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Littérature
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«C'est la seule femme dans cette salle dont la chevelure ne soit pas coupée sur la nuque... L'odeur secrète du dancing, comme celle de l'année 1919, est encore l'odeur doucereuse et fade du sang. Nelly est belle, d'une beauté nettement parisienne. C'est vraiment une fille de la rue élevée au grand pouvoir. La bouche est une bouche pâle de la rue, et les yeux, durs et gris, ont pris leur éclat définitif dans un autre décor que celui-là.»
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Ce petit manuel est destiné à ne tromper personne. En le lisant, un jeune homme, un peu mou, sans vocation précise, peut devenir un aventurier de bon ton, sans se compromettre, ce qui n'est pas plus sot que de gémir en prison pour avoir trop présumé de l'élasticité des lois en matière commerciale.
Partant du principe que l'aventure n'existe que dans l'esprit de celui qui la poursuit, Mac Orlan invente dans ce petit bréviaire, écrit en 1920, un moyen unique de parer aux inévitables dangers et déceptions qui menacent les nostalgiques d'horizons lointains.
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L'etoile matutine, l'ange du léon, la rose-marie, l'ange du nord, la rose de savannah, entourés du remorqueur iroise et du baliseur léon bourdelles, ce sont les navires de pierre mac orlan que l'on retrouve dans ce volume.
L'homme demeure aujourd'hui un écrivain plein de mystères, à la célèbre silhouette de forban à la retraite, coiffé d'un béret à pompon comme on en porte dans les highlands, et accompagné d'un perroquet nommé dagobert. la réunion inattendue de ses " romans maritimes " permet peut-être d'en percer quelques-uns. pierre mac orlan, qui fut journaliste, savait saisir de façon incomparable l'âme des lieux.
Il connaissait " tous les secrets de l'aventure, depuis celle qui accompagne les matelots à leur insu jusqu'à celle qui marche à pas feutrés sur l'aire des chaumières et sur les carreaux des petits bars embrumés ". il disait aussi : " l'aventure est dans l'imagination de celui qui la désire.".
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«Le cou rompu et les épaules endolories par le havresac de toile bise, nous cheminions sans dire un mot. Le soleil dardait ses rayons sur un paysage de blé, coupé par la route poussiéreuse que nous suivions et qui descendait du coteau de Vimy-en-Gohelle où nous avions fait étape dans la grange du curé. Nous étions trois soldats du régiment de Picardie en route pour rejoindre le détachement de M. Charpignon, notre lieutenant, qui nous attendait dans le village d'Allaine près de Péronne, avec cinquante recrues qu'il devait conduire à M. de la Rochetullon qui commandait alors le 2? bataillon de notre régiment».
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Le bal du Pont du Nord / entre deux jours
Pierre Mac orlan
- Gallimard
- Blanche
- 28 Avril 1950
- 9782070240692
TC'est dans ce paysage de mer et d'usines, de moulins ´r vent et de maisons basses ´r volets multicolores que Gertrude Dewryter se glissait quand les derniers pas des soldats allemands s'étaient perdus dans les dunes. Je l'imaginais melée ´r ces nuits surpeuplées d'apparences qui furent les nuits de guerre. Des picces aboyaient ´r l'heure fixée dans la direction du large. Des automobiles, tous feux éteints, roulaient sans trop de bruit dans la direction de Bruges. La fille, émue par sa mission et par la nuit, se faufilait comme une ombre légcre. Elle revenait ce soir vers moi, passant indiscret. J'apercevais son visage livide et sanglant. En se sacrifiant, elle ne pouvait prévoir qu'elle mourrait avec un visage aussi livide et aussi sanglant.t
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Écrits entre 1911 et 1920, les cinq romans réunis dans ce volume signent l'entrée en littérature de Mac Orlan, grand voyageur de l'imaginaire. Depuis La Maison du retour écoeurant, merveille de nonsense dont Boris Vian revendique l'héritage, jusqu'au Nègre Léonard et Maître Jean Mullin, admiré par Artaud et Proust, le jeune écrivain élabore une oeuvre où les résonances autobiographiques font écho à des univers fantasmés : Le Rire jaune montre l'humanité décimée par une épidémie de rire, tandis que La Bête conquérante annonce George Orwell. Dans La Clique du café Brebis, texte inclassable et roman-manifeste, l'auteur rend hommage à ses maîtres en aventures, Schwob, Kipling, Defoe ou Stevenson.
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«J'ai souvent pensé à toi, sale fumier que tu es... Je pressentais qu'une nuit ou un jour quelconque, tu me lâcherais à la face les sales preuves que tu n'es qu'une bourrique. Cette nuit est arrivée maintenant. Je t'ai raconté tout ce que j'avais à te dire : c'est moi, moi, Filieth, l'assassin de Leboeuf, à Rouen... Que vas-tu faire ?... Allez... parle ! Lucas se tenait immobile, à quelques mètres de Pierre Gilieth. Quand celui-ci eut fini de parler, il se fit un grand silence. Les poules d'eau, craintives, bruissaient dans les roseaux. Au loin, vers Dar Saboun, on entendait les légionnaires qui chantaient en choeur : Trianera, Trianera.»
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Pierre Mac Orlan, dans le Manuel du parfait aventurier, explique que l'aventure est une illusion, un mirage coloré à la géographie mouvante et protéiforme, hantée par deux types d'individus : l'aventurier actif et l'aventurier passif.
" L'aventurier passif n'existe qu'à la condition de vivre en parasite sur les aventuriers de l'aventurier actif ". Le romancier d'aventures est à ses yeux la plus noble incarnation du premier type. Aussi tout au long de son existence s'est-il attaché à ces aventuriers passifs magnifiques que furent entre autres James Fenimore Cooper, Stevenson, Kipling, Melville ou Cendrars. Il leur rend de vivants hommages dans la série de préfaces (composées entre 1929 et 1963) réunies ici.
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´R travers l'Europe frappée de stupeur, la Cavalicre Elsa entraîne les hordes révolutionnaires. Charmante et monstrueuse image de l'inconsciente fatalité, elle est l'idole créée de toutes picces par un aventurier sceptique et corrompu, curieux de faire sur la plus vaste échelle possible, et pour son plaisir personnel, l'expérience de l'âme humaine en proie au mysticisme sensuel et ´r l'enthousiasme religieux.
Toujours en avance sur son temps, Mac Orlan, avec ce livre légendaire, inventait la politique-fiction.
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Pierre Mac Orlan, grand écrivain mais aussi reporter, a rédigé de nombreuses chroniques pour la radio.
Il en tirera ensuite ces Chroniques de la fin d'un monde, pleines de nostalgie. Celles-ci sont autant de tableaux littéraires des provinces françaises, des saisons, des mers imaginaires, de la vie des demeures... Ce recueil, au charme envoûtant, n'avait jamais été réédité depuis l'édition originale de 1940.
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«Il y a toujours un profit à retirer des oeuvres que leur auteur a négligées, et oubliées. Oubliées même, au point de ne pas en avoir conservé le texte. Dans ces dix-huit contes et nouvelles parus de 1924 à 1951, exhumés de périodiques ignorés et introuvables, on retrouve, à travers les personnages ou les décors, tout le charme du «fantastique social» sous le signe duquel Pierre Mac Orlan a placé son univers. Univers sans frontières précises dans l'espace et le temps, où il peut se déplacer - comme dans le conte Les bandes - au gré de la rêverie de l'auteur. Bouges et ports; paysages ravagés par le soleil, la guerre, l'épidémie, où des soldats perdus de toutes les époques, des filles déçues et des hommes déchus viennent installer leur exil intérieur ou poursuivre leur quête incertaine. Tapis vert des salles de jeux, auberges médiocres et isolées, chemins dépeuplés au carrefour desquels des destinées se croisent mais ne se rencontrent pas...» Francis Lacassin.
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De tous les romans consacrés à la «Grande Guerre», voici le moins conformiste, paru en 1920. C'est la guerre vécue et racontée par Georges Lougre, un jeune souteneur de Pigalle, ancien pensionnaire des Bataillons disciplinaires d'Afrique. Belle occasion de nous faire entendre dans un bois de sureaux et de lilas qu'arrosent les obus quelques refrains de là-bas. Belle occasion encore d'évoquer la fraternité des hommes dont l'uniforme a effacé les différences et dont la mort efface les tares en les changeant en héros. «Ceux qui viennent, de bon coeur, les honorer en passant, par leur présence, ne sont que des marionnettes dans un décor dont ils croient avoir l'explication en consultant leur guide. Ils sont encore plus morts que les morts. Ils ne sont plus chez eux. Ils ne savent pas où leurs pieds se posent, leur tête ne résonne jamais au souvenir des anciennes fanfares, le vent ne gémit pas pour eux.»
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«L'homme s'appelait Miele Vermeulen. On le vit surgir de la pluie fine comme un brouillard au sommet d'une dune agrémentée de quelques touffes d'oyats courbés par le vent qui soufflait de la mer dans la direction de Knokke.Miele Vermeulen, vêtu de velours vert bouteille, sautillait adroitement sur son unique jambe. C'était un homme robuste de quarante-huit ans. Il avait été amputé de cette jambe à la suite d'une blessure de guerre, devant Poperinghe où il était né.-Gottverdom de nom de dju de milliards de nom de dju !».
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Pierre Mac Orlan évoque dans ce reportage l'aspect pittoresque et les conséquences de la prohibition de l'alcool en Amérique. Il montre, tout au long de cet ouvrage, la contrebande pratiquée hors des eaux territoriales américaines à bord du "Mulhouse", cargot reliant le continent Européen aux Amériques sur l'avenue du Rhum.
Pierre Mac Orlan enquête donc des deux côtés du littoral, expose les techniques des contrebandiers, qui doivent rivaliser d'ingéniosité afin, une fois sur la terre ferme, décharger la cargaison prohibée.
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François Villon, Daniel Defoe, l'abbé Prévost, Goethe, Victor Hugo, Chamisso, Nerval, Verlaine, Oscar Wilde, Jules Laforgue, Apollinaire, G. de Pawlowski, Alfred Doblin, Jacques Prévert, Paul Gilson, Albert Simonin... Ce n'est pas le hasard des préfaces pour éditions de luxe et autres travaux de librairie qui a conduit jusqu'à Saint-Cyr-sur-Morin ces Visiteurs de minuit. C'est plutôt un appel diffus né d'une appartenance à un même groupe sanguin littéraire, à une famille d'esprit dont Mac Orlan est l'héritier comblé. Pour comprendre le secret de famille de ces seize fantômes, il serait vain de les comparer dans leur oeuvre ou dans leur vie. Mieux vaut s'interroger sur le rapport de chacun d'eux à l'oeuvre de Mac Orlan. Ils ont tous contribué à la création du «fantastique social» qui inspire ses livres et ses chansons. En célébrant leurs mérites, il éclaire son oeuvre. Ce grand pudique ne se livre jamais qu'à travers les autres. Francis Lacassin.
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Francis lacassin, qui eut la chance de fréquenter l'homme au béret écossais en ses dernières années, a rassemblé dans le présent ouvrage les chroniques - jamais encore réunies en volume à ce jour - que mac orlan consacra à ce qui était pour lui le thème d'entre les thèmes : les villes du vieux monde, lesquelles - faut-il s'en étonner ? - se trouvent être presque toutes des ports.
Partir ? rester ? vaste dilemme que mac orlan résout à sa façon : en arpentant interminablement le quai des brumes. , jusqu'à ne plus savoir vers quoi il convient de fuir, de quoi au juste il retourne. car l'essentiel n'est pas de s'en aller, ou de revenir, mais de se tenir prêt à tous les embarquements, et d'abord à ceux du songe. morand se voulait " en voyage ", mac orlan se rêve " en partance ". laissons au lecteur le soin de démêler laquelle de ces deux attitudes ouvre le mieux la fenêtre à la poésie.
Les chroniques ici mises en bouquet font la part belle aux destinations brouillardeuses, ou à tout le moins crachineuses : hambourg, berlin et londres, dunkerque, rouen et brest. c'est sous ces ciels-là, cachottiers en diable, qu'on imagine le mieux ce qu'il en est du vaste monde ; sous ces ciels-là aussi qu'on est le plus vite conduit au bar du coin, ce sanctuaire des hautes rencontres humaines. ce qui n'empêche pas de pousser le cas échéant un peu plus au sud, et même beaucoup plus, vers barcelone et carthage, et jusqu'à foum tataouine s'il le faut.
Mine de rien, d'une rade à l'autre, d'un rade à l'autre, le flâneur de quais en vient à débusquer, parfois même à saisir entre deux doigts délicats, le papillon de la plus volage réalité : celle qui nous renvoie à l'immémoriale litanie des pourquoi sans réponse, des émerveillements sans raison.
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Roman criminel ? Roman fantastique ?... Crimes crapuleux ou jeu implacable des forces mauvaises du destin ?... Qui, mieux que Pierre Mac Orlan, est capable de déclencher le secret mécanisme de ce fantastique social, où le fait divers se révèle drame humain, où le quotidien se mue en tragédie perpétuelle ? Les personnages dangereux de La Tradition de Minuit, comme ceux du Quai des Brumes et de La Bandera du même auteur, ont, le cinéma aidant, déjà pris corps dans l'imagination populaire. Ils y font figure de tristes héros des temps modernes, marqués par la fatalité, au même titre que certains personnages légendaires d'un passé, qui pour paraître fantomatique à l'heure présente, ne fut pas moins terriblement réel. L'imagination, la sensibilité, le don poétique, grâce auxquels il opère cette magique transfiguration des réalités les plus cruelles et les plus équivoques, font de lui un auteur néo-romantique qui dure encore aujourd'hui. La Tradition de Minuit compte parmi les oeuvres dont la valeur littéraire et humaine restera attachée à cette renommée.
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Trop jeune veuve d'un vieillard cacochyme qui n'eut pas le temps de la déflorer, l'aristocrate et altière Hermine de Coeur s'empresse, en créant un pensionnat, de mettre sa fortune au service de l'éducation de jeunes garçons. L'étude des langues s'y fait sous un jour nouveau, l'anatomie ne se préoccupe que des milieux humides et les lettres classiques ne sont plus que borborygmes d'extase. Georges, le favori de madame de Coeur, «?cette femme précieuse, fleurant bon les parfums rares, qui se vautrait dans la fange des plaisirs érotiques les plus spéciaux?», ne trouvera rien à redire à cette singulière réforme pédagogique.
Publié vers 1907 et réédité une seule fois au cours des années cinquante, Femmes du monde est le plus rare des petits bijoux «?sous le manteau?» que produisit Pierre Mac Orlan. L'auteur de Quai des Brumes, poète du «?fantastique social?», notable émérite de la littérature française, membre de l'Académie Goncourt et commandeur de la Légion d'Honneur, avait parmi les cordes de son arc talentueux celle d'érotographe à l'inspiration débridée et outrancière, mais ô combien habile et reconnue par tous les amateurs du genre.
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Pierre Mac Orlan à la fois témoin, puis acteur, puis chroniqueur de la bohème montmartroise rassemble ici ses souvenirs dans Monmartre du début de siècle. Il ressucite dans ces mémoires les "rapins" de la Place du Tertre, le Moulin de la Galette, Frédé et son fameux "Lapin Agile", par des souvenirs nostalgiques et tendres retraçant l'âge d'or de la Butte.
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Pierre Mac Orlan, chroniqueur des gentilshommes de fortune, écrivain des ports du monde et poète de l'aventure immobile, rend ici hommage à Brest, la cité du Ponant, la ville du bout du monde, grande porte ouverte sur l'Océan.
A travers des portails et des anecdotes où se croisent les ombres des forçats et les rires des prostituées, les chants des marins et les uniformes chamarrés des officiers de la Royale, il nous dit la rue de Siam, les ruelles de Recouvrance et de Saint-Pierre avec le talent du « sachant », de celui qui a vu au-delà de la ville, accoudé à sa fenêtre de l'Hôtel des voyageurs ou assis au fond du Café de la marine.
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La Croix, l'Ancre et la Grenade : Histoires de soldats de 1270 à 1930
Pierre Mac Orlan
- Gallimard
- 3 Novembre 1987
- 9782070711314
Préface et bibliographie de Francis Lacassin
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Humour, sarcasme et mélancolie. Tels pourraient être les qualificatifs que l'on serait en droit d'attribuer à ces « contes et portraits » écrits par Pierre Mac Orlan entre 1909 et 1917. Destinés à l'origine à être publiés dans des journaux, ils sont en quelque sorte les architectures des textes majeurs de l'auteur, de ces chefs-d'oeuvre du fantastique social qui est la marque de fabrique de l'écriture de Pierre Mac Orlan. Mais retrouvons plutôt Garwell et son huître Dolly, le capitaine Pat en quête des sources du Missouri ou encore Georges Merry et son titanesque projet de terre automotrice, et abandonnons-nous entre les mains de ces bourreurs