Littérature argumentative
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Ce livre, dont il avait corrigé le plan, est le dernier auquel Simenon se soit
intéressé. Il rassemble, de 1919 à 1966, la quasi-totalité des textes consacrés
à des auteurs admirés. Ils révèlent des dieux inattendus dans son panthéon
littéraire : du poète Paul Fort à l'humoriste Tristan Bernard, en passant par
le romancier exotique » Claude Farrère. Articles, articulets ou médaillons sont
aussi précieux pour comprendre la formation et la pensée de Simenon que le
texte de sa conférence de 1938 : L'Aventure est morte, ses entretiens avec les
médecins, la longue préface accordée à un obscur romancier norvégien. Quant au
Portrait-souvenir de Balzac (1960) écrit et dit par Simenon à la télévision, il
compose à l'insu de son auteur un étonnant portrait. Georges Simenon est né à
Liège le 13 février 1903. Après des études chez les jésuites, il devient, en
1919, apprenti pâtissier, puis commis de librairie, enfin reporter et
billettiste à La Gazette de Liège. Son premier roman, Au pont des Arches,
paraît en souscription en 1921. Il quitte alors Liège pour Paris. Il se marie
en 1923 avec « Tigy », et fait paraître des contes et des nouvelles dans
plusieurs journaux. Le roman d'une dactylo, son premier roman « populaire »,
paraît en 1924 sous pseudonyme. Jusqu'en 1930, il publie des contes, des
nouvelles et des romans chez différents éditeurs. En 1931, commencent les
enquêtes du commissaire Maigret... Les premiers films adaptés de l'oeuvre de
Georges Simenon sont tournés. Il partage sa vie entre l'écriture de romans,
voyages et reportages. Durant la guerre, il s'installe en Vendée où il encadre
des réfugiés belges à La Rochelle. En 1945, il émigre aux États-Unis. Après
avoir divorcé et s'être remarié avec Denyse Ouinet, il rentre en Europe et
s'installe définitivement en Suisse. La publication de ses oeuvres complètes (72
volumes) commence en 1967. Cinq ans plus tard, il annonce officiellement sa
décision de ne plus écrire de romans. Georges Simenon meurt à Lausanne en 1989.
« Simenon se découvre beaucoup d'affinités avec l'auteur de la Comédie humaine,
non seulement parce qu'ils étaient tous les deux des sortes d'éléphants, ou
bien des poids lourds du ring littéraire, mais parce qu'ils étaient possédés
par leurs créatures. [...] Aussi voraces que celles de Balzac, ses créatures
lui prenaient tout. Sa vie, son temps, ses sentiments, ses pensées. » François
Bott, Le Monde « L'idée fixe de Simenon fut, sa vie durant, « la recherche de
l'homme nu ». Le Portrait-souvenir de Balzac ainsi que l'ensemble de textes qui
composent cet ouvrage éponyme que Francis Lacassin a préfacé et mis en forme se
situe donc, logiquement, dans cette perspective. [...] Il y a ici, c'est vrai,
une connivence entre le créateur du commissaire Maigret et celui de la Comédie
humaine. Cette intimité n'est guère surprenante et il faut passer outre cet
aveu de Simenon qui affirmait n'avoir aucun point commun avec Balzac « sauf
peut-être l'abondance. [...] Dans de tels moments, on ne joue pas à l'homme de
lettres. Pas question de prendre ses distances. Simenon partage cela avec
Balzac. Leur matière c'est l'homme. Maints exemples d'une fraternité plus ou
moins lointaine remplissent cette biographie en creux. On finit de la lire en
se disant qu'à travers son sujet, c'est Simenon lui-même que Simenon a
raconté. » Olivier Bailly, Le Nouveau Quotidien de Lausanne « De Balzac - par
lequel Simenon se trahit lui aussi - en passant par Paul Fort, Jules Romains,
Cendrars ou MacOrlan, Simenon dresse son panthéon secret dans un étonnant
exercice d'admiration. » Nouvelle République du Centre Ouest « Des chroniques
acerbes qu'il écrivait, jeune journaliste, dans les années 20, aux textes mûris
de l'homme qui a vécu, voilà un recueil qui ne manquera pas de passionner tous
les vrais amateurs de celui qui a porté, loin dans le monde, le renom de la
Cité ardente. » Jean Jour, La Dernière Heure « Des pages désopilantes de
cruauté...écrites par un jeune homme de 16 ans sans complexes. Avec, en prime,
des études et des portraits des écrivains préférés du père de Maigret. » Sud
Ouest PAGE 1
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à la conquête de Tigy ; lettres inédites, 1921-1924
Georges Simenon
- Julliard
- 17 Janvier 1995
- 9782260008231
« Je suis prêt à tout pour te conquérir », écrivait le jeune Simenon à celle qui deviendra pendant cingt-cinq ans sa première épouse. Ces quelques deux cent soixante-dix lettres écrites de 1921 à 1924 (entre dix-huit et vingt et un ans) sont le roman d'une conquête parsemée d'obstacles. Conquête d'une épouse en attendant celle de la gloire. Avec un recul de soixante-dix ans, sont enfin éclairés les années obscures de l'un des écrivains les plus lus du monde. La rupture avec Liège, l'arrivée à Paris, où il travaille à la Ligue des chefs de section et des soldats combattants, les tentatives pour s'imposer dans le monde des journaux, l'art de vivre avec moins de 5,30 F par jour, les voyages avec le marquis de Tracy d'un château à l'autre. Voici surtout le révélation d'un Simenon inconnu, très différent de celui qui trouva la gloire comme observateur pudique et compréhensif du drame des autres. Un adolescent fougueux, héros de son propre drame, obstiné à vouloir épouser celle qu'il aime, et confirmant par son amour fou et son romantisme impatient ce qu'a dit le poète Du Lac au sujet des passionnés « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. »
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Tel l'artisan qui se pose des questions sur son métiers, ses origines, son évolution, sur son utilité ou sa noblesse, Georges Simenon s'est interrogé à plus d'une reprise sur les raisons profondes qui l'ont incité à écrire et sur la finalité de son art. Ce livre constitue précisément le fruit de sa réflexion dans lequel s'entremêlent quelques souvenirs littéraires particulièrement intéressants. Ces textes écrits entre 1945 et 1968 sont réunis aujourd'hui sous le beau titre: Le Roman de l'Homme et sont, pour la plupart, mis en vente en librairie pour la première fois. Grâce à ce livre de nombreux lecteurs vont découvrir un nouvel aspect de l'oeuvre de Georges Simenon. Avec un sens aigu de l'analyse et dans un style limpide, Georges Simenon tente d'élucider certains problèmes étranges de la création romanesque: quel rapport y a-t-il entre la littérature et la vie réelle? Comment sont nés les grands personnages de la littérature occidentale? Des questions essentielles qui, de tout temps, ont troublé nos écrivains et chroniqueurs littéraires. «Pendant des millénaires, des hommes ont fait la chaîne, génération après génération, pour composer un des plus beaux romans, le plus beau du monde peut-être, l'Ancien Testament. Combien de poètes anonymes ont usé leur vie afin de nous laisser, sous le seul nom d'Homère, des chants qui ne vieillissent pas? Il faudra à Virgile dix ans de réclusion pour écrire l'Enéide, et Dante a consacré plus de la moitié de son existence à la Divine Comédie. Sous tous cieux, sous tous les climats, sous tous les régimes, sous les tyrans et en république, des hommes se sont isolés, parfois exilés, lorsqu'ils n'ont pas risqué la mort pour satisfaire cet étrange besoin d'écrire. Combien de Balzac, de Dostoïevski se sont acharnés, nuit après nuit, dans des conditions à peine tolérables, à raconter des histoires aux hommes.»