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Folio
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«C'est la seule femme dans cette salle dont la chevelure ne soit pas coupée sur la nuque... L'odeur secrète du dancing, comme celle de l'année 1919, est encore l'odeur doucereuse et fade du sang. Nelly est belle, d'une beauté nettement parisienne. C'est vraiment une fille de la rue élevée au grand pouvoir. La bouche est une bouche pâle de la rue, et les yeux, durs et gris, ont pris leur éclat définitif dans un autre décor que celui-là.»
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La confrontation, pleine de sens et de saveur, de l'aventurier passif, Joseph Krühl, qui se contente de rêver aux pirates, et de l'aventurier actif, Simon Eliasar, occupé de chasse au trésor. Tous deux pourtant s'embarquent ensemble et leur destin s'accomplira sur une île.Étonnant adieu au romantisme et au pittoresque, ce récit ingénieux contient toute la poésie de l'aventure.
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Les dés pipés ou les aventures de miss Fanny Hill
Pierre Mac orlan
- Folio
- Folio
- 22 Octobre 1986
- 9782070377701
Fanny Hill est une coquine. Elle naquit en 1790 dans un petit village de la Somme. À dix ans, ses parents étant morts de la petite vérole, elle rencontre un vagabond qui l'initie à des procédés qui ne sont pas de son âge. Bientôt, nous la retrouvons à Boulogne. Elle est la maîtresse du matelot La Carline, un joyeux drôle qui lui fait connaître Mylord Coloquinte. C'est ainsi que la fillette passe en Angleterre. Trois ans de concubinage avec Mylord Coloquinte, espion britannique, c'est beaucoup. Fanny l'empoisonne. La voilà lâchée dans Londres. Après quelques années de misère dans le sordide quartier de Whapping, elle a l'idée d'aller à King's Place, centre luxueux de la vie galante londonienne. À King's Place, les «maisons» sont accueillantes. Fanny Hill fait fortune. Elle parvient même à avoir une de ces maisons à elle. Mais ses aventures pour autant ne sont pas finies.
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«C'est dans ce paysage de mer et d'usines, de moulins à vent et de maisons basses à volets multicolores que Gertrude Dewryter se glissait quand les derniers pas des soldats allemands s'étaient perdus dans les dunes. Je l'imaginais mêlée à ces nuits surpeuplées d'apparences qui furent les nuits de guerre. Des pièces aboyaient à l'heure fixée dans la direction du large. Des automobiles, tous feux éteints, roulaient sans trop de bruit dans la direction de Bruges. La fille, émue par sa mission et par la nuit, se faufilait comme une ombre légère. Elle revenait ce soir vers moi, passant indiscret. J'apercevais son visage livide et sanglant. En se sacrifiant, elle ne pouvait prévoir qu'elle mourrait avec un visage aussi livide et aussi sanglant.»
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Un soir de décembre 1837, dans le Sud algérien, au seuil d'une contrée dominée par la mystérieuse «Rose des Sables». Un feu allumé par un voyageur en attire un autre, puis un autre. Avant de repartir dans la nuit, chacun de leur côté, les inconnus s'échangent des confidences. Tous trois suivent la trace d'une femme. Le premier pour la tuer, le second pour l'épouser, le troisième pour qu'elle lui rende son honneur.Ils se rencontreront une nouvelle fois mais dans la mort. Les cadavres de deux d'entre eux seront abandonnés aux charognards du désert. Seul le dernier aura droit à une tombe recouverte de pierres.Devinez lequel...
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«J'ai souvent pensé à toi, sale fumier que tu es... Je pressentais qu'une nuit ou un jour quelconque, tu me lâcherais à la face les sales preuves que tu n'es qu'une bourrique. Cette nuit est arrivée maintenant. Je t'ai raconté tout ce que j'avais à te dire : c'est moi, moi, Filieth, l'assassin de Leboeuf, à Rouen... Que vas-tu faire ?... Allez... parle ! Lucas se tenait immobile, à quelques mètres de Pierre Gilieth. Quand celui-ci eut fini de parler, il se fit un grand silence. Les poules d'eau, craintives, bruissaient dans les roseaux. Au loin, vers Dar Saboun, on entendait les légionnaires qui chantaient en choeur : Trianera, Trianera.»
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À travers l'Europe frappée de stupeur, la Cavalière Elsa entraîne les hordes révolutionnaires. Charmante et monstrueuse image de l'inconsciente fatalité, elle est l'idole créée de toutes pièces par un aventurier sceptique et corrompu, curieux de faire sur la plus vaste échelle possible, et pour son plaisir personnel, l'expérience de l'âme humaine en proie au mysticisme sensuel et à l'enthousiasme religieux.Toujours en avance sur son temps, Mac Orlan, avec ce livre légendaire, inventait la politique-fiction.
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Dans leur maison de Santenay, les deux frères Gohelle, Nicolas l'écrivain et Simon le peintre, sont les témoins d'une époque historique, pendant laquelle l'Europe et le monde subissent une étrange transformation. Visionnaire lyrique, mais aussi humoriste, tel se montre Mac Orlan dans ce livre prophétique, écrit en 1923, et dont la dernière et hallucinante image fait apparaître le corps d'une petite femme de 1920, avec son chapeau cloche, crucifiée au milieu d'une immense plaine couverte de neige.
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L'atmosphère est celle de la douceur coloniale qui voyait djellabas et uniformes français se mêler en paix dans l'avenue Jules-Ferry à Tunis comme aux terrasses des cafés de Tataouine parfumés de l'odeur des tomates cuites au charbon de bois. Le décor est celui du désert où, dès l'aube, la nature livre la guerre à l'homme ; ou celui des villes bleutées comme sorties du crayon de Gustave Doré. Dans cette atmosphère et dans ce décor, Mac Orlan a situé la préparation artisanale et paisible d'un drame international. Un roman d'espionnage en avance d'une génération. Guidés par l'ombre d'un cafetier de Strasbourg, un caporal, un ancien gendarme, un cafetier de Gabès et un vendeur de postes de T.S.F. préparent honnêtement et sans haine une guerre un peu trop proche à leur goût. Elle éclatera deux ans après la parution du Camp Domineau.
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«Le Quartier Réservé nourrissait sa pègre, la dorlotait, l'éduquait, l'abandonnait, la reprenait en main, la lançait sur des pistes inexplicables. La ville abandonnait à son destin ce cloaque d'eaux grasses si riches en objets perdus.Le Cheikh régnait sur cette cité torride, comme un pape. Il confessait les filles et tordait le cou aux jeunes assassins prostitués...Quelquefois il plongeait son énorme patte dans le trou noir d'une chambre d'amour au bord de la rue. Il en sortait quelque chose de bleu de ciel ou de rose tendre qui se convulsait en gémissant.»Un équilibre de paix, fétide mais acceptable. Il sera rompu par la découverte de la tête (sans corps) de la patronne du Continental, et d'un corps (sans tête) qui, fâcheusement, n'est pas le sien.
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«Au gibet de Savannah, sur le quai devant la Mer Océane, un homme jeune est pendu. Ses vêtements sont ceux qu'il portait sur L'Étoile Matutine : un bel habit rouge, un gilet brodé, des culottes de velours noir et des bas blancs. Le tout abondamment orné de galons d'or...» Mac Orlan, aventurier de l'imaginaire, invente des Antilles où les gentilshommes de fortune vivent mille aventures, de l'abordage à la potence.
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Pour composer les figures du capitaine Hartmann, du père Barbançon et de la signorina Bambú, principaux personnages de ce récit, Pierre Mac Orlan a laissé parler ses souvenirs, évoqué ses expériences, fait jouer son imagination évocatrice et poétique, et il a pu ainsi recréer un monde disparu, presque une mythologie. Hartmann est un aventurier. Un aventurier de la nuit, de la vraie nuit où glissent les mauvais garçons, les policiers, les filles - de la nuit symbolique, celle des âmes inquiètes, des passions, des désirs excessifs. La signorina Bambú est une espionne qu'il a rencontrée et aimée à Naples, et qui finira dans un ravin, la tête trouée d'une balle. Le père Barbançon est aussi un espion qu'Hartmann rencontrera dans sa vie agitée de policier et d'agent secret, dans bien des ports d'Europe.