Le téléphone qui sonne.
Et l'improbable qui arrive : un père inconnu jusqu'alors émerge du néant au moment de mourir. Ne pas y penser. ne pas faire l'autruche. Continuer de considérer cet homme pour ce qu'il est : un inconnu. aller au chevet du mourant. l'accompagner dans ses derniers instants. Tout se bouscule et pourtant il faut continuer à vivre, le boulot, les enfants, les copains, la vie quoi. La vie donnée par ce géniteur qui surgit comme un diable de sa boîte, trop tôt pour se faire oublier, trop tard pour lui poser les questions essentielles.
s.
dit qu'il n'y a rien de mieux que d'aller en bateau, en mer, et de pêcher des poissons et de les cuire dans le cockpit du bateau et ensuite de fumer un cigare et de boire du vin et de s'allonger, à l'ombre, et dormir.
L'Argentine, pays neuf s'il en est, est un pays de mythes : Evita, le Che, Gardel ou Maradona en témoignent suffisamment. Simon Radowitzky est l'un de ces mythes. Si sa légende n'est pas vraiment arrivée jusqu'à nous en Europe, c'est que il a tout fait pour se faire oublier, pour se fondre dans la masse, jusqu'à changer de nom uniquement pour devenir anonyme. Pourtant, il n'y eut jamais en Argentine d'effort collectif de la classe populaire aussi massif que la campagne pour la libération de Radowitzky.
Simon a passé les premières années de sa vie dans un village misérable au sud de Kiev. Issu d'une famille juive pauvre, qui doit fuir le village sur lequel s'abat la répression des cosaques, l'enfant de dix ans, après un très bref passage par une école juive rabbinique où il a tout juste le temps d'apprendre à lire, échoue au travail. Et le travail en ce tout début du 20e siècle n'est pas très différent de l'esclavage.
Une partie de cartes entre amis est brusquement interrompue : dehors ont commencé à tomber des flocons d'une neige phosphorescente mortelle. C'est le début d'un cauchemar, le prélude tragique à une invasion extraterrestre qui va apporter mort et destruction dans le monde entier. La saga de L'Éternaute raconte la résistance de Buenos Aires à l'invasion extraterrestre, la destruction de la ville, la tentative des humains pour conserver leur bien-être, et la civilisation bâtie jusque-là. Cependant, L'Éternaute n'est pas tout à fait une bande dessinée de science-fiction : elle se développe à partir du présent et se révèle page après page comme une prophétie.
« Aujourd'hui, j'ai rencontré Chavela Vargas. Extraordinaire, lesbienne, elle est telle que je la désire... » écrit Frida Kahlo à son ami Carlos Pellicer.
Ce livre retrace le récit pudique de leur relation, conté par Chavela, trente cinq ans après la mort de Frida, à un jeune touriste rencontré dans une cantina de Coyoacán, le quartier des artistes de Mexico, par une pluvieuse après-midi.
Récit de leur vie à trois, dans la merveilleuse « casa azul » ou elle est arrivée un soir de fête, pour n'en repartir que deux ans plus tard. Frida a dix ans de plus qu'elle et Diego bien plus encore, et c'est avec un regard émerveillé et naïf de gamine, qu'elle les observe et boit leurs paroles, leurs gestes, leurs drames et leur passion. Cependant c'est vers Frida que va son profond attachement, Frida l'artiste, Frida la femme : «Bien que je l'admirais, mon amour pour elle était bien plus grand que mon admiration pour son art...».
Elles ont en commun d'être rebelles, insoumises aux dogmes sociaux, exploratrices de tous les possibles, dans l'art, en amour, dans leur sexualité, leur vie...
C'est l'histoire de l'amitié entre Pablo Ruiz Picasso et Carles Casagemas, que raconte le dernier roman graphique de Tyto Alba.
Compagnons inséparables dans la création comme dans la joyeuse vie d'étudiants en ce début de siècle en Catalogne, ils se soutiennent, se copient, se motivent et se critiquent l'un l'autre. Carles est taciturne, Pablo enthousiaste. De leurs faiblesses communes ils font une force qui les portera jusqu'à la ville lumière ou se déroule l'Exposition Universelle de 1900.
Ensemble ils explorent la vie de bohême parisienne : les tableaux vendus dans l'après-midi dont l'argent est vite flambé en festivités le soir même, les femmes libres qui s'offrent sans façons, le vertige des jours et nuits qui filent, se fondent et se confondent en une joyeuse fête sans principes.
Venise suffoque sous le joug de l'occupation nazie.
C'est sur cette toile de fond que le jeune Hugo Pratt, tout juste de retour de campagne d'Ethiopie, retrouve un monde empli d'espions, d'agents doubles et de révolutionnaires.
L'amérique est en train de changer.
Mais pour toland polk, cela n'a guère d'importance. déjà plus adolescent mais pas encore adulte, toland doit affronter seul une différence que la société n'est pas prête à accepter en ce début des années soixante : celle de son homosexualité. la rencontre inattendue de ginger raines va pousser toland à sortir de sa coquille et lui faire découvrir une oppression bien plus violente que celle qu'il subit : celle des noirs dans un sud encore ségrégationniste.
Engagé malgré lui dans la lutte pour les droits civiques, le jeune homme va devoir prendre ses responsabilités vis-à-vis des autres et de lui même. originaire du sud des etats-unis, howard cruse mêle fiction et incidents vécus dans ce récit dense oú se déploie tout un pan de la société américaine. le portrait qu'il brosse évite les simplifications manichéennes pour montrer une société en crise lorsque ses contradictions se heurtent à l'évolution des mentalités.
Il décrit un sud oú les marginaux de tous bords se côtoient et oú la résistance à l'oppression des uns porte déjà en germe celle des autres. surtout, il crée en toland polk un héros complexe, attachant malgré ses défauts, qu'un parcours quasi initiatique va amener à découvrir la noirceur, la grandeur et la complexité du monde.
Ce roman graphique du jeune américain Theo Ellsworth est pour le moins étonnant. Invité en un voyage surréaliste dans les méandres de l'esprit de l'auteur, le lecteur est embarqué dans un dédale de forêts, de villes et de cavernes extraordinaires, dans un univers onirique peuplé de monstres bienveillants qui ne sont pas sans rappeler les Maximonstres de Maurice Sendak. Nous proposant d'effectuer ce voyage à la première personne, il suggère une vision inédite de l'esprit du créateur, complexe, tortueux, fascinant, d'une richesse infinie. Comme dans un rêve, Ellsworth enchaîne les aventures - nos aventures - avec une chaleur et une sincérité qui séduisent immanquablement. Son sens du détail très poussé nous entraîne dans chaque page, dont chaque relecture propose de nouvelles découvertes. Si l'exploration de l'inconscient de l'artiste n'est pas un sujet neuf, on peut sans peine dire que ce roman graphique s'y livre de manière visionnaire et, sans nul doute, est de ceux qui marquent profondément ses lecteurs, dans un univers similaire à celui du célèbre film "Dans la peau de John Malkovich".
Le modus operandi de Robert Sikoryak consiste à faire interpréter des classiques de la littérature par des classiques de la bande dessinée américaine. Chez Sykoriak, Beavis et Butthead attendent Godot ; un certain Superman apprend qu'aujourd'hui, Maman est morte, et, du coup, va tuer un Arabe sur la plage ; les Hauts de Hurlevent ont d'inquiétantes allures de Conte de la Crypte ; ou encore, l'anti-héros de Crime et Châtiment, Raskol, ressemble étrangement à une chauve-souris aux super-pouvoirs. Avec Masterpiece Comics, Robert Sikoryak a réalisé une oeuvre unique et formidablement aboutie. Personne n'avait réalisé une telle interpénétration de l'oeuvre source et de sa variation BD. Non seulement Sykoriak réussit à établir d'étonnants parallèles entre personnages de la « grande littérature » et de la culture populaire BD, mais il réalise ces étonnants hybrides avec une performance virtuose, chaque parodie s'appuyant sur la re-création parfaite du style graphique original. Un album somptueux et plein d'humour, qui ravira tous les lecteurs à la culture éclectique qui sauront reconnaître chacune des citations.
Un jeune homme élégant vient visiter une chambre à louer dans un appartement immense et classieux. La chambre est libre, l'affaire est vite conclue avec les autres locataires. Mais le nouvel arrivé découvre bien vite qu'il ne peut plus sortir... pas davantage que les autres occupants. La porte par laquelle il est entré semble condamnée, comme le sont les fenêtres, et toute autre issue.
Ainsi commence "Abaddon", roman graphique de Koren Shadmi, jeune New-Yorkais d'origine israélienne, un cauchemar polymorphe, où l'auteur, dans un graphisme très personnel et fascinant, alterne le quotidien emmuré des cinq protagonistes et les cauchemars du héros, hanté par des images de guerre. Est-il victime d'une machination infernale, ou bien en proie à la folie ? Quel est le lien entre ses récurrentes visions guerrières et sanglantes et ses quatre très étranges colocataires, dont aucun ne semble vouloir regagner le monde extérieur ?
Après avoir raconté son adolescence africaine, le retour à Venise pendant l'occupation allemande et la fin de la guerre, ce troisième et dernier volume de la biographie d'Hugo Pratt, est dédié à la période argentine. Une quinzaine d'années faites de rencontres et collaborations avec d'autres grands auteurs, marquées par la parution d'Ernie Pike ou Sergent Kirk, Ticonderoga et Wheeling. Le futur créateur de Corto Maltese s'affirme et devient l'un des grands maîtres de la littérature dessinée
USA, 1932. La crise fait rage, jetant son quota de miséreux sur les routes. Parmi eux, Freddie Bloch, douze ans, est le héros - fugueur - narrateur de ce road-comics qui se déroule pendant l'une des périodes les plus noires du XXe siècle américain. Avec Freddie et son compagnon - sauveur sauvé - Sammy le roi d'Espagne, nous pénétrons l'univers des hobos, ces clochards du rail, avec ses codes secrets, ses illuminés et ses tordus. Voyage initiatique, rendez-vous historique, ode à la route des London ou des Tom Sawyer, Les Rois Vagabonds, de nombreuses fois primé aux États-Unis, restera longtemps gravé dans la mémoire du lecteur.
La chute de neige mortelle n'a été que le début. Quarante ans après la bataille autour du stade de River Plate et le bombardement atomique de Buenos Aires, l'invasion des extraterrestres a triomphé. Les "Mains" intégrés à la société tels des leaders politiques et sociaux sont chargés d'inculquer dans la population une vérité historique qui les présente comme des bienfaiteurs de l'humanité et non comme des conquéreurs sanguinaires. Mais la résistance n'a pas disparu. Se cachant dans les tunnels abandonnés du métro, Favalli dirige un groupe de jeunes ayant grandi dans la rue dans un combat inégal, mais nécessaire.
Tina Modotti fut une photographe et une actrice italienne qui consacra sa vie à l'art et à la révolution . Malgré ou peut-être à cause de la brièveté de sa carrière, Tina reste l'incarnation d'une indomptable vitalité latine qui s'affirme à travers l'épreuve de l'exil et de la création artistique. Le trait d'Angel de la Calle n'est pas sans rappeler Spiegelmann et cette oeuvre monumentale sur Tina Modotti a été l'objet de plusieurs nominations en Espagne et a reçu un prix au Brésil.
Après avoir goûté l'ivresse du pouvoir politique, Cerebus, toujours aussi cupide et cruel, va savourer une autre forme de toutepuissance : il devient Pape ! Désormais audessus de toute autorité, et échappant à tout contrôle, Cerebus s'emploie à faire régner la terreur, jusqu'à ce que. Voilà que la carrière de Pape de son antihéros donne ici à Dave Sim l'occasion de poursuivre la délirante histoire de Cerebus - et d'y inscrire ses gags les plus mémorables et les plus monstrueux, comme une intéressante vision de la papauté et de ses privilèges. Par ailleurs, il continue d'entourer Cerebus de personnages plus réjouissants les uns que les autres, parmi lesquelles son épouse (eh oui !), la voluptueuse Red Sophia, qui lui vaudra également une ignoble belle-mère. En bref, la carrière mouvementée de Cerebus continue tambour battant, pour notre plus grand plaisir. Moins dense que High Society, cet opus n'en reste pas moins écrit, et toujours irrésistiblement drôle. Le dessin est de plus en plus somptueux et virtuose. Si les influences sont toujours sensibles (Neal Adams, Will Eisner), le style de Sim s'est ici apuré et il a décidement trouvé ses marques. En outre, Sim s'associe ici avec Gerhard, le dessinateur à qui l'on devait déjà le remarquable hôtel Regency en couverture de High Society et qui désormais va se charger des décors. De l'avis des connaisseurs, c'est avec ce premier volume de L'Église et l'État que Dave Sim trouve le rythme de croisière de sa saga. En effet, de rebondissements en coups de théâtre, ce deuxième volet s'avère absolument captivant.
Traîner dans la rue.
Faire partie de la bande. pendant des années, nous n'avons pas cherché autre chose. je ne me souviens ni des parents, ni des jeux vidéos ou des programmes télé. il y avait la rue, avec ses lois inconnues et ses figures menaçantes. et il y avait nous, qui étions encore innocents, jusqu'à à la preuve du contraire. mais surtout il y avait la rue. elle changeait de couleur une fois les lampadaires allumés. elle devenait un miroir, après la pluie.
juillet 2000.
neuf mois que le second conflit en tchétchénie a commencé. la petite république caucasienne est de nouveau administrée directement par moscou. après une guerre meurtrière, les civils vivent sous la terreur, des dizaines de milliers d'entre eux se sont réfugiés dans la république voisine d'ingouchie, dans des camps délabrés et insalubres. un jeune médecin français et son chauffeur tchétchène tentent, parmi d'autres, d'apporter à ces réfugiés une aide " utile quoique dérisoire ".
leur route est semée de rencontres, qui juxtaposent, à l'horreur de la guerre, des situations émouvantes et dignes, décalées et drôles, comme seule la vie peut en produire dans un tel contexte.