Romans durs 1931-1934.
Premier volume de l'intégrale des « romans durs » de Georges Simenon, précédé d'un entretien du réalisateur Patrice Leconte avec Jacques Santamaria, scénariste de neuf adaptations de « romans durs ».
- C'est fini, j'arrête...
- Vous êtes fou ! Vous allez vous casser le nez en essayant d'écrire autre chose que du roman policier !
- Finissons-en avec Maigret. Je n'ai plus besoin de fil conducteur... Je pense pouvoir écrire maintenant un vrai roman...
Conversation entre Simenon et son éditeur Fayard [1933 ?] rapportée par le romancier dans son interview à Actualité-journal, n° 23, 1958.
- Qu'est-ce qui t'a marqué en découvrant Simenon et que tu as retenu au moment de l'adapter à l'écran ?
- C'est l'attention extrême qu'il porte aux petites gens. A ceux qui semblent n'avoir aucune histoire, et dont on va découvrir les secrets et les tourments. Ce qui intéresse Simenon, c'est l'humain. D'où la force de ses personnages. Ça, un cinéaste n'a pas intérêt à l'oublier.
Entretien du réalisateur Patrice Leconte avec Jacques Santamaria.
Romans 1934-1937.
Deuxième volume de l'intégrale des « romans durs » de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec Éric Neuhoff, critique de cinéma, auteur d'ouvrages de référence sur le 7e art.
« Ne pas pouvoir voir un homme sans se mettre à sa place, souffrir pour lui. [...] Avoir d'abord les hommes en soi (l'idéal serait de pouvoir dire tous les hommes), avoir vécu toutes leurs vies. Même en petit, souffert toutes leurs souffrances. J'en suis loin ! Avec le temps, je me rapprocherai de cet idéal. » Lettre de Simenon à André Gide, mi-janvier 1939.
La province de Simenon n'existe plus aujourd'hui, arasée par « la même chose partout ». Mais cette province, proche de celle de Balzac, c'est celle des secrets, de l'argent, des apparences qu'il faut sauver à tout prix, c'est celle des jalousies, de la solitude, des petitesses et des vantardises, des classes sociales qui s'affrontent, et parfois de l'amour qui vient tout changer.
Entretien du critique de cinéma et écrivain Eric Neuhoff avec Jacques Santamaria.
Romans 1937-1938.
Troisième volume de l'intégrale des « romans durs », selon l'expression du créateur du commissaire Maigret, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec Laurent Heynemann, réalisateur de l'adaptation de Ceux de la soif.
« C'est en allant aux Galapagos [que j'ai écrit] Ceux de la soif... Vous vous souvenez de l'histoire de cette Allemande, perdue dans l'archipel des Galapagos, et du mystère qui entourait cette singulière impératrice. C'était un trop beau roman pour que je n'y aille point voir. J'y suis parti en journaliste. J'en suis revenu en romancier. ».
Simenon à Richard Dupierreux, Le Soir, Bruxelles, 6 décembre 1936.
Clara Malraux avait connu tous les écrivains importants du XXe siècle. Un jour elle me demande : « Laurent, qu'est-ce que tu lis en ce moment ? » Je lui réponds que je lis Les Nourritures terrestres d'André Gide. Et elle se met en colère ! « Quoi ?! Gide ?! Si tu savais comme il s'est comporté quand j'ai divorcé de Malraux ! Tu ferais mieux de lire Simenon ! ».
Entretien du réalisateur Laurent Heynemann avec Jacques Santamaria.
Romans 1938-1941.
Quatrième volume de l'intégrale des "romans durs" de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria, scénariste de neuf adaptations de Simenon, avec Jacques Fansten, qui a réalisé, sous le titre Le Mouchoir de Joseph, en 1988, l'adaptation de Chez Krull.
« Pendant bientôt vingt ans - j'ai publié mon premier roman, Au pont des Arches, à seize ans et j'en aurai trente-six avant le printemps [...] -, j'ai cherché une vérité humaine au-delà de la psychologie, laquelle n'est qu'une vérité officielle, fausse comme une Semeuse de timbre poste, à la portée des bons élèves. ».
Projet de Prière d'insérer pour La Marie du port, 1938.
[...] comme il était prévu que tout changement de titre lui soit soumis, lorsque le producteur lui a fait savoir qu'au lieu de Chez Krull, nous souhaitions intituler le film Le Mouchoir de Joseph, Georges Simenon a répondu : « C'est un titre que j'aurais pu choisir. ».
Entretien du réalisateur Jacques Fansten avec Jacques Santamaria.
Neuvième volume de l'intégrale des «romans durs» de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec Serge Moati. Scénariste, écrivain, producteur, journaliste, il a réalisé de nombreux films, dont l'adaptation du roman Les Complices en 1999.
Romans 1953-1956.
« [Simenon] a cessé d'être un auteur de fiction policière, devenant un écrivain du "roman-crise". Les actes de violence dans ses romans n'étaient plus seulement des moyens de déclencher une provocante série d'explications. Ils sont, à ses yeux, la tragique conséquence du fait que, pour beaucoup d'hommes et de femmes, la vie est parfois, si ce n'est pas toujours, insupportable. Au moment de la crise, ils sont condamnés à s'affirmer eux-mêmes et, la société humaine étant ce qu'elle est, ils ne peuvent s'affirmer qu'à travers le meurtre, le viol, l'incendie, le suicide et tout le reste du catalogue criminel. [...] Dans des romans à la pression barométrique toujours en chute, le couteau toujours proche d'une ou l'autre gorge, il écrit, comme il le déclare, sur le fait que chaque homme se sent plus solitaire que quiconque dans l'implacabilité des jours qui se suivent. » Brendan Gill, Profiles, article paru dans The New Yorker du 24 janvier 1953.
Romans 1947-1949.
Septième volume de l'intégrale des « romans durs » de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec Nathalie Serrault. Scénariste, réalisatrice, comédienne, elle y évoque le rôle de son père dans Les Fantômes du chapelier de Claude Chabrol.
- Cette tendance à simplifier le roman, elle s'accorde avec votre désir de décrire l'homme nu ?
- Oui. L'homme habillé est l'homme tel qu'il se montre dans la société, tel qu'il voudrait être, ou tel qu'il voudrait être vu. Autrement dit, c'est un homme artificiel. Lorsqu'il a mis son habit, sa cravate, etc., il se sent tout différent, il est fier de lui. Tandis que quand il se rase devant son miroir, le matin, c'est un homme nu. Il n'a rien pour se soutenir lui-même, pour se donner des illusions. ».
Simenon interviewé par Eléonore Schraïber, 25 août 1971.
- Je sais que dans le jardin secret de Michel Serrault, il y avait la lecture. Où Simenon était bien placé.
- C'est vrai. Quand Chabrol lui a proposé Les Fantômes, papa n'a pas lu mais relu le roman. Et je revois sa réaction. Avec un petit sourire en coin, il a dit à maman et moi, en parlant du chapelier : « Il était fait pour moi, celui-là ! ».
Entretien de la comédienne et réalisatrice Nathalie Serrault avec Jacques Santamaria.
Onzième volume de l'intégrale des "romans durs" de Georges Simenon, précédé d'un entretien entre Jacques Santamaria et Cécile Maistre-Chabrol. Réalisatrice, scénariste, écrivain, elle a été la collaboratrice de son père dès 1986.
Romans 1961-1966.
« Le rôle du romancier est de montrer l'absolu qu'il poursuit. En tout cas, le faire sentir. Car cet absolu est quelquefois impossible à rendre avec des mots. Dans le roman tel que je le conçois, c'est la partie poésie, si je puis dire, qui peut rendre ce qui ne se rend pas par des phrases normales. La poésie existe vraiment dans le roman, c'est tout cet inexprimable, cette ambiance qui flotte autour des personnages qui rend la vérité. [...].
Expliquer moi-même mes personnages m'est impossible. J'écris parce que j'ai besoin d'écrire, à ce moment-là, j'ai besoin d'être avec des personnages à moi, uniquement de vivre pendant neuf, dix ou onze jours, dans une ambiance que je crée, avec des personnages que je crée et dont je m'imbibe... Je ne sais pas où ils vont me conduire. » Simenon interviewé par André Parinaud, diffusion sur la RTF, octobre 1955-janvier 1956.
Dixième volume de l'intégrale des "romans durs" de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec Pierre Assouline, biographe de Simenon, auteur d'adaptations pour le théâtre radiophonique de plusieurs de ses romans.
Romans parus entre 1956 et 1960.
Romans 1966-1972.
Douzième volume de l'intégrale des "romans durs" de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Florence Moncorgé-Gabin, fille de Jean Gabin, avec Jacques Santamaria, scénariste de neuf adaptations de "romans durs".
"[...] j'ai renoncé petit à petit au pittoresque. Au début, l'atmosphère avait une grande importance dans mes romans, mes personnages avaient toute une série de manies qui leur donnaient une personnalité bien déterminée. Maintenant, j'essaie presque que mes personnages soient neutres. Je prends n'importe qui, je voudrais presque que ce soient des prototypes. Au fond, c'est très prétentieux ce que je vais dire, j'essaie de me rapprocher de la tragédie antique".
"Simenon reçoit Henri Guillemin", Radio Télévision Culture, Liège, octobre 1970.
- On ne l'a pas dit, mais Simenon et Gabin étaient de la même génération. Le premier né en 1903, le second en 1904...
- C'est agréable de penser qu'ils se sont peut-être rencontrés bien avant les années 50. Georges Simenon est arrivé en France à la fin de l'année 1922, au moment où mon père faisait ses débuts dans des revues de music-hall. Sachant que Simenon fréquentait les théâtres, les cabarets, les music-halls, qui sait si le jeune homme de Liège n'a pas vu sur scène le jeune homme qui chantait des chansons légères et des airs d'opérette ?...
Entretien de la réalisatrice Florence Moncorgé-Gabin avec Jacques Santamaria.
Romans 1945-1947.
Sixième volume de l'intégrale des « romans durs » de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec Bernard Stora, qui a réalisé en 2001 l'adaptation de L'Aîné des Ferchaux.
« Après avoir écrit La Fuite de Monsieur Monde [...] j'ai eu nettement l'impression, et je l'ai encore, que je pouvais écrire le mot «Fin», qu'une période de ma vie était terminée et qu'une autre commençait. Ce qu'elle sera, ce qu'elle donnera, je suis encore incapable de le dire. » Lettre de Simenon à André Gide, 18 décembre 1944.
On pourrait dire que L'Aîné des Ferchaux, c'est le jeu du chat et de la souris entre deux personnages de générations différentes. Mais ce serait trop réducteur. Cette situation brasse en fait pas mal de thèmes, et des plus simenoniens : la fascination, la manipulation, la possession et la domination, la solitude, l'initiation.
Entretien du réalisateur Bernard Stora avec Jacques Santamaria.
Romans 1949-1952.
Huitième volume de l'intégrale des « romans durs » de Georges Simenon, précédé d'un entretien du réalisateur Jean Becker, qui a adapté Les Volets verts, avec Jacques Santamaria, scénariste de neuf adaptations de « romans durs ».
« Mon dernier roman Les Quatre Jours du pauvre homme, qui ne va pas tarder à paraître, m'a donné quelques satisfactions [...]. Je continue à fouiller la mine américaine, que je n'ai fait qu'effleurer - et bien mal, au risque de décevoir mes lecteurs - restant persuadé que je finirai par en sortir quelque chose. Peut-être ce qui me passionne le plus est le fait que nous avons ici le monde tel qu'il sera plus ou moins partout dans vingt ou dans cinquante ans, qu'on le veuille ou non. ».
Lettre de Simenon à André Gide, 6 octobre 1949.
Comme tous mes autres films, j'ai réalisé celui-là selon les principes que je tiens de mon père, et qui, je crois, servent bien Georges Simenon : ne s'intéresser qu'aux gens, qu'aux rapports humains. Et être immédiatement compréhensible.
Entretien du réalisateur Jean Becker avec Jacques Santamaria.
Romans 1941-1944.
Cinquième volume de l'intégrale des « romans durs » de Georges Simenon, précédé d'un entretien de Jacques Santamaria avec le président de l'Académicie Goncourt, Didier Decoin, dont le père, Henri Decoin, a réalisé l'adaptation de trois romans durs, Les Inconnus dans la maison, L'Homme de Londres et La Vérité sur Bébé Donge.
« Ce qui compte, n'est-ce pas que le roman, épuré, débarrassé de tout ce qui n'était pas son essence propre, devienne le moyen d'expression de notre époque comme la tragédie l'a été pour d'autres temps ? ».
Simenon, L'Age du roman, 1988.
René chevalier revient avec une amie, léa, dans sa ville natale qu'il a quittée vingt-cinq ans auparavant.
Les gens ne le reconnaissent pas. il erre dans les rues pendant plusieurs jours et léa ne comprend pas les raisons pour lesquelles il a voulu venir habiter cette ville. il se décide enfin à aller voir sa mère, sa tante et une jeune fille, marthe, qui a toujours été amoureuse de lui. il l'épouse, mais va chaque jour voir léa dont les moeurs faciles provoqueront un jour le drame inévitable.
Simenon entretenait avec le voyage un rapport ambivalent, sa mobilité et sa curiosité insatiables contrastant avec le caractère statique d'une oeuvre où l'homme apparaît partout le même et le monde fondamentalement sans surprise. C'est cette contradiction qu'explore Benoît Denis, en puisant dans les nombreux reportages que Simenon réalisa pour de grands quotidiens dans les années 1930. Entre 1931 et 1935, Simenon parcourt le monde sur un rythme effréné : l'Europe du Nord jusqu'au cercle polaire, l'Europe de l'Est, la Turquie, l'Amérique centrale, les Galapagos, Tahiti, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, Ceylan, et bien sûr l'Afrique noire, de l'Egypte au Congo belge. Il se déclare lui-même en quête non " pas de pittoresque, mais à la recherche des hommes ", avide d'" aller droit devant [lui], le nez au vent, à humer les odeurs, à écouter des bruits, à happer des bribes de conversation et à [se] remplir les yeux d'images ". Partout il saisit le réel, se l'approprie, prompt à dévoiler l'envers du décor, à repérer les signes d'un monde en crise et d'une civilisation occidentale en déclin. Les voyages ont en fait représenté pour l'écrivain l'étape préliminaire à l'élaboration d'une vision de l'homme qu'il développera dans son oeuvre romanesque. " Comme si seul la fiction était à même de surmonter la solitude radicale à laquelle condamne la rencontre de l'altérité ", remarque Benoît Denis. D'où peut-être le double contraste entre le regard froid et distant du reporter - au style néanmoins nerveux et émotif - et l'empathie réelle du romancier exprimée dans un style presque neutre. Les photos prises par Simenon, largement inédites, traduisent avec force la curiosité parfois impitoyable de son regard qui fouille, avide de retrouver partout " l'homme nu ".
Nouvelle édition en 1964
As you are well aware, we never loved each other in your lifetime. Both of us pretended.'' Simenon explores the complexity of parent child relationships and the bitterness of things left unsaid in this stark, confessional piece.Penguin Modern: fifty new books celebrating the pioneering spirit of the iconic Penguin Modern Classics series, with each one offering a concentrated hit of its contemporary, international flavour. Here are authors ranging from Kathy Acker to James Baldwin, Truman Capote to Stanislaw Lem and George Orwell to Shirley Jackson; essays radical and inspiring; poems moving and disturbing; stories surreal and fabulous; taking us from the deep South to modern Japan, New York''s underground scene to the farthest reaches of outer space.>
Tel l'artisan qui se pose des questions sur son métiers, ses origines, son évolution, sur son utilité ou sa noblesse, Georges Simenon s'est interrogé à plus d'une reprise sur les raisons profondes qui l'ont incité à écrire et sur la finalité de son art. Ce livre constitue précisément le fruit de sa réflexion dans lequel s'entremêlent quelques souvenirs littéraires particulièrement intéressants. Ces textes écrits entre 1945 et 1968 sont réunis aujourd'hui sous le beau titre: Le Roman de l'Homme et sont, pour la plupart, mis en vente en librairie pour la première fois. Grâce à ce livre de nombreux lecteurs vont découvrir un nouvel aspect de l'oeuvre de Georges Simenon. Avec un sens aigu de l'analyse et dans un style limpide, Georges Simenon tente d'élucider certains problèmes étranges de la création romanesque: quel rapport y a-t-il entre la littérature et la vie réelle? Comment sont nés les grands personnages de la littérature occidentale? Des questions essentielles qui, de tout temps, ont troublé nos écrivains et chroniqueurs littéraires. «Pendant des millénaires, des hommes ont fait la chaîne, génération après génération, pour composer un des plus beaux romans, le plus beau du monde peut-être, l'Ancien Testament. Combien de poètes anonymes ont usé leur vie afin de nous laisser, sous le seul nom d'Homère, des chants qui ne vieillissent pas? Il faudra à Virgile dix ans de réclusion pour écrire l'Enéide, et Dante a consacré plus de la moitié de son existence à la Divine Comédie. Sous tous cieux, sous tous les climats, sous tous les régimes, sous les tyrans et en république, des hommes se sont isolés, parfois exilés, lorsqu'ils n'ont pas risqué la mort pour satisfaire cet étrange besoin d'écrire. Combien de Balzac, de Dostoïevski se sont acharnés, nuit après nuit, dans des conditions à peine tolérables, à raconter des histoires aux hommes.»