Policier & Thriller
-
Par une froide nuit d'octobre, la jeune Ashley Cordova est retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown. Même si l'enquête conclut à un suicide, le journaliste d'investigation Scott McGrath ne voit pas les choses du même oeil.
Alors qu'il enquête sur les étranges circonstances qui entourent le décès, McGrath se retrouve confronté à l'héritage du père de la jeune femme : le légendaire réalisateur de films d'horreur Stanislas Cordova - qui n'est pas apparu en public depuis trente ans. Même si l'on a beaucoup commenté l'oeuvre angoissante et hypnotique de Cordova, on en sait très peu sur l'homme lui-même. La dernière fois qu'il avait failli démasquer le réalisateur, McGrath y avait laissé son mariage et sa carrière. Cette fois, en cherchant à découvrir la vérité sur la vie et la mort d'Ashley, il risque de perdre bien plus encore...
Jouant avec les codes du thriller, incluant dans son récit des documents, photographies, coupures de journaux ou pages web, Pessl nous entraîne dans une enquête vertigineuse autour de Stanislas Cordova et de sa fille, deux êtres insaisissables attirés par l'horreur et le mal.
L'inventivité de l'auteure et son goût indéniable pour les pouvoirs de la fiction font penser tour à tour à Paul Auster, Georges Perec, ou Jorge Luis Borges. Avec son style maîtrisé et ses dialogues incisifs, ce roman, sous l'apparence classique d'un récit à suspense, explore la part d'ombre et d'étrangeté tapie au coeur de l'humain.
-
Stefano Guerra naît à la politique en 1968. Étudiant d'extrême droite, il participe aux affrontements de Valle Giulia, le campus universitaire de Rome, et c'est alors qu'il commet l'irréparable:il tue par accident un jeune homme, Mauro, qu'il voulait seulement menacer. Ce crime marque le début d'une longue dérive, du militantisme à la clandestinité, de la politique à la violence, à travers les événements les plus controversés de l'histoire italienne et dans un monde interlope où se mêlent les hommes politiques, les criminels et les agents des services secrets. Au cours de cette cavale sans issue, Stefano tombe amoureux d'Antonella, soeur de Mauro et fille d'un célèbre intellectuel communiste, qui ignore tout de son geste et de ses idées. Auprès d'elle, il cherche désespérément une rédemption qu'il trouvera à l'autre bout du monde, en Argentine. Qui est Stefano Guerra? Un tueur psychopathe, un terroriste sans pitié? Ou bien un Pinocchio moderne en quête de père, un exalté qui fait son éducation sentimentale, un idéaliste pris dans la lutte des noirs et des rouges, néo-fascistes contre communistes? Dans la formidable épopée que narre Les noirs et les rouges, Alberto Garlini nous guide avec virtuosité à travers une période cruciale du passé récent, mais il nous livre également une réflexion d'une cruelle actualité sur la violence politique.
-
Le facteur sonne toujours deux fois
James Mallahan Cain
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 24 Juin 1936
- 9782070211616
-
À cinquante ans passés, Luther Eustis, pauvre agriculteur blanc du Mississippi, abandonne femme et enfants pour s'enfuir sur une île déserte du lac Bristol avec une «fille facile» de dix-huit ans, Beulah. Pentecôtiste et puritain, Eustis, qui ne se sépare jamais de sa Bible, se livre à une tentative dérisoire de retour à l'innocence originelle. Mais il sait bien qu'au fond il se perd. Bientôt il découvre les instincts vicieux de Beulah lorsqu'elle séduit le fils sourd-muet d'une femme monstrueuse, poilue et musclée comme un homme, qui vit au bord du lac. Eustis étrangle alors sa maîtresse et jette le corps à l'eau, lesté d'un bloc de ciment. À quelque temps de là, le cadavre remonte à la surface. Retrouvé et arrêté, Eustis affiche une parfaite indifférence à l'égard des événements. Tout est entre les mains de Dieu. Son avocat plaide la folie et lui évite la chaise électrique. Il sera condamné à la réclusion à perpétuité. Le récit commence par le procès d'Eustis et, au fil des chapitres, tous les protagonistes du drame, prenant la parole à tour de rôle, commentent les faits chacun à sa manière. Par un tour de force magistral, l'histoire, exposée tout entière dès le début, ne cesse de s'approfondir sans qu'aucun fait nouveau vienne bouleverser les données premières. Et nous comprenons peu à peu que le crime d'Eustis concerne toute la communauté et même tout le Sud : sa civilisation imprégnée de la Bible, sa pauvreté, sa résignation, ses croyances obscurantistes, le cloisonnement affectif de ses membres.
-
Dans l'interminable hiver nord-américain, Jack, flic déchu au rang de vigile pour campus chic, ne pense qu'aux filles:adolescentes heureuses disparues sans laisser de traces, dont les portraits le dévisagent et le cernent; et puis ce bébé mort accidentellement, à peine une fillette, dont son couple ne finit plus de faire le deuil. Rongé par la perte et le silence, Jack cherche à se racheter en retrouvant ses réflexes d'enquêteur:consoler des parents en découvrant la vérité sur leur fille. Mais l'enquête tourne à l'obsession. Et sa liaison impossible avec une jeune enseignante ravive en lui un désir qui va le sauver ou le détruire.La peinture du microcosme provincial et universitaire dessine un portait saisissant des hantises d'une Amérique à la fois bien-pensante et ravagée par le ressentiment social, la guerre des sexes et les pulsions obscures.Sur un argument aux échos dérangeants, Frederick Busch réussit miraculeusement, par un mélange de pudeur et de franchise, un roman aussi digne que poignant.
-
Voilà Jack, l'ancien flic qui dans Filles enquêtait sur la disparition d'une adolescente, de retour chez lui, dans le nord de l'Etat de New York. Déchu au rang de vigile dans un complexe hôtelier de la côte de Caroline, il se voit proposer par une avocate qu'il sauve des griffes d'un gigolo un travail du genre de ceux qu'il a autrefois pratiqués : rechercher son jeune neveu parti se mettre au vert sans plus donner de nouvelles dans un coin perdu du nord de l'Etat. Ce travail pourrait bien donner à Jack un second souffle, mais revenir sur les lieux de son passé et tenter de retrouver les disparus va aussi signifier pour lui affronter le silence et les non-dits qui le rongent depuis tant d'années... Entre polar et drame psychologique, violence et compassion, le récit de cette confrontation avec la part d'obscurité et de souffrance que recèle toute vie humaine donne progressivement à l'enquête la nécessité d'une quête. À la puissance dramatique des événements, et à l'art consommé avec lequel ils sont orchestrés, s'ajoute l'intensité de la langue dans laquelle tout est raconté : cette langue à la fois tenue et immédiate qui est celle de Jack, tough guy vulnérable et sensible dans la lignée des héros hemingwayiens. Frederick Busch signe ici un dernier roman d'une force rare, qui le place parmi les plus grands. S. L.
-
Et ce sont les violents qui l'emportent
Flannery O'Connor
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 12 Novembre 1965
- 9782070247691
-