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Sophie Houdart
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Héritière de la tradition des voyages, des découvertes et des explorations - des conquêtes aussi -, l'ethnologie est une discipline jeune mais qui n'a pas cessé de redessiner les frontières de son territoire d'étude. Si son champ d'analyse s'est longtemps limité aux sociétés dites « primitives », laissant à d'autres disciplines le soin d'élaborer une connaissance du monde occidental moderne, les transformations politiques et sociales radicales du XXe siècle l'ont conduite à une profonde remise en cause de son approche, au point que fut parfois claironnée la « fin de l'ethnologie »...
Aujourd'hui pourtant, le regard de l'ethnologue, en se portant sur de nouvelles thématiques, n'a rien perdu de son acuité car il interroge le « vivre-ensemble » : comment se construisent et se disent des manières d'être ensemble ? Comment des individus se reconnaissent-ils en des collectifs distincts les uns des autres ?
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Parier sur l'espérance : Exercices d'anticipation pour s'accrocher à ce qui vient
Sophie Houdart, Carolina Kobelinsky, Sarah Carton de Grammont, Anne-Yvonne Guillou
- Cambourakis
- Radeau
- 4 Octobre 2023
- 9782366248029
Après la réédition de "Bambois" de Claudie Hunzinger, la collection Radeau accueille cette fois-ci son tout premier texte de création, écrit par sept anthropologues françaises. En interrogeant les sentiments qu'elles ressentent face à la disparition progressive de leur terrain respectif, elles renouvèlent la manière d'écrire en anthropologues, en utilisant tour à tour les outils des sciences humaines et ceux de la fiction.
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Le LHC (Large Hadrons Collider), l'accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant du monde, consiste en un anneau de 27 km de circonférence, lové 100m sous terre. Formé d'aimants supraconducteurs et de structures accélératrices qui augmentent l'énergie des particules qui y circulent, il produit chaque jour, à l'intérieur de l'accélérateur, deux faisceaux de particules qui circulent en sens contraire à des énergies très élevées avant de rentrer en collision l'un avec l'autre. Les particules, lancées à 99,9999991% de la vitesse de la lumière, vont effectuer 11 245 fois le tour de l'accélérateur par seconde et entrer en collision quelque 600 millions de fois par seconde. L'objectif de cette grande machine ?
Démontrer l'existence du fameux boson de Higgs, dite « particule de Dieu », chose qui fut faite le 4 juillet 2012 lorsque 40 ans après le début du projet, le CERN a annoncé avoir trouvé la fameuse particule. Cet ouvrage est une plongée dans cette machine unique en son genre : Sophie Houdart, anthropologue, a passé un an dans et autour de ce bijou technologique qu'est le collider, sans doute l'une des machines technologies les plus ambitieuses jamais construites par l'homme. Il s'agit donc à la fois d'un reportage de terrain, où descriptions alternent avec interviews, mais aussi un livre d'épistémologie où l'anthropologue tente de définir ce qu'est précisément une telle machine dont la complexité est particulièrement difficile à envisager.
D'une certaine manière, 99,9999991% est un peu une sorte de « Yucca Mountain » mais dont l'objet n'est pas les déchets nucléaires mais une machine que l'on pourrait qualifier de « monstrueuse » tant sa complexité défie l'entendement.
Sophie Houdart a passé un an en tant qu'observatrice-anthropologue au sein même du collider, à rencontrer les nombreux scientifiques qui y travaillent mais aussi les habitants des environs qui ont eux-mêmes leur propore vision de cette mystérieuse machine enfouie sous leurs jardins. L'ouvrage est donc un compte rendu de cette exploration, et est dans la lignée des travaux de Bruno Latour, par exemple, de part sa tentative de comprendre ce qu'est un « lieu d'expérimentation scientifique », un « laboratoire » dont les chiffres défient l'entendement. Simple à lire, mêlant reportage, descriptions, interviews et théories épistémologiques tout en évitant de rendre plus complexe encore les multiples sciences à l'oeuvre dans ce projet technologique, le livre comporte également une trentaine de photogaphies des différentes parties de cette machine, réparties sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. Il existe peu d'ouvrage de ce genre en français, mêlant exactitude scientifique et reportage de terrain sans sacrifier à la « vulgarisation scientifique ».
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Depuis une vingtaine d'années, les sciences humaines et sociales, de la sociologie à l'anthropologie en passant par la géographie, l'économie ou la gestion, ont connu de profondes mutations. Au nombre celles-ci, l'irruption des non-humains n'est pas des moindres : instruments scientifiques, appareils techniques, mais aussi formules mathématiques, animaux, oeuvres d'art, divinités, ont en effet interpellé aussi bien les pratiques et les méthodes de la recherche, que nos conceptions de l'homme et des sociétés humaines. L'essentiel de cette transformation vient de ce que les non-humains, dans leur très grande diversité, ont été pris au sérieux en tant qu'entités actives, jouant des rôles, posant des problèmes, bref ayant de l'importance. Considérées de la sorte, et non plus comme des reflets d'autre chose, ces entités et leurs associations avec les humains ont ainsi motivé une foule de riches travaux de terrain, sur la base desquelles la question de la nature et du rôle des milieux de vie de l'homme, non moins que celle de la singularité des sociétés humaines, ont pu être reposées à nouveaux frais. Cet ouvrage a pour visée de prolonger l'événement que constitue cette irruption des non-humains dans nos disciplines. Lingette, mammouth, scarabée, virus, betterave, action boursière, supermarché, figures de cire, levures, spectres, taser, etc. A travers une trentaine d'études de cas, les auteurs montrent ici leurs nouvelles façons d'enquêter et d'interroger les terrains en sciences humaines et sociales. La variété des domaines et des pratiques explorés, non moins que la diversité des rôles joués par les non-humains permettent de décrire une multiplicité d'assemblages entre humains et non-humains caractéristiques de l'époque contemporaine, et de fournir des prises concrètes pour concevoir la nature de la situation ontologique de l'homme et celle des sociétés humaines.
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Cryptographies : Codes, jeux d'arcane et arts de l'intime
Brigitte Baptandier, Claire-akiko Brisset, Nicolas Auray, Gérard Lenclud
- Societe D'Ethnologie
- 7 Juillet 2022
- 9782365190404
La cryptographie peut être définie comme l'art de la communication secrète. Il s'agit le plus souvent, mais non exclusivement, d'une opération d'écriture, caractérisée par des procédés de dissimulation de natures diverses. Des textes sacrés aux philosophies de la représentation, des mathématiques à la linguistique, de la théorie de l'information à la théorie quantique?: les manoeuvres de cryptage et de décryptage peuvent être d'une très grande immédiateté et instantanéité ou bien au contraire d'une infinie complexité, et relèvent souvent de véritables pragmatiques interprétatives fondées sur une histoire personnelle partagée ou sur la logique.
On met à l'épreuve la sensibilité à l'ambiguïté du signe, en jouant avec la frontière entre l'image (les motifs picturaux) et le texte (les signes graphiques). On instaure un double discours, on entraîne le spectateur dans un parcours qui l'amène à découvrir un contenu supposé connu par avance, à résoudre une énigme, à déchiffrer une écriture secrète, à en dévoiler le sens caché. Un tel suspense parle du désir, de la langue, de la parole, du langage.
Les documents explorés ici vont du texte homérique et du déchiffrement du linéaire B au théorème de Gödel et aux pratiques contemporaines des hackers, en passant par les livres secrets des Druzes, les talismans de la Chine et les laques du Japon. On y examine dans chaque cas les jeux formels ou graphiques qui visent à assurer tout à la fois la dissimulation au plus grand nombre et la révélation à quelques élus, ainsi que le contexte social dans lequel ces jeux s'inscrivent. -
Ethnographier l'universel : Shanghai 2010 : "Better city, better life"
Sophie Houdart, Brigitte Baptandier
- Societe D'Ethnologie
- 6 Mars 2015
- 9782365190114
Nées au milieu du XIXe siècle en Occident, les expositions universelles constituent depuis lors des moments particuliers où s'esquissent des mises en ordre du monde qui ne porteraient pas à conséquence. Gagnant l'Asie au début des années 1970, elles offrent cependant des prises uniques pour comprendre, d'un point de vue empirique, ce que pourraient être des alternatives à la cosmologie moderne occidentale, permettant ainsi d'appréhender le pacte moderniste depuis un autre centre. À l'Exposition de 2010, la Chine accueillait l'ensemble du monde. Elle l'invitait à franchir son « seuil » à Shanghai, ville aux multiples visages, ouverte de force et colonisée, puis cosmopolite, « rouge », et finalement, prenant sa revanche, ville « universelle ». Au premier coup d'oeil, la disparité manifeste de la carte du « monde en miniature » offerte par la disposition des pavillons faisait apparaître plutôt la discontinuité radicale que l'unité dans la diversité. C'est ce dont témoignent les textes réunis dans ce volume, qui tentent de saisir, au-delà de ces discontinuités, comment se projette un universel; comment il se prépare et se gère; comment, à chaque moment de l'histoire de sa constitution, d'autres voies sont toujours possibles, des choix toujours à faire.
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A partir d'une enquête ethnographique, Sophie Houdart et Chihiro Minato proposent dans ce livre une approche inédite de l'architecte japonais Kuma Kengo et de son architecture. Inédite, décalée même, cette monographie l'est au moins en deux sens. D'abord en ce qu'elle est la première en langue française. Ensuite parce qu'y est fait l'hypothèse, dans le texte et dans l'image, que s'il y a quelque chose de reconnaissable dans « l'architecture de Kuma », ceci doit pouvoir la retrouver dans l'agence, dans la routine et dans la masse des détails saisis quotidiennement. Quel lien existe-t-il entre la matérialité promue par Kuma, dans sa philosophie de l'architecture, et celle à l'oeuvre dans l'agence : le travail du bois ou du polystyrène, la peinture, la colle, le pixel ?