ce que Fujii, journaliste en fin de carrière, vienne tourner un reportage autour de la légende du crâne qui pleure.
L'un et l'autre pourtant sont hantés par un même souvenir : les heures terribles de la bataille d'Okinawa que ni Fujii, enrôlé dans un bataillon de kamikazes à vingt ans, ni Seikichi, enfant pendant la guerre, n'ont oubliées.
Les Pleurs du vent conte la paix retrouvée des âmes - celles des morts comme des vivants.
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Annexée par le Japon à la fin du XIXe siècle, l'île d'Okinawa a été le théâtre d'une sanglante bataille d'avril à juin 1945, qui a décimé plus d'un quart de la population, avant d'être placée sous administration américaine, qui y établit des bases abritant des armes atomiques et biologiques.
Ôe Kenzaburô, dans ce texte âpre, lyrique et désolé, est une voix sans concession, à la colère sans remède, portée par les rencontres et les amitiés scellées avec les habitants de l'île, dont il détaille l'oppression et suit les combats de près.
Cette rencontre avec Okinawa le confronte à la définition de l'identité du Japon en tant que nation, et de ses habitants. Et de lui-même.
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Les récits rassemblés ici ont été écrits après la catastrophe du 11 mars 2011, alors que l'auteur partageait le quotidien des habitants touchés par le tsunami et l'accident de la centrale nucléaire Daiichi. Ce sont de fines descriptions des errements de l'âme humaine face à un danger insaisissable, invisible, lorsqu'hommes et femmes tentent, avec les moyens dont ils disposent, de revivre, de retrouver la lumière. Nul doute que leurs histoires, contées avec bienveillance et non sans humour, peuvent résonner en chacun de nous.
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Au soir de sa vie, une femme rejoint sa fi lle mariée à un bonze dans un petit temple bouddhiste. Peu après, elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer incurable. Entourée de la sollicitude des siens, elle accepte sereinement la mort qui approche et décrit avec curiosité et humour ce qu'elle ressent : les transformations physiques, les sensations inconnues, l'activité des médecins et infi rmières autour d'elle... Peu à peu, elle perd la notion du temps, souvenirs et rêves viennent se mêler aux événements du présent. Elle avance vers une autre dimension. Ayant beaucoup lu ce que les religions disent de l'audelà et les scientifi ques des mystères de la physique, l'auteur aborde l'expérience de la mort et ce qui la suit, avec audace et quiétude.
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Sur une île montagneuse au sud du Kyûshû, à la fin des années 1930, un jeune chercheur en géographie humaine entreprend une étude sur les traditions et les croyances locales tombées dans l'oubli.
La violence qu'il perçoit dans la destruction des monuments fait écho à la violence des deuils qu'il connaît dans sa propre vie. Cinquante ans plus tard, Akino revient sur la même île alors qu'un grandiose projet de développement touristique menace d'effacer les dernières traces de son antique histoire. Il s'engage alors dans une réflexion sur le temps, les modes de représentation du monde, de la vie, de la mort, forgés par la culture spirituelle japonaise. Et dans ce voyage qui est aussi intérieur il trouve enfin une forme de sérénité.
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Giacomo Foscari est un témoin sensible de l'évolution de deux sociétés chahutées au cours du XXe siècle : en Italie, pendant son enfance, il assiste à la montée du nazisme. Quelques années plus tard, il se retrouve jeune professeur au coeur du Tokyo intellectuel des années 60, en pleines tensions d'émancipation de la jeunesse. C'est via son parcours et ses rencontres hautes en couleurs que Mari Yamazaki nous invite à voyager dans l'histoire, entre cultures japonaise et romaine.
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À près de quatre-vingts ans, Ôe Kenzaburô n'a rien perdu de son enthousiasme et de sa confi ance envers la littérature. Il retrace son parcours d'écrivain sur un demi-siècle, sa découverte dans l'enfance du pouvoir des mots, les maîtres et les amis qui ont déterminé sa vocation, sa vie quotidienne avec son fi ls Hikari à Tokyo, le père lisant et écrivant, le fi ls écoutant et composant de la musique, les forces profondes à l'oeuvre dans ses romans, ses méthodes de travail, son engagement face à ce qu'il appelle le « crépuscule de la démocratie ». Une analyse sincère, lucide, sur cinquante ans d'une vie intellectuelle, qui nous restitue l'esprit d'un homme, d'une oeuvre, d'un temps, avec l'acuité et l'émotion de la vie.
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Le roman japonais vu côté Japon, comme un miroir qui viendrait dédoubler et enrichir notre propre lecture.
Une histoire de crise et de renouveau, de ruptures, comme celle créée en 1987 par la parution de Kitchen de Yoshimoto Banana, jalonnée de prix et de succès, bouleversée par les nouvelles technologies de l'information qui changent radicalement la place que prend le roman, des blogs aux téléphones portables, dans la vie des jeunes Japonais d'aujourd'hui. Une synthèse qui permet de découvrir comment les auteurs japonais les plus fêtés ici sont accueillis dans leur propre pays, la place qu'ils occupent dans l'histoire littéraire japonaise, les mouvements, les modes et les filiations, et bien d'autres données qui transforment notre regard sur ces écrivains, de Murakami Haruki à Kawakami Hiromi, que nous aimons lire et allons ainsi redécouvrir.
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Sylvain Coher a écrit le récit terrible et fascinant de l'aventure de trois jours et trois nuits d'un groupe de clandestins venus de l'Est. Menés par un passeur, ils marchent dans la montagne, vers le rêve ou l'illusion d'un pays d'accueil. C'est un conte philosophique moderne, troublant de matérialité et de vérité. C'est une histoire tendue entre fiction et réalité, née de l'imaginaire de l'auteur, inspirée de paroles d'émigrés recueillies pour le projet« FRONTIèRE » du théâtre de l'Arpenteur à Rennes et aussi marquée par la dure actualité quotidienne des affaires de clandestins et de passeurs.
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Le regard que porte Ikezawa sur ses frères humains est à la fois espiègle et rempli de bonté. Du Brésil à l'île d'Okinawa, ses histoires nous emportent dans des contrées, à mi-chemin du réel et du songe, où des forces anciennes sont encore à l'oeuvre et influent sur les vivants. Elles nous parlent de la mystérieuse sémantique des rêves, de la fraîcheur vivace des sentiments surgie intacte de l'épaisseur du temps. Mine de rien, le quotidien s'enchante alors d'une magie inattendue, d'une beauté puisant aux sources de la vie.
Somnambules sonatines. Ikezawa joue en virtuose discret sa petite musique de l'âme à travers des histoires entre rêve et réalité (Sean James Rose, Livres Hebdo).
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Sokudô est un jeune moine zen. Il a succédé à son père dans un petit temple de province qu'il dirige avec sa femme, venue d'Osaka cinq ans plus tôt. La mort d'une vieille médium qu'il connaît depuis l'enfance l'amène à réfléchir à la vie et à la mort, au sens de son cheminement de moine zen depuis sa première retraite initiatique, et à la place de la religion dans le Japon. Les romans de Genyû Sôkyû, riches de l'expérience personnelle de bonze de l'auteur, traitent avec humour et réalisme des contradictions de l'homme contemporain, de ses croyances, valeurs, représentations, de la mort en particulier.
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" Connu pour sa notoriété " : avec l'humour qui le caractérise, Jacques Roubaud a souvent repris à son compte ce mot de Heine. Il est vrai que son oeuvre est à la fois immense, multiple et proliférante, et qu'elle est souvent présentée comme difficile ou codée. Aussi existerait-il plusieurs Roubaud possibles : un oulipien sérieux, un oulipien joueur, un poète fantaisiste et faussement naïf, un grand poète lyrique, un autre poète enfin, logicien et méditatif ; et encore un mathématicien austère, un amoureux fervent, un poéticien érudit, un prosateur plein d'artifices... Dans ce dialogue avec Jean-François Puff, Roubaud se confie pour la première fois. Il revient sur une existence de passions raisonnées, toute aux curiosités et aux appétits littéraires et poétiques, en modestie, en humour. Le livre, illustré et documenté avec ses pages d'anthologie, se prête aux lectures et relectures de la poésie et de la prose de Roubaud, et propose la découverte d'une vie consacrée à l'écriture.
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Kezawa s'est inspiré de faits réels survenus dans les années 1980 pour élaborer la trame de ce roman qui célèbre la force rédemptrice des liens fraternels. Un jeune peintre japonais, Tetsurô, voyage dans le paradis tropical de Bali, en quête d'inspiration. Happé par une rencontre féminine néfaste, il devient héroïnomane et se retrouve en prison en Indonésie pour détention de stupéfiants, charge passible de la peine de mort dans ce pays. Sa soeur, avec qui il partage depuis l'enfance une complicité sans faille, va lui porter secours de manière opiniâtre et dévouée. Bravant les avocats véreux et les juges corrompus, dans un pays qui n'est pas le sien, Kaoru devra se fondre dans les pratiques locales et s'inspirer de la dévotion et des prières balinaises, pour trouver la force de sauver Tetsurô.
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Depuis la fenêtre de sa chambre, un jeune étudiant, oisif et désargenté, prend régulièrement en photo avec son téléobjectif une très jeune prostituée d'origine philippine dont il est tombé amoureux. Avec le camarade de ses errances dans le quartier interlope de Shinjuku, il finit par la rencontrer et rêve, naïvement, de l'extraire du brutal milieu dans lequel elle est piégée. Cette nouvelle a initialement été publiée aux éditions Picquier dans le recueil Tokyo électrique pour lequel il avait été demandé à des romanciers vivant à Tokyo d'écrire un «roman de leur ville».
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Près de 14 ans après la vague du tsunami de 2011 qui a touché les côtes du Nord-Est du Japon, les répercussions sont encore prégnantes, dans les paysages, les pensées de chacun.e, la nature même. Après la publication de Kesengawa (2012) et Rikuzentakata (2016), consacrés aux conséquences plus directes, humaines et matérielles du tsunami, Naoya Hatakeyama s'est intéressé au sort des arbres au fur et à mesure de la reconstruction de la région côtière. Il constate la métamorphose des paysages, inévitable du fait du réaménagement et du retour des activités humaines. Aux détours de ses marches du Sud vers le Nord, il repère un arbre encore debout balafré d'une grande entaille, comme coupé en deux entre une moitié recouverte de feuilles et une autre, nue et sans vie. C'est là que le projet Tsunami Trees prend racine.
Emportés par la vague, une grande partie des arbres est complètement détruite et jonche le territoire comme les vestiges d'un monde disparu.
D'autres se sont desséchés progressivement, affectés par les eaux salées, certains ont été coupés et utilisés pour la reconstruction. Enfin, il y a ceuxqui sont restés entre la vie et la mort, en repoussant à moitié. Une reprise vaillante que Naoya Hatakeyama éprouve dans les changements de lumière, dans les saisons qui se succèdent ; un cycle perpétuel dont le photographe révèle simplement la beauté.
Son texte en fin d'ouvrage permet d'éclairer sa démarche qui témoigne des transformations structurelles d'un paysage après ravage. Il met en relation notre place humaine dans un monde de « nature transformée » que nous malléons à grands renforts de routes, de digues et de constructions, en nous déconnectant de la dynamique autant pérenne qu'éphémère de la nature. Un monde qui peut être rasé en un instant par la puissance implacable d'une vague. Mais qui sait, aussi, se réadapter après le chaos, la disparition, et qui renaît petit à petit. -
Quand un jeune Japonais découvre dans ses pérégrinations humoristiques et ironiques les travers de la vie parisienne. Il scrute et déchi re en images notre quotidien dans ses moindres détails, comme le ferait un Florent Chavouet à Tokyo, et apprend à ses risques et périls les charmes de la France que nous découvrons dans ce livre comme dans un miroir.