Ils sont morts à quelques semaines d'intervalle : d'abord le père, puis la vieille tante de celui-ci, enfin le grand-père maternel. Mais cette série funèbre semble n'avoir fait qu'un seul disparu : le narrateur, dont le vide occupe le centre du récit. C'est à la périphérie et à partir d'infimes indices (un dentier, quelques photos, une image pieuse) que se constitue peu à peu une histoire, qui finira par atteindre, par strates successives, l'horizon de l'Histoire majuscule avec sa Grande Guerre, berceau de tous les mystères.
Prix Goncourt en 1990, Les Champs d'honneur est devenu un classique de la littérature française contemporaine. C'est Jeanne Moreau en personne qui avait choisi d'enregistrer cette oeuvre majeure. Trente ans plus tard, Audiolib a pu rééditer cet enregistrement historique devenu introuvable, et le compléter d'une lecture par l'auteur des derniers chapitres, pour faire revivre ce chef d'oeuvre du patrimoine.
On nous avait laissé cette prophétie : vous récolterez ce qu'il a semé. Pour l'heure, le nez dans l'herbe fauché au beau milieu d'un dribble glorieux, ce n'est pas vraiment ça. Ca quoi? Le monde, disons. Depuis ce lendemain de Noël, sa définition a perdu en netteté. La preuve en est, lunettes ou pas, on n'y voit pas plus clair. Et quand Gyf qui fait son cinéma ajoute à la confusion en mettant dans le même sac un boulon et une cantate de Bach, du coup on nage en plein à peu près. Heureusement, il y a la belle Théo. Encore que Théo.
Ce deuxième roman de Jean Rouaud, paru fin 1996, reste dans la lignée de son premier ouvrage Les Champs d'honneur.