Achevant le récit inauguré avec le lancelot en prose et poursuivi dans la quête du saint graal, la mort du roi arthur dit la fin des aventures au royaume de logres et la mort des héros de la table ronde.
Sombres temps que ces temps d'après graal marqués par la haine, le soupçon, la trahison. et que reste-t-il à accomplir aux chevaliers d'élite après galaad, qui a mené à bien la plus haute des aventures ? la violence se déchaîne et du coeur même de la communauté arthurienne vient le coup fatal: mordret, le fils incestueux d'arthur, se dresse contre son père à salesbières et tandis que leurs hommes s'exterminent, le père tue le fils et le fils blesse à mort le père.
Mais la mort du roi arthur comporte aussi sa part de lumière. a travers le personnage de lancelot, elle propose l'image d'un héros capable des plus hauts dépassements, réussissant jusqu'au bout à concilier l'inconciliable : son amour pour la reine et celui qu'il porte au roi, sa mort en odeur de sainteté et une absolue fidélité à son passé de chevalier et de fin amant. l'auteur construit une intrigue sans faille dans laquelle s'enchaînent méticuleusement événements et décisions qui mènent au désastre, tout en préservant, malgré la disparition des aventures, un halo de merveilleux en totale harmonie avec cette fin d'un monde et d'un rêve.
De la production littéraire du moyen age français, le lecteur moderne ne connaît guère que quelques noms et quelques oeuvres, la plupart justement célèbres. le pari de cette nouvelle collection est de leur donner une plus large diffusion en proposant des éditions remises à jour, assorties de traductions originales et de tout ce qui peut en faciliter la compréhension. mais il a paru tout aussi important d'associer à ces valeurs établies des oeuvres moins connues, souvent peu accessibles, capables cependant de susciter à leur tour le plaisir de la découverte.
Ce volume contient les oeuvres suivantes : Le Jugement de Renart - Le Siège de Maupertuis - Renart teinturier. Renart jongleur - Le Duel judiciaire - La Confession de Renart - Le Pèlerinage de Renart - Le Puits - Le Jambon enlevé. Renart et le grillon - L'Escondit - Les Vêpres de Tibert - Chantecler, Mésange et Tibert - Tibert et l'andouille - Tibert et les deux prêtres - Tiécelin. Le Viol d'Hersent - Renart et les anguilles - Pinçart le héron - Renart et Liétard - Renart et Primaut - Renart et Primaut - Renart le Noir - Renart médecin - Renart empereur - Le Partage des proies - La Mort de Renart. Les autres branches du «Roman de Renart» : La Mort de Renart (fin) - Isengrin et le prêtre Martin - Isengrin et la jument - Isengrin et les deux béliers - La Monstrance du cul - Comment Renart parfit le con - Renart magicien - Les Enfances de Renart - L'Andouille jouée au morpion. Autres écrits renardiens : Du noble lion ou La Compagnie de Renart - Philippe de Novare : Mémoires (extrait) - Récits d'un ménestrel de Reims : Exemple d'Isengrin et de la chèvre - Rutebeuf : Renart le bestourné. Sur Brichemer - Le Couronnement de Renart (vers 1675-2794) - Jean de Condé : Dit d'Entendement (vers 762-1075) - Dit de la queue de Renart. Édition publiée sous la direction d'Armand Strubel avec la collaboration de Roger Bellon, Dominique Boutet et Sylvie Lefèvre. Édition bilingue.
Chantefable du XIIIe siècle. Deuxième édition revue et complétée.
Sans doute composé vers 1160, le Roman d'Énéas est une « mise en roman », c'est-à-dire une traduction-adaptation de l'Énéide, parfois très fidèle et parfois remarquablement innovante. L'adaptateur, qui travaillait sans doute sur un manuscrit pourvu de gloses, peut-être pour la cour de Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre, conserve à l'oeuvre de Virgile son statut de récit de fondation, mais l'inscrit dans le monde médiéval tout en y introduisant ce qui est pour lui la quintessence du monde antique, à travers une série d'innovations : de somptueuses descriptions d'oeuvres d'art, de brefs récits mythologiques insérés, et un traitement très ovidien des amours de Didon, puis d'Énéas et de Lavine. L'amour de la science hérité des Anciens, sensible à travers une série de digressions savantes, débouche sur l'exposé d'une science de l'amour. L'auteur crée ainsi une oeuvre personnelle et originale où l'Antiquité est revue à travers le prisme du Moyen Âge, dans une volonté concertée d'adapter l'épopée virgilienne à la modernité de son temps. Le manuscrit A, qui est ici entièrement réédité et traduit, a conservé la forme la plus ancienne de cette adaptation.
Composé au début du XIIIe siècle, Merlin est une oeuvre pionnière. Premier roman en prose de la littérature française, il est aussi le premier à rapprocher le héros de la figure de l'auteur et à concevoir le récit à la fois comme une entité autonome et comme le point central de cycles romanesques plus vastes consacrés au Graal. Il donne à la chevalerie bretonne une mission nouvelle, la quête de ce vase sacré, symbole de rédemption. Il innove également en proposant une lecture cohérente et signifiante du personnage de Merlin, fils du diable sauvé par Dieu, puissant devin et magicien, conseiller des princes et prophète du Graal. Parmi la cinquantaine de manuscrits conservant ce texte et attestant de son succès à l'époque médiévale, le ms. A'-BnF 24394 était resté inédit jusqu'à présent. Éditée et traduite ici pour la première fois, cette copie remarquable permet de mieux mesurer les multiples richesses recélées par ce roman fondateur.
Dans la longue histoire de la fable, d'Ésope et Phèdre à La Fontaine, le Romulus de Nilant occupe une place unique. Probablement composé pour les écoles de la Renaissance carolingienne, ce recueil de fables latines est le meilleur représentant d'une tradition qui servit de socle à l'éducation pendant tout le Moyen Age. Son auteur s'est inspiré des récits frustes qui subsistaient à la fin de l'Antiquité pour composer un recueil dans une langue aussi classique qu'élégante. Son but : fournir à ses élèves un manuel de latin mais également d'initiation à la rhétorique.
Sous sa plume sont rassemblés aussi bien des classiques du genre comme Le corbeau et le renard que d'autres apologues tout aussi connus, qu'ils traitent de politique, fassent l'éloge de la liberté ou prennent des formes incongrues (L'homme enceint). Sa réussite se mesure à son influence : le Romulus de Nilant a été lui-même maintes fois imité et a notamment servi à la première mise en français du genre dans les Fables de Marie de France.
Parti à la recherche de la cour du Roi Pêcheur, où il a vu le Graal et la lance qui saigne, Perceval est entraîné dans une quête parallèle par une demoiselle qui exige la tête d'un Blanc Cerf en échange de son amour. Après bien des détours du côté de la féerie, Perceval retrouve le Château du Graal, où se pose la question d'une autre continuation du roman. Cette édition bilingue de la Deuxième Continuation du Conte du Graal donne accès à une nouvelle édition, accompagnée de sa traduction en français moderne, mais également aux passages les plus substantiels d'un manuscrit où ce texte était copié de manière indépendante. Il peut ainsi être lu aujourd'hui, comme il l'a été au Moyen Âge, avec ou sans le texte qu'il promettait de continuer.
Le Couronnement de Louis, composé entre 1131 et 1150, est la plus ancienne chanson de geste appartenant au Cycle de Guillaume d'Orange. Fondée en partie sur des données historiques mêlant des souvenirs carolingiens à des réalités et des rêves capétiens, cette oeuvre est un chastoiement politique, illustré par un guerrier exemplaire qui lutte obstinément contre les Sarrasins et les factieux, et défend, avec loyauté et abnégation, la Chrétienté et la monarchie héréditaire de droit divin, dont il garantit le principe, quelle que soit la personnalité du roi, aussi pusillanime soit-il.
Le poète possède le souffle épique mais il sait l'entrecouper par moments de répliques vives ou amusantes et de traits humoristiques ou burlesques. Le message convaincra d'autant plus l'auditoire chevaleresque que la chanson ne se borne pas à reprendre les techniques, les thèmes et les topiques traditionnels, mais innove en variant les tonalités et les scènes majestueuses ou légères. C'est la principale réussite du Couronnement de Louis qui ne manque pas de panache.
Cette première édition bilingue retranscrit et traduit le texte du manuscrit BnF fr. 1449, amendé seulement en cas de nécessité.
La chanson d'Aspremont, composée vers 1190 dans l'entourage de la cour de Messine est liée aux préparatifs de la troisième croisade. À travers le récit d'une lutte menée par Charlemagne et Girard de Vienne ou de Fraite contre une invasion sarrasine conduite jusqu'en Calabre par Agoulant et Eaumont, elle prône l'union de toutes les forces chrétiennes contre l'ennemi de la foi. Mais ce texte de propagande pour la croisade est aussi un récit original, oeuvre d'un poète féru de littérature épique : la Chanson de Roland, mais aussi les épopées des barons rebelles (Girart de Roussillon ou son modèle) et celles de la croisade (Antioche, Jérusalem) l'ont marqué sans le conduire à des imitations serviles. Le récit des enfances de Roland, la composition de certains personnages comme celui de Girard ou du païen Eaumont, montrent son habileté dans l'art de la transposition. Il était donc légitime de reprendre, plus de quatre-vingts ans après Louis Brandin, et d'après un manuscrit différent (BNF fr. 25529), l'édition de cette "chançon vaillant" et de l'accompagner d'une traduction.
Les deux récits les plus drôles du Moyen Âge.
Le Voyage de Charlemagne et Audigier sont les deux chansons de geste les plus drôles que nous a laissées le Moyen Âge.
Si le Voyage s'inscrit dans le parcours épique de Charlemagne, Audigier est plus proche de l'esprit du fabliau, mais, au-delà de leurs différences, la réunion de ces deux textes fait néanmoins sens : ils cultivent tous deux la brièveté, s'en prennent à des figures d'autorité et permettent de s'interroger sur les marges de ce haut genre par excellence qu'est la chanson de geste médiévale.
On trouvera ici, complétées par un important dossier de textes qui documentent la genèse et la postérité des deux récits jusqu'à nos jours, la première traduction d' Audigier en français moderne et la première présentation bilingue du Voyage de Charlemagne.
Peut-on récrire l'histoire d'Arthur afin que ses chevaliers ne finissent pas par s'entretuer dans la plaine de Salisbury oe C'est le défi que relève l'auteur de Claris et Laris en reprenant le mythe arthurien dans une grande fresque de trente mille octosyllabes aux multiples aventures chevaleresques, sentimentales et merveilleuses. Ses héros partent en quête de leur compagnon, non d'un Graal inaccessible. L'amitié qui les unit gagne l'ensemble des chevaliers de la Table Ronde redécouvrant à leur contact le sens des prouesses, du service et de l'entraide chevaleresques. Le roi Arthur remporte la guerre contre les Romains avant d'étendre ses conquêtes à d'autres pays où il instaure une ère de concorde universelle. Claris et Laris est un roman profondément optimiste qui chante la fidélité en amour comme en amitié et exalte la capacité des hommes à triompher seuls des obstacles. Le temps de ces trente mille vers, le poète veut croire à cette utopie, fixant dans l'écrit un mythe et une forme de littérature qu'il refuse de voir disparaître.
Composée en Angleterre à la fin du XIIe siècle, la chanson de Beuve de Hamptone raconte les tribulations d'un jeune héros orphelin vendu à un roi sarrasin par une mère dénaturée, et qui, à force d'exploits et de conquêtes, après avoir vengé le meurtre de son père et être rentré en possession de ses biens héréditaires, parvient à épouser une fille de roi et devient finalement roi lui-même d'un pays païen dont il a converti la population à la foi chrétienne. C'est l'un des plus anciens exemples de ces récits d'aventures échevelées, d'inspiration largement romanesque et folklorique, qui caractériseront les chansons de geste tardives. Cette histoire a connu un succès considérable, puisque, entre le XIIIe et le XVIe siècle, on en trouve au moins trois remaniements épiques et deux mises en prose en français continental, et des adaptations en vers comme en prose en moyen anglais, gallois, irlandais, norrois, néerlandais, italien, yiddish et même russe. C'est aussi un document de premier ordre pour l'étude du français tel qu'il était pratiqué à cette époque en Angleterre.
La présente édition, entièrement nouvelle, fournit en outre la première traduction de cette chanson en français moderne.
Longtemps oublié, le roman d'Amadas et Ydoine a connu une belle popularité au long du Moyen Âge : l'histoire d'amour qui unit les deux héros met en oeuvre de façon distanciée tous les motifs courtois et merveilleux du genre ; ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre, sont séparés dès que réunis, et sortent victorieux des pires épreuves, affrontant la folie et les fantômes. Le Moyen Âge sourit des histoires d'amour tragiques, et raconte avec ce roman un salutaire et ironique anti-Tristan.
Un enfant orphelin de père recueilli puis élevé par la fée Morgane en Sicile, la conquête de la fille de l'empereur byzantin par un chevalier chrétien, un amour réciproque entre deux jeunes coeurs d'égale valeur, tels sont les ingrédients essentiels du roman arthurien en vers Floriant et Florete.
Si l'on ajoute à cela une princesse tueuse de dragon et les chevaliers de la Table Ronde surgissant devant Palerme, l'on tient quelques-unes des composantes de ce roman écrit, sans doute, pendant le dernier tiers du XIIIe siècle. Face à cette débauche de péripéties, l'on peut s'étonner que cette oeuvre, qui recycle si habilement une tradition romanesque déjà plus que centenaire, n'ait pas attiré davantage les lecteurs.
Le présent livre fournit le texte de Floriant et Florete, accompagné de sa traduction en français moderne. Une introduction littéraire et linguistique, un glossaire et un index des noms propres, ainsi que de nombreuses notes éclairant le texte imprimé offrent tous les éléments nécessaires pour découvrir et comprendre cette oeuvre méconnue. De la production littéraire du Moyen Age français, le lecteur moderne ne connaît guère que quelques noms et quelques oeuvres, la plupart justement célèbres.
Le pari de cette nouvelle collection est de leur donner une plus large diffusion en proposant des éditions remises à jour, assorties de traductions originales et de tout ce qui peut en faciliter la compréhension. Mais il a paru tout aussi important d'associer à ces valeurs établies des oeuvres moins connues, souvent peu accessibles, capables cependant de susciter à leur tour le plaisir de la découverte.
première farce de la littérature française, le garçon et l'aveugle fut sans doute à l'origine une parade de foire qui mimait une scène de la vie quotidienne au xiiie siècle et qu'interprétaient deux jongleurs ; on
l'intégra ensuite à des mystères, à cause de ses exceptionnelles qualités théâtrales.
mais c'est aussi un précieux document sur la représentation de l'aveugle au moyen age : personnage comique, souvent vicieux, dont on se moque sans pitié et à qui l'on joue de mauvais tours, marginal tirant vers le bouffon par ses outrances, son accoutrement, sa démarche tâtonnante, sa faiblesse qui le prédispose à être victime des tromperies. l'aveugle est un être suspect qui passe pour expier une faute et que l'on
assimile à la masse des mendiants dont l'oisiveté, pour l'opinion publique, porte en germe tous les crimes.
La suite du Roman de Merlin, composée dans la première moitié du XIIIe siècle, est l'une des continuations du Merlin de Robert de Boron. On y voit Arthur apprendre le métier de roi, tandis que se mettent en place tous les éléments qui conduiront à la destruction de son royaume. Parallèlement, Merlin vit une histoire d'amour qui finit mal, et ce récit est aussi celui de sa mort. Toute entière orientée vers l'anéantissement du royaume de Logres, l'oeuvre, dont l'action commence un mois après le sacre d'Arthur et s'étend sur quelque vingt ans, semble avoir été composée pour donner du sens à cet événement. Ce faisant, elle éclaire le destin des empires, en le rapportant non à la fatalité mais aux libres choix des hommes.
Contrairement à une idée trop souvent reçue, la Chanson de Roland, la plus ancienne oeuvre littéraire de langue française, n'est pas restée figée, comme intouchable, aux yeux de la postérité. Elle s'est au contraire remarquablement adaptée au grand essor littéraire initié sous le règne de Louis VII qui atteint son épanouissement au temps de Philippe-Auguste. Tout en s'enrichissant de ce nouveau milieu historique, intellectuel et culturel et sans rien renier de son prestige, elle trouve naturellement sa place dans le vaste domaine épique qui se développe alors. Le manuscrit de Châteauroux, ici publié, est un témoin privilégié de cette belle évolution qui a incontestablement contribué au rayonnement de la Chanson de Roland.
Anseÿs de Gascogne est une chanson de geste composée au milieu du XIIIe siècle, vraisemblablement en Flandre francophone. Elle se propose implicitement (avec Yonnet de Metz et la Vengeance Fromondin) comme l'une des conclusions possibles de la Geste des Loherains, mais elle n'en respecte nullement l'intention, puisque les Lorrains y sont menés à leur perte. oeuvre d'un poète cultivé bien au fait des exigences formelles de la chanson de geste, elle intègre quelques développements non épiques (enchanteurs, légende du Bois de la Croix, etc.) - et laisse transparaître des intentions politiques en donnant la part belle au comte de Flandre et aux seigneurs du Nord au détriment du roi de France et des Lorrains.
Édition par Jean-Charles Herbin et Annie Triaud d'après le manuscrit Paris BNF fr. 24377 avec les variantes de tous les autres manuscrits.
Le Livre d'Yvain est un florilège arthurien qui est resté jusqu'à présent inédit. Il réunit sept épisodes emblématiques qui illustrent les prouesses d'Yvain, des quêteurs du Graal, de Palamède, de Gauvain, du Chevalier à la Cotte Maltaillée, de Tristan et de Lancelot. Cette série d'exploits héroïques s'ouvre par le seul fragment connu d'une mise en prose d'Yvain ou le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes. Composé en langue française, probablement en Italie à la fin du XIIIe siècle, Le Livre d'Yvain est actuellement conservé par un seul manuscrit, à la National Library of Wales (ms. Aberystwyth, National Library of Wales, 444D).