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Plein Jour
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Anatomie d'un génocide ; vie et mort dans une ville nommée Buczacz
Omer Bartov
- Plein Jour
- 15 Janvier 2021
- 9782370670564
Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd'hui en Ukraine). Pendant plus de 400 ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble ; jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, étudié depuis l'avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l'avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l'antisémitisme s'accroît. À partir d'archives récoltées pendant plus de 20 ans, d'une documentation considérable, de journaux intimes, de rapports politiques, milliers d'archives rarement analysées jusqu'à aujourd'hui, il retrace le chemin précis qui a mené à la Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d'Europe.
Omer Bartov est professeur d'histoire européenne à Brown University (États-Unis). Il est l'auteur de plusieurs livres importants, dont un seul, jusque-là, a été traduit en français (L'Armée d'Hitler, Hachette, 1999). Anatomie d'un génocide a été célébré par Jan Gross, Tom Segev, Christopher Browning, Saul Friedlander, Philip Sands...
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Contes des frontières : Faire et défaire le passé en Ukraine
Omer Bartov
- Plein Jour
- 5 Janvier 2024
- 9782370670731
A` nouveau Omer Bartov e´tudie Buczacz, a ville de Galicie qui servait de´ja` de point d'ancrage pour de´crire le processus du ge´nocide dans Anatomie d'un ge´nocide (Plein Jour 2021). Cette fois, il e´tudie les perceptions et l'imaginaire que chacune des communaute´s juive, polonaise et ukrainienne nourrissait sur elle-me^me, ce a depuis les origines de sa pre´sence dans ce territoire des confins de l'Europe.
Comment des voisins partageant un sol commun ont-ils e´ abore´ des re´cits fondateurs de leurs identite´s jusqu'a` opposer leurs me´moires ? comment se voyaient-ils les uns les autres, mais e´galement eux-me^mes ; quels espoirs nourrissaient-ils ? Les mythes ont ainsi influence´ a grande histoire, le nationalisme, les luttes, et de fac¸on plus intime les espoirs individuels, voire les de´sirs de partir de´couvrir un monde plus arge, nouveau, moderne. Ce livre, qui traite de ces re´cits « nationaux », de a construction de l'identite´ et de l'opposition qu'elle peut induire entre les diffe´rents groupes, apparai^t comme une cle´ de compre´hension du passe´ autant que du pre´sent. Aujourd'hui avec a guerre en Ukraine, sa re´sonance, son actualite´ sont encore plus nettes. -
Un si long mois de février : Histoire intime de la guerre en Ukraine
Clara Marchaud
- Plein Jour
- 8 Mars 2024
- 9782370671004
Comment vit-on au quotidien pendant une guerre ? Comment se lave-t-on quand il n'y a ni eau ni électricité ? Que choisit-on d'emporter dans le métro lorsque les bombes s'abattent sur votre quartier ? Quel avenir, quand on a moins de 30 ans, se dessine devant vous ?
Clara Marchaud vivait en colocation avec des amies à Kyiv avant l'invasion russe de l'Ukraine. Elle raconte l'affolement du 24 février 2022, la course vers les abris, la fuite dans des trains bondés. Puis, à mesure que la guerre s'installe, elle explore les sujets qui, peu à peu, s'imposent à tous : l'engagement, le choix de partir ou non à l'étranger, la découverte de la haine et de la colère, qui envahissent jusqu'à vos relations avec vos proches, mais aussi l'amour au temps des combats, et les moments de joie, lorsque tout, un instant, semble revenir à la normale.
Car, désormais, la population reste face à un enjeu existentiel : vivre dans le chaos, mais vivre tout de même. -
De Charles Bukowski à Philippe Sollers, de Marguerite Duras à Jean d'Ormesson, ce livre évoque, au gré de la mémoire, les très riches heures de l'émission Apostrophes et ses grandes figures... Ce n'est pas pour autant un hommage nostalgique, ni une galerie de portraits.
J'essaie surtout, en me souvenant des débats de Bernard Pivot écoutés alors religieusement (et redécouverts, des années après, dans les trésors de l'INA), de mesurer le travail de la littérature, l'évolution du jeune homme que j'étais face à des figures paternelles intimidantes, à la télé et dans ma vie.
Comment se saisir de l'écriture ? C'est la question que posait Apostrophes, inlassablement, semaine après semaine - et que j'ai cherché, dans son ombre portée, à faire mienne. -
L'Europe et la Souveraineté : Visions franco-italiennes, 1897-2023
Maria elena Cavallaro, Gaetano Quagliariello, Dominique Reynié, Collectif
- Plein Jour
- 15 Mars 2024
- 9782370671011
Dès sa genèse, l'idéal d'une Europe unie, forte et indépendante a constitué une réponse audacieuse aux défis contemporains. Aujourd'hui, alors que les bouleversements qui caractérisent notre époque interrogent la capacité des institutions à faire face à un avenir incertain, cet ouvrage invite à une réflexion approfondie sur les fondements du projet d'intégration européenne, ses évolutions dans le temps et l'opportunité qu'il a représentée et continue de représenter pour les peuples d'Europe.
Réalisé dans le cadre d'un partenariat associant la Fondation pour l'innovation politique et la Fondazione Magna Carta et inspiré par la volonté de consolider la coopération entre la France et l'Italie, ce recueil réunit les textes de vingt-deux personnalités politiques éminentes, françaises et italiennes, qui ont marqué l'histoire de l'intégration européenne et réfléchi sur le lien entre souveraineté nationale et souveraineté européenne. Le volume est introduit par des textes de Gaetano Quagliariello et Maria Elena Cavallaro. L'ouvrage se conclut par un texte que l'on doit à Dominique Reynié.
Le recueil présente des textes importants, initialement publiés en français ou traduits de l'italien, de Luigi Einaudi, Aristide Briand, Robert Schuman, Alcide De Gasperi, Pierre Mendès France, Charles de Gaulle, Altiero Spinelli, Gaetano Martino, Georges Pompidou, Aldo Moro, Giulio Andreotti, Simone Veil, Bettino Craxi, François Mitterrand, Jacques Delors, Romano Prodi, Jacques Chirac, Carlo Azeglio Ciampi, Valéry Giscard d'Estaing, Emmanuel Macron, Mario Draghi et Édouard Balladur.
La Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) est un laboratoire d'idées fondé en 2004. Depuis 2008, elle est dirigée par Dominique Reynié, professeur à Sciences Po. -
En décembre 2021, tandis que ses troupes se massaient aux frontières de l'Ukraine, le pouvoir russe interdisait l'association Memorial, principal mouvement issu de la société civile dans la Russie post-soviétique, qui, depuis la fin des années 1980, mène un travail systématique de mise au jour des crimes du communisme et de défense des droits de l'homme. Un an plus tard, l'ONG recevait le prix Nobel de la paix.
Etienne Bouche a longuement rencontré ses militants, évoqué avec eux leur action, qu'ils poursuivent clandestinement aujourd'hui, et la persécution qu'ils subissent depuis des années, à l'image de l'historien Iouri Dmitriev, emprisonné pour un motif fallacieux depuis 2016. En retraçant leur trajectoire, il dresse à travers eux un portrait unique de la société russe contemporaine, de Moscou, où une jeune classe moyenne aspire à un mode de vie occidentale, aux lieux les plus reculés de cet immense territoire.
Il montre aussi que Poutine n'a pas fait par hasard de Memorial son principal ennemi intérieur, tant le mensonge historique, de sa réhabilitation des « grandes réalisations » de Staline à la manipulation de la mémoire de la seconde guerre mondiale, est au fondement même de son pouvoir. La vérité, dans le monde qu'il a créé, est devenue inacceptable. Voici l'histoire de ceux qui, malgré la violence dont ils sont l'objet, sont décidés à la défendre jusqu'au bout. -
Je suis né à Madrid, dans les années soixante. Franco était encore au pouvoir et, de temps en temps, son cortège passait devant ma fenêtre. Quelquefois, ma mère et moi nous descendions pour voir de plus près. Je n'oublierai jamais cette attente, le défilé des limousines sur l'avenue. Paradoxalement, nous habitions un quartier d'étrangers et d'artistes où régnait une atmosphère authentiquement cosmopolite, une réelle décontraction. Un quartier qu'on appelait plaisamment Costa Fleming parce qu'on s'y sentait, disait-on, tous les jours en vacances.
La vie, lorsqu'elle n'est pas corsetée par l'idéologie, nous réserve parfois des surprises. Je ne crois pas à la liberté absolue, qui ressemble trop à un rêve de toute-puissance, mais j'aime les parenthèses, les clairières du temps, quand les certitudes desserrent leur étreinte et laissent aux individus le loisir de respirer et d'inventer.
J'évoque ici une période particulière de l'histoire de l'Espagne, les deux décennies comprises entre 1965 et 1985, qui sont aussi les années de mon enfance et de ma jeunesse. La dernière séquence du franquisme, la transition démocratique, la tentative de coup d'État, la Movida... En ce temps-là, les pays occidentaux semblaient encore très différents les uns des autres, et l'Espagne était l'un des plus singuliers. Depuis, une certaine uniformisation est à l'oeuvre. Doit-on s'en réjouir, le regretter ? Il n'est pas interdit, en tout cas, de se souvenir. -
Un jour, leur patron est parti avec la caisse. Depuis, Lin Mei et ses collègues du petit salon de beauté tiennent les lieux, mangent et dorment sur place, décidées à rester coûte que coûte. Et si elles continuent à soigner les ongles et les cheveux, désormais elles s'occupent aussi d'elles-mêmes, de leurs droits, de la reconnaissance de leur travail et de leur dignité. Mouvement social d'une forme inédite, mené à sept, sans personne en face, leur lutte est une parade où défilent la fierté et la beauté de ces vies précaires, abandonnées, qui peuplent nos villes sans qu'on les voie.
Comment, parti de Chine ou d'Afrique de l'Ouest avec l'espoir d'un meilleur destin, se retrouve-t-on dans un pays étranger, sans autre bien qu'un ventilateur pour sécher les ongles ou une paire de ciseaux ? Sylvain Pattieu, pour trouver des réponses, a tenu sur plusieurs mois la chronique de ce microcosme chaotique, de cette petite boutique effervescente qui concentre les failles et les espoirs du monde contemporain. En mettant son art de romancier au service du réel, il en a tiré une comédie sociale endiablée, où la nostalgie et la colère n'atténuent pas la vivacité d'une parole inlassable, vive, moqueuse, dont il fait la voix même de notre époque.
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Le brassard : Alexandre Villaplane, capitaine des Bleus et officier nazi
Luc Briand
- Plein Jour
- 26 Août 2022
- 9782370670748
Le football des années 1920 a un nom : celui d'Alexandre Villaplane, un gamin des quartiers populaires d'Alger que l'« amateurisme marron », le faux amateurisme, a happé et conduit vers la gloire en métropole. Shooteur de classe, inventeur de gestes techniques audacieux, le jeune joueur régale le public français, qui se masse bientôt dans les stades pour le voir évoluer avec les plus grands clubs du moment, puis dans l'équipe de France dont, en 1930, il devient capitaine lors de la première Coupe du monde de l'histoire.
Après cette consécration vient la dérive d'un homme seul et avide d'argent vers les bas-fonds et les trafics minables. Puis la chute et l'ignominie lorsque, pendant l'Occupation, il rejoint la Gestapo française de la rue Lauriston. Devenu allemand, il achève son parcours comme officier nazi, traître et tortionnaire de ses anciens compatriotes. Il sera exécuté à la Libération.
Alexandre Villaplane est la légende noire du football français. -
Minnie Dean est en Nouvelle-Zélande l'équivalent du croquemitaine, une héroïne de comptines qui fait peur aux enfants. Pour les adultes, elle a été, en 1896, l'unique femme condamnée à mort et pendue dans ce pays si éloigné de son Écosse natale. Elle était accusée d'avoir tué neuf enfants, que les mères, dans des situations précaires, mettaient en pension chez elle. Minnie Dean était une nourrice, ce qu'on appelait une baby farmer.
Amaury Da Cunha, fasciné par ce personnage victorien, dont les larges jupes s'ébrouaient dans les paysages sauvages, arides ou luxuriants des antipodes, profite d'un séjour en Nouvelle-Zélande pour suivre ses traces, retrouver des documents d'époque, parler aux biographes, et observer la vivacité de son souvenir chez les habitants de l'île. Des coïncidences rythment son voyage, qui tissent le récit mystérieux d'une obsession nationale autant que personnelle. Tout le monde parle de Minnie, tout le monde a peur de Minnie, et personne cependant n'est totalement convaincu de sa culpabilité.
Amaury da Cunha est né à Paris en 1976. Écrivain et photographe, il a publié deux textes d'inspiration poétique (Fond de l'oeil et Histoire souterraine, aux éditions du Rouergue) et des livres de photographie. Il est également journaliste au service photo du Monde.
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Hannah Nordhaus est l'arrière-arrière-petite-fille d'un des fantômes les plus célèbres des États-Unis, Julia Staab, émigrante juive-allemande qui a vécu au Far-West au dix-neuvième siècle et qui, selon certains, hante désormais sa maison de Santa Fe. Quel a été son destin, que la rumeur a transformé en un conte gothique plein de larmes et de sang ? Quelles traces a-t-elle laissées ? Peut-on rencontrer les morts, peut-on ressusciter le passé ? Après avoir longtemps rêvé sur cette métamorphose d'une épouse juive d'autrefois en fantôme contemporain, Hannah Nordhaus décide de partir à sa recherche, de libérer Julia de la légende en enquêtant sur sa vie.
Avec un acharnement et une puissance d'évocation qui rappellent le Daniel Mendelsohn des Disparus, elle se lance dans un voyage à travers les souvenirs, les journaux intimes, les correspondances, aidée par des historiens, des généalogistes, des parents, des médiums, à la poursuite d'une femme et d'un fantôme, et d'abord de sa propre histoire familiale. De l'Allemagne ancestrale aux débuts du capitalisme américain, de l'épopée des pionniers du Nouveau Monde au sort tragique des Juifs d'Europe de l'Est, Un fantôme américain est une quête passionnée de la vérité d'une vie, de toutes les vies, la fresque somptueuse d'un monde arraché à l'oubli.
Traduction de Sibylle Grimbert & Florent Georgesco.
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La Hongrie sous Orban : histoires de la grande plaine
Corentin Leotard
- Plein Jour
- 4 Février 2022
- 9782370670700
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La révolution suspendue : les Bélarusses contre l'Etat autoritaire
Ronan Hervouet
- Plein Jour
- 14 Avril 2023
- 9782370670809
L'histoire du Bélarus indépendant est jalonnée de cycles répressifs. Depuis 1996, ce pays, en forme de conservatoire de l'Union Soviétique, où les statues de Lénine trônent encore sur les places, est tenu par un dictateur sans merci, Loukachenko, dans une atmosphère étouffante d'où il est presque impossible de s'extraire. Pourtant en 2020, une contestation populaire, à la suite d'élections truquées, le secoue. Elle se terminera dans une répression sanglante, avec le départ à l'étranger de sa jeunesse.
Ronan Hervouet est parti à la rencontre de cette opposition exilée, où chacun lui raconte ces journées de lutte, puis la fuite, et la reconstruction ailleurs d'un combat qui ne s'interrompt pas. En sociologue et en fin connaisseur du Bélarus, il documente ces journées de l'été 2020 où hommes et femmes de toutes générations ont cru au changement. Ainsi entre-t-on dans une histoire immédiate peuplée de destins individuels dans un climat de roman d'espionnage. -
Comment construire une cathédrale
Mark Greene
- Plein Jour
- Les Invraisemblables
- 15 Septembre 2016
- 9782370670199
« Je m'aperçois, à ce moment-là, qu'il n'a presque plus de dents. C'est ainsi : il n'a presque plus de dents, et il s'en porte à merveille. Il est comme ça, Justo : il construit une cathédrale, excusez du peu, quand d'autres se font faire des implants ! Tout de suite, j'ai pensé : je me réjouis qu'il n'ait plus de dents. Je lui en suis reconnaissant. Il n'est pas important d'avoir de belles dents. On ne doit pas s'en faire, pour ses propres dents. Ce qui compte, c'est la vérité. » L'histoire de Justo Gallego qui, depuis plus de cinquante ans, construit, seul, une cathédrale dans la banlieue de Madrid. Quand un romancier rencontre un héros de l'acte absurde, Don Quichotte s'incarne soudain, et le roman devient réalité.
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Ils s'appellent Cassie, Gaby, Annette, Rup... Ils ont entre 13 et 17 ans, et vivent aux États-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne. Un jour, leur famille leur a paru insupportable et ils ont fugué, puis, pour survivre, se sont prostitués. Gitta Sereny, avec son incomparable talent pour saisir la vérité d'une vie, leur fait raconter leurs histoires, rencontre leurs parents, leurs proxénètes, cherche à les aider.
Cela se passe dans les années 1980 ? il n'y a pas si longtemps. Une époque où des hommes, ici, dans notre partie du monde, pouvaient presque impunément avoir des relations sexuelles avec des mineurs, où la pornographie commençait à devenir un produit de consommation de masse. À travers cette enquête, Sereny tente de lutter contre cet état de fait. Certains de ces enfants ont été sauvés, d'autres non.
Avec leur colère, leur ingéniosité, leur mauvaise foi, leur innocence, ils incarnent cette enfance qui, toujours avide de liberté et pressée de grandir, risque de tomber entre les mains de ceux qui veulent lui faire oublier qu'elle est aussi, et surtout, vulnérable.
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La famille : une dissidence catholique au coeur de Paris, XVII-XXIè siècle
Jean-Pierre Chantin
- Plein Jour
- 7 Octobre 2022
- 9782370670755
Connaissez-vous « La Famille »? Vous avez sans doute entendu parler de ce groupe religieux vivant depuis le début du XIXe siècle dans l'est de Paris, en vase clos, dont les membres ne choisissent un conjoint que parmi les huit familles qui le composent. La presse s'en est largement fait l'écho. La question de savoir s'il s'agissait d'une secte s'est alors posée.
Ce livre apporte une réponse claire à cette dernière interrogation, mais surtout se plonge dans les origines lointaines de cette communauté, c'est-à-dire le jansénisme et Port-Royal au XVIIe siècle, les miracles et l'attente de la fin des temps.
La Famille est finalement un bon exemple de ce qu'est aujourd'hui un groupe religieux fervent, en apparence uni mais bien plus divers qu'il n'y paraît.
Jean-Pierre Chantin est docteur en histoire religieuse contemporaine, chercheur associé au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Larhra) et à l'Institut supérieur d'étude des religions et de la laïcité. -
« Les années quatre-vingt m'ont beaucoup donné. Ce sont celles de mes vingt ans, j'y ai connu l'amour et l'amitié, découvert des horizons inconnus, beaucoup ri et beaucoup appris. J'y ai eu les meilleurs maîtres, j'y ai lu les meilleurs livres et reçu les meilleures leçons.
Et pourtant, j'ai toujours une drôle d'impression quand j'y pense. C'est comme un doute. Une sensation persistante, entêtante, sucrée-salée, le sentiment d'avoir laissé ce début de décennie quatre-vingt me la faire à l'envers. Ainsi parlent les enfants d'aujourd'hui pour dire l'entourloupe, le tour de bonneteau qui laisse un peu honteux de s'être fait posséder. Merveilleuse expression de ceux qui ont le privilège d'avoir à présent les vingt ans qui étaient les miens à l'époque. » En 1983-1984, Xavier Charpentier est en hypokhâgne, il rencontre la philosophie et celle qui sera son maître, Renée Thomas. Autour de lui la France change, la marche des beurs arrive vers Paris, la publicité des chaussures Eram se déchaîne, on lit les petites annonces de Libé en allant voir Pauline à la plage de Rohmer au cinéma, et on se console du tournant de la rigueur en regardant, un soir à la télé, Vive la crise, présenté par Yves Montand. -
Les petits blancs ; un voyage dans la France d'en bas
Aymeric Patricot
- Plein Jour
- 17 Octobre 2013
- 9782843377242
Comment vivent les « petits Blancs » des quartiers pauvres de la République ? Les Américains utilisent, pour désigner ces oubliés du progrès social, méprisés d'être plus pauvres encore que les Noirs ou les Latinos, l'expression white trash. Se vit-on, dans la France métissée d'aujourd'hui, comme un « déchet blanc » ? Une conscience raciale est-elle en train de se substituer à la conscience de classe ?
Loin des préjugés qui empêchent de s'intéresser à ces hommes et ces femmes, Aymeric Patricot est allé à leur rencontre. Récits, analyses, portraits, conversations libres, approfondies, sans tabou : il trace le tableau précis et vivant d'une réalité plus diverse que l'idée qu'on en a, une réalité certes brutale, parfois cynique, souvent désespérée, mais qu'éclairent la générosité et la lucidité de certains de ses interlocuteurs. Le racisme, la violence, la haine de soi et du monde sont une tentation permanente quand, pauvre et sans horizon, on se sent relégué. Beaucoup s'y abandonnent, d'autres non. Tous offrent, sous le regard acéré d'Aymeric Patricot, un visage inattendu de notre société, qu'il est urgent de regarder en face.
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On serait tente´ de dire que 1884 fut une anne´e ordinaire. On y parle des e´trangers qui travaillent a` bas cou^ts et concurrencent nos produits. On invente des mots pour les gens a` la mode qui sont force´ment « pschutt » ou « vlan ». Le chole´ra venu de Chine frappe a` Toulon, passe a` Marseille et monte vers Paris. La province se me´fie de la capitale, le commerce pe´riclite. La France s'installe au Tonkin, re^ve de reconque´rir l'Alsace-Lorraine. On s'appre^te a` autoriser le divorce, on affirme la Re´publique, et naissent les bases d'un pays moderne.
Mois apre`s mois, Vincent Wackenheim raconte cette anne´e franc¸aise, dont il suit l'actualite´ a` travers la presse, a` l'e´poque ple´thorique, les correspondances, les romans, les spectacles, ne ne´gligeant aucun fait, du plus te´nu au plus important, de la mode a` l'e´ducation des filles, de la cuisine aux impo^ts. Son re´cit reconstitue avec naturel et pre´cision ce qu'un individu vivant en 1884 sait de son temps. Il fait revivre une e´poque et met au jour la pe´rennite´ des de´bats, du caracte`re, des moeurs de la France.
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« Un des livres les plus impressionnants que j'aie jamais lus. » Philippe Sands Voici un livre d'une violence extrême, dirigée contre un père, mais pas n'importe lequel : Hans Frank, ministre d'Hitler, puis gouverneur général de la Pologne occupée par les nazis, pendu à Nuremberg en 1946.
Niklas Frank, trop jeune à l'époque pour comprendre ce qui se passait, était cependant déjà habité par un sentiment d'amour/haine à l'égard d'un père dont il avait très vite décelé les mensonges. Plus tard, il consacrera une grande partie de sa vie à travailler sur son histoire familiale pour établir la vérité sur les crimes de son père, largement niés par sa mère, ses proches et tous ceux qui ont gravité autour de lui.
Cette tentative, d'emblée vouée à l'échec, débouche sur une sorte de lettre au père, écrite dans une langue imaginative et brutale, qui s'attache à débusquer tous les faux-fuyants, tous les travestissements de la réalité. En creux, il s'agit aussi du portrait d'une enfance abusée, contrainte de participer à son insu à une entreprise d'anéantissement de l'être humain.
À ce titre, c'est à la fois un témoignage historique de premier ordre sur la période nazie, sur l'occultation dont elle a été ultérieurement l'objet dans une partie de la société et de l'administration allemandes et, par sa langue acide et véhémente, une surprise littéraire.
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Bienvenue en Israël !
En descendant de l'avion, le visiteur est vite confronté aux stéréotypes de l'Israélien : sa houtspa (son culot) légendaire, son incivilité chronique, sa tenue vestimentaire décontractée, sa fascination pour les gadgets électroniques, son goût pour la tomate au petit déjeuner, etc. Certes, l'Israélien a beaucoup changé : en sept décennies, il a modifié ses valeurs et s'est choisi de nouvelles références. Pour la jeune génération d'Israéliens, Ben Gourion n'est plus le fondateur de l'État juif, mais le nom d'un aéroport international ; Rothschild n'est plus une lignée de philanthropes juifs, mais un célèbre boulevard de Tel Aviv ; Léviathan ne rappelle plus un monstre marin évoqué dans la Bible, mais un champ gazier aux larges des côtes israéliennes. Même les icônes culturelles, politiques et économiques des Israéliens, se sont transformées: la Nation start-up a remplacé l'Etat kibboutz, le sushi le falafel, et le corps du mannequin Bar Refaeli est préféré au visage souriant des premiers immigrants. Au passage, l'Israélien a même fini par oublier d'où il vient : le Peuple du Livre est devenu le Peuple de l'Internet, et ce qui reste des rescapés de la Shoah vit dans le dénuement alors que le capitalisme sauvage a remplacé le collectivisme solidaire. Autant de nouveaux mythes qui symbolisent l'évolution de la culture de masse de 1948 à nos jours, c'est-à-dire soixante-dix ans depuis la création de l'état d'Israël. Ce livre est conçu comme un dictionnaire, même s'il ne prétend pas être une somme encyclopédique : une centaine d'entrées couvrent les principales caractéristiques de la société israélienne.
À la manière des « Mythologies » de Roland Barthes, il se veut un outil de compréhension pour ceux qui cherchent à déchiffrer l'évolution du pays au cours des sept dernières décennies.
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Nous avons arpenté un chemin caillouteux
Sylvain Pattieu
- Plein Jour
- Les Invraisemblables
- 2 Février 2017
- 9782370670243
« C'est l'histoire de Jean et Melvin McNair, l'histoire d'un temps où détourner un avion était plus facile que braquer une banque. Deux Africains-Américains devenus pirates de l'air, inextricablement inscrits dans leur époque.
Jean et Melvin sont passés de l'épique au désespéré, de l'histoire en train de se faire au quotidien du travail social, du mouvement pour les droits civiques à l'engagement dans leur quartier. Ils n'ont pas fait table rase du passé, ils l'ont laissé derrière eux autant que possible et ils ont recommencé ».
De la piraterie à une existence paisible, de l'Amérique des années soixante-dix à la France d'aujourd'hui, le parcours fulgurant de deux soldats perdus de la lutte contre la ségrégation. Le roman vrai d'une aventure et de la trace qu'elle a laissée dans des vies - cet élan inoubliable, indestructible même quand le réel l'emporte, vers un monde meilleur.
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Une essentielle fragilité ; le roman à l'ère de l'image
Clément Bénech
- Plein Jour
- 18 Janvier 2019
- 9782370670427
La photographie dans le roman est une question qui n'inte´resse pas grand monde, mais sur laquelle chacun a son avis, un peu comme le ce´libat des pre^tres. Le mien a beaucoup e´volue´. Quand j'ai commence´ a` e´crire, j'e´tais cate´gorique : un roman ne devait pas contenir de photographies.
Plus tard, alors que mon opinion sur la question s'inversait diame´tralement, au point de changer ma pratique, j'ai cherche´ a` comprendre la nature de ma re´ticence passe´e, et pourquoi je l'avais surmonte´e.
Ce livre est un dialogue avec cette re´ticence.
C. B.