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Alexis Carrel
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Les pages qui suivent méritent un avertissement au lecteur contemporain. Bien qu'elles furent écrites par l'une des grandes figures de l'histoire des sciences occidentales, lauréat du Prix Nobel de Médecine en 1912, l'idéologie que cet ouvrage sous-tend par certains de ses aspects doit aujourd'hui, de façon tout à fait légitime et sans aucun détour, être pointée du doigt et remise en cause. Alexis Carrel y défend en effet l'eugénisme et plus généralement une vision racialiste de l'évolution humaine qui n'est plus acceptable. À une époque où le racisme n'était pas un délit et faisait l'objet d'un large consensus, y compris dans les cénacles intellectuels, les scientifiques ont reproduit le préjugé selon lequel un individu déviant socialement qu'il soit jugé fou, délinquant ou nuisible à la société ne pouvait être qu'un individu anormal biologiquement. Ce postulat eut des conséquences très graves avec notamment la mise en place au début du XXème siècle aux États-Unis d'une politique de stérilisation massive des déviants. Encore plus tragique, l'Allemagne nazie, dans son entreprise de « purification ethnique » pratiqua l'euthanasie de centaines de milliers de délinquants, malades mentaux, prostituées et clochards.
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Depuis des années, le bois de boulogne n'est plus seulement ce lieu où des enfants rieurs jouent avec leurs parents, les jours de congés. c'est aussi cet endroit où d'autres enfants, à peine plus âgés, sont saisis dans la lumière blafarde des phares, chairs glacées, traquées par des automobilistes qui sont peut-être, aussi, des pères de famille. alexis a parcouru le chemin qui mène de ce bois de boulogne à cet autre bois de boulogne, du jardin à l'enfer. a peine rescapé de l'horreur, il a voulu témoigner. ce livre est le récit exact du parcours qui peut mener, en quelques années, un petit provincial comme les autres, de la banalité de quelques escapades buissonnières, à la prostitution jusqu'en ses formes les plus sordides. c'est aussi la preuve que rien n'est jamais perdu quand il s'agit de l'homme. aujourd'hui, blessé encore, mais sauvé, alexis accompagne dans leur chemin de croix ceux de ses anciens compagnons de misère à qui le sida laisse un répit.
Ce livre choquera sans doute, mais ce qui est surtout choquant, ce n'est pas la vérité, c'est la complaisance et le silence. c'est aujourd'hui, à notre porte, qu'on viole nos enfants, leurs corps, leurs consciences. la monstruosité de ce qui se passe là et se termine le plus souvent dans l'overdose, la folie ou le sida, ne sont pas le partage de jeunes pervers et de clients désaxés. c'est le signal d'une société qui tolère les minitels roses, affichés jusque dans les métros. alexis le dit et il a payé suffisamment cher pour qu'on l'entende.
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